Environ une soixantaine de personnes handicapées ont organisé, le mercredi dernier, un sit-in non autorisé devant le ministère du Travail et de la Fonction publique. Une manière pour eux de mettre la pression sur le chef de ce département afin de faire recruter à titre exceptionnel dans la fonction publique 300 des leurs.
L’atmosphère était tendue mercredi dernier devant le ministère du Travail et de la Fonction publique. Avec tambours et pancartes, des personnes en situation d’handicap avaient investi la devanture dudit département ministériel afin de réclamer le recrutement à titre exceptionnel dans la Fonction publique de 300 personnes membres de leur association. Ainsi, sur les pancartes pouvait-on lire : “Rien que du travail”, ou “nous sommes des handicapés et non incapables”. La ministre Mme Diarra Racky Talla qui se trouvait en séance de travail avec un autre collègue ministre, ayant appris cette manifestation soudaine devant ses bureaux, a écourté la réunion pour prendre langue avec ses visiteurs.
Aussitôt dans l’enceinte de son Département, en compagnie de son garde du corps, elle s’est dirigée vers les manifestants qui étaient en face des locaux pour s’adresser à eux en ces termes : “Vous n’avez pas besoin de faire ça. Ici, c’est chez vous. Même si vous êtes 100 personnes, venez sans rendez-vous je suis prête à vous recevoir. Je vous ai reçus à plusieurs reprises à titre individuel et collectif. Le plus souvent, quand on m’annonce que certains d’entre vous ont besoin de moi, je descends de mon bureau pour vous accueillir, donc je suis vraiment surprise que vous procédiez ainsi” a déclaré la Ministre aux manifestants, avant d’aller recevoir une délégation de 5 des leurs dans la salle de conférence.
Le porte-parole des personnes en situation d’handicap, Drissa Diarra, avant de dévoiler leurs doléances, a justifié ce sit-in par le fait que leur délégation avait auparavant cherché une audience avec la Ministre en vain. Aussitôt, Mme Diarra Raky Talla de répliquer en demandant quand ont-ils cherché à la voir : “Quand est-ce et à qui avez- vous adressé le courrier ? Donnez tous les détails car aussitôt après cette réunion, si je trouve qu’il y avait un courrier d’audience, je vais sanctionner car tous les jours que Dieu fait, toutes les demandes d’audience sont lues par le ministre du Travail et de la Fonction publique” a-t-elle précisé. Aussitôt, le porte-parole reconnait, qu’effectivement, il n’avait pas adressé de courrier. Ce chapitre étant clos, il est passé directement à leurs revendications.
“Lorsque que nous vous avons rencontrée ici, nous avons parlé de la liste de 70 personnes que l’ex Premier ministre, Mariam Kaïdama Sidibé, avait pris l’engagement d’intégrer dans la Fonction publique. Suite à la suspension de la mesure de recrutement à titre exceptionnel, le nombre de diplômés sans emploi ne cesse de s’accroitre. Et au cours de la même rencontre, vous avez aussi parlé de l’élaboration d’un projet de loi en cours pour un système de quota de 5% pour les personnes en situation d’handicap. Après le dernier concours en 2016, nous n’avons rien vu par rapport aux 5 %, même si certains ont été recrutés à titre exceptionnel. Ce n’est pas tout. Nous avons aussi demandé de prendre des dispositions pour nos membres dont les profils ne sont pas demandés dans la Fonction publique. A ce sujet, rien n’a été fait. Vous en savez plus” a précisé Drissa Diarra
Un autre porte-parole a révélé que suite à la suspension de la mesure de recrutement, cette liste est passée de nos jours de 70 à 300 personnes.
En guise de réponse, la Ministre a énuméré les efforts faits par son département pour la prise en compte des préoccupations des personnes en situation de handicap qui, selon elle, sont des priorités du gouvernement et du président de la République.
“Tous les engagements que j’ai pris avec vous ont été mis en œuvre. La commission interministérielle, développement social, Travail, Fonction publique et Finance a été mise sur place et une communication verbale a été faite en conseil des ministres par rapport au quota que j’ai fait passer de 1 à 5% en 2016″ a souligné le ministre du Travail. Elle a par contre regretté que même le quota de 1 % n’a jamais été pourvu de 2012 à 2016. Ce, en terme de dépôt de dossier, seulement. C’est pourquoi, a-t-elle poursuivi, il a été demandé au ministère du Développement social de réunir leurs dossiers afin de les transmettre.
“Suite à cela, en 2016, nous avons eu un nombre consistant de dossiers. Nous avons respecté nos engagements par rapport au quota. Cette année, nous avons pris les mêmes dispositions, nous allons repêcher, mais nous ne pourrons pas repêcher des gens qui ont 3 ou O moyenne” a prévenu la Ministre. Tout ceci, pour expliquer les raisons pour lesquelles les personnes en situation de handicap n’ont pas atteint l’année dernière le quota des 5%.
“En ce qui concerne la liste des 70, nous n’avons pas d’objection particulière, mais cette intégration se fera dans la plus grande transparence avec des tests et sans faux diplômes. Soyez en rassurés !” a souligné la ministre du Travail et de la Fonction publique. Pour ce qui est des 300 autres personnes réclamées par ces manifestants, elle a été catégorique en soulignant qu’elle n’est pas au courant et qu’elle n’a pas reçu d’instruction en la matière.
Enfin, dans son intervention, Mme Racky Talla a informé ses visiteurs que les profils évoqués par les handicapés, notamment les professeurs d’anglais qui ne sont pas recrutés dans la Fonction publique de l’Etat sont pris en compte par la Fonction publique des collectivités. A cet égard, elle a demandé aux manifestants de faire confiance à l’Etat qui est en train de travailler d’arrache-pied pour l’amélioration de leurs conditions de vie.
Avec ces différentes explications, certains manifestants ont mis de l’eau dans leur vin. Par contre, d’autres soutiennent qu’ils ne veulent rien entendre si ce n’est le recrutement de ces 300 autres personnes.
Kassoum THERA
Source: Aujourd’hui-Mali