Pour l’ex-président du Nigeria, une exploitation raisonnée des ressources naturelles du continent permettrait d’accélérer son développement économique sans freiner ses objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre.
L’Afrique est de plus en plus touchée par les catastrophes naturelles dont la gravité et la fréquence sont appelées à croître. Bien que le continent ne contribue que marginalement aux émissions mondiales de gaz à effet de serre (environ 4 %), le changement climatique agit comme un multiplicateur de risques, amplifiant l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes d’une part et leur imprévisibilité d’autre part.
Les réalités changeantes du climat en Afrique et les perspectives connues à ce jour démontrent que le continent est l’une des régions du monde les plus vulnérables face au risque climatique. Par ailleurs, 600 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à l’électricité. Cette situation deviendra de plus en plus préoccupante alors que le continent s’apprête à doubler sa population d’ici à 2050. Les défis sont donc considérables. Pourtant, l’Afrique se trouve largement sous-financée, tant pour la réduction des effets du réchauffement climatique que pour l’adaptation aux bouleversements à venir.
40 % des revenus potentiels
Selon le groupe de recherche international à but non lucratif Climate Policy Initiative, les besoins de l’Afrique pour financer des projets structurants permettant au continent de s’adapter au dérèglement climatique et de s’engager dans la transition énergétique s’élèveraient à 250 milliards de dollars par an sur la période 2020-2030. Cette manne financière est à la fois considérable et indispensable.
Dans cette course au financement de la transition énergétique, l’Afrique regorge de ressources telles que les métaux rares que sont le lithium ou le cuivre et dispose de ressources traditionnelles comme le pétrole et le gaz. D’après la Banque mondiale, les pays africains n’engrangent en moyenne aujourd’hui que 40 % des revenus qu’ils pourraient potentiellement tirer de l’ensemble de leurs ressources naturelles.
Les ressources pétrolières gazières et minérales, adossées à une gouvernance exemplaire, seront donc essentielles au développement économique de l’Afrique dans les années à venir. Ils seront également des catalyseurs de création d’emplois pour une jeunesse africaine de plus en plus nombreuse.
Des ressources renouvelables sous-exploitées
Au-delà de l’enjeu de la souveraineté du continent à pouvoir utiliser ses ressources naturelles et mener son développement économique, ce sont les défis de l’adaptation au changement climatique et de la transition énergétique qui sont aujourd’hui les plus pressants. En utilisant ses ressources hydrique, solaire et géothermique, l’Afrique peut développer un potentiel d’énergies renouvelables qui permettrait de couvrir 2 000 fois sa consommation actuelle et de répondre aux besoins des populations. Aujourd’hui, ce potentiel n’est utilisé qu’à hauteur de 10 à 15 %. C’est, une fois encore, trop peu.
L’Afrique dispose également d’un formidable potentiel de production d’hydrogène vert. Selon la Banque européenne d’investissement, le continent pourrait produire 50 millions de tonnes de cette source d’énergie d’ici à 2035 et ainsi accélérer sa croissance économique (investissement significatif dans les infrastructures, et création d’un nombre important d’emplois) tout en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre de 40 %.
Empêcher le continent africain d’utiliser ses ressources minérales et fossiles au nom d’un changement climatique dont il n’est pas responsable n’est donc pas la voie appropriée. Il semble plus pertinent d’œuvrer à une utilisation responsable de ces ressources, aujourd’hui indispensables pour lutter contre la pauvreté et faire face aux défis posés par la démographie.
Ambition et volontarisme
Ainsi, même si l’obstacle majeur de l’insuffisance des financements demeure, il est essentiel d’accompagner le continent, avec ambition et volontarisme, sur la voie de la transition énergétique. Le droit de l’Afrique à se développer de manière souveraine et indépendante, y compris via l’extraction de ses ressources naturelles, est compatible avec la lutte contre le changement climatique. L’un ne s’oppose pas à l’autre.
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