Sur le coup, ce fut une belle inspiration que de ne retenir que le chant en langue locale, n’en déplaise aux fougueux défenseurs d’une territorialité linguistique diverse. C’est un premier pas vers une imprégnation des politiques maliennes de l’importance de garder ce contact linguistique avec les administrés. Il ne s’agit pas de faire de la langue un instrument des coups d’éclats d’une autorité politique face à la France ou encore la Communauté internationale. Il s’agit d’en faire un fondement de cette refondation tant vantée par les tenants de la rectification de la trajectoire de la transition.
Rapidement, il importe de refuser de fermer les yeux sur les incohérences du discours actuel et l’inaction stratégique. Les Assises de la refondation, tout comme le Dialogue national, ont fait de la question de la langue un point déterminant de reconstruction de la Nation malienne mais depuis lors aucune mesure concrète n’est prise dans ce sens. Les porteurs d’une véritable réforme pour une souveraineté linguistique attendent que la loi sur la politique linguistique du Mali. D’autres appellent à une révision de la Constitution pour y mettre en bonne place la langue nationale.
Que font nos médias pour soutenir l’effort intense de l’école malienne pour l’enseignement en langue nationale avec le système du multilinguisme convivial ? Que font nos administrations (la justice par exemple) pour rapprocher le citoyen de ces services via sa langue ? Au-delà d’un populisme béat, qui s’exprime dans une Novlangue, inconnue de nos populations, jusqu’à ce qu’il s’agisse de combattre la France, il est urgent de repenser la question des langues locales face au dynamisme du soft power français, anglais et même arabe.
Mami Adiawiakoye