Cest le cafouillage et la cacophonie chez les gouvernants. Moult promesses sont faites pour freiner lardeur des manifestants. Est-ce déjà le compte à rebours pour le gouvernement ? Lheure est en tout cas grave
Sale temps pour le gouvernement Boubou Cissé face à une jeunesse révoltée qui, en signe de protestation contre létat calamiteux des routes, érige des barricades sur plusieurs artères menant à plusieurs capitales régionales. Kati, Kayes Kolokani, Didiéni avaient donné le ton, puis Tombouctou, Gao et Ménaka leur ont emboité le pas pour réclamer des routes et plus de justice sociale.
La route Bamako-Kati-Kayes pour aboutir à Dakar est hautement stratégique pour notre pays. Et cest la raison pour laquelle rétablir le trafic sur cette route poumon de notre économie et de notre commerce est une priorité.
Cest la raison pour laquelle dès lentame des barricades, le gouvernement a tout mis en uvre pour rapprocher et dissuader les jeunes qui avaient une seule exigence et un seul mot dordre : le démarrage des travaux de réhabilitation de laxe routier Kati-Kayes en passant par Kolokani, Didiéni et Diéma.
Convoqués à la Primature, la rencontre avec le Premier ministre Boubou Cissé na pas donné une réponse satisfaisante aux jeunes manifestants, car le chef du gouvernement ne disposait daucune proposition concrète encore moins schéma de sortie de crise. Pour les représentants de lassociation « Sirako », le gouvernement, à travers son Premier ministre, na aucune volonté à trouver une solution au problème.
Remontés, les jeunes maintiennent les barricades. Et le Premier ministre avant de prendre congé deux leur lance à leur face : « Le gouvernement sassumera et prendra ses responsabilités ». Echec dun premier round des négociations. Les jeunes se sont ceints les reins pour faire aboutir leurs revendications légitimes avec les bénédictions des anciens de toutes les localités concernées.
La situation se corse, les barricades se renforcent et les soutiens aussi. Voyant les difficultés à voir une issue heureuse, lami de la junte, le directeur général de la sécurité dEtat le général Moussa Diawara vient dans le débat en invité surprise et rencontre les jeunes protestataires, des jeunes à lui selon nos informations.
Après moult tractations il parvint à les convaincre. Très en verve, le directeur de la sécurité dEtat annonce avoir obtenu des jeunes la levée des barricades et annonce du coup la date de démarrage des travaux de réhabilitation de la route pour le 20 du mois de septembre. Est-ce à dire que quand le PM rencontre des écueils, la Sécurité dEtat est-elle capable de lever les obstacles ?
Cest la compréhension de beaucoup de Maliens qui ont suivi cette actualité brûlante les semaines passées. Après un temps de silence voilà Boubou qui réapparait et qui reprend un dossier quil na pu gérer aux heures chaudes. Dossier résolu grâce à la promptitude du général Moussa Diawara qui, selon les informations, avait lordre du président de la République. Ayant repris la chose en main, le Premier ministre annonce lui aussi une date cette fois-ci plus proche. Et déjà les travaux démarrent à Kati sous un tonnerre dapplaudissements.
Les barricades des différentes localités traversées par la route ont créé lémoi dans les milieux daffaires et dans les pays limitrophes. Ces barricades ont été révélateur des dysfonctionnements graves et des insuffisances de lattelage gouvernemental. Dans le traitement du dossier, le Premier ministre en ces temps agités a eu de la frayeur et des approximations en montant en première ligne et en ignorant le ministre en charge du dossier des routes. Boubou devait laisser le ministre soccuper du dossier et faire larbitrage en cas de difficulté. Cest ça le rôle dun Premier ministre si lon se réfère aux actes posés par les Premiers ministres qui ont une longue expérience de ladministration dEtat.
Le voyage du Premier ministre en région de Kayes lui a permis de mesurer létat piteux de la route. Au cours de sa tournée, il a trouvé le mot juste pour qualifier la route Kati, Kolokani, Didiéni, Kayes : « Cest inhumain » ! Cinq heures de temps pour rallier Didiéni qui est à 175 km de Bamako. Lautre calvaire dont le Premier ministre a été témoin lors de cette tournée cest le tronçon Bafoulabé-Kita.
Une cause nationale
Les échos de Kayes ont retenti dans tout le Mali et de nombreuses localités très affligées par létat déplorable des routes sont sorties pour manifester leur colère. Cest le cas de Tombouctou, Gao, Ménaka et Missabougou et Banconi Mékin-Sikoro et la Capitale du Banimonotié vont rentrer dans la danse.
Tombouctou a fait un blocus total de toutes les issues pour réclamer la reprise sans condition des travaux de réhabilitation de la route reliant Tombouctou aux autres localités. Ces manifestations à Tombouctou sexpliquent par le fait que le Premier ministre aurait dit lors de sa rencontre avec les jeunes de Kati et de Kayes quil a demandé à lentreprise Satom de quitter Goma-Coura pour soccuper de la route Kayes-Kati. Toute chose qui a suscité la colère des populations. Une délégation ministérielle sest rendue sur les lieux pour tenter dapporter des solutions.
A Ménaka, nouvelle région, les jeunes sont sortis pour exprimer leur colère face à la situation. Ils ont fait un sit-in pour exiger de lEtat la satisfaction de leurs doléances consignées dans une lettre adressée au Premier ministre Boubou Cissé. Au nombre des revendications figure la route, la fin de linsécurité, le manque de médicaments et de personnel dans les structures sanitaires.
A Gao, lassociation des jeunes, les femmes et la société civile ont fait un sit-in le mercredi dernier devant le gouvernorat pour dénoncer le mauvais état de la route Gao-Sévaré et aussi linsécurité quasi-permanente sur le tronçon Mopti-Gao.
Face à ces mouvements le gouvernement a dépêché des ministres sur le terrain pour tenter de convaincre les jeunes. Cest ainsi que les ministres ont signé un protocole dentente avec les jeunes manifestants tant de Tombouctou que des autres localités du septentrion. Le gouvernement sest engagé à reprendre les travaux à des dates convenues avec les jeunes. Le collectif Tombouctou a accepté de lever toutes les restrictions sur les routes dans la Cité des 333 saints. Aussi ils vont participer à la sensibilisation afin que la sécurité revienne.
Les mêmes missionnaires ont rallié Gao avec comme seul objectif faire comprendre aux manifestants que toutes les localités du pays bénéficient dune égale considération de la part des autorités. Là aussi un document a été signé. Missabougou, Banconi et Sikoroni dans la capitale connaissent le calvaire des routes.
La grogne des routes devra se poursuivre dans les jours voire les semaines à venir avec lentrée en scène de Bougouni. Certaines des routes ont eu un financement bien avant la chute du régime. Lon se demande où sont passés les fonds des routes dont le financement était acquis. Ce qui est sûr les Maliens et principalement la jeunesse ont compris que « chacun doit faire valoir ses droits ».
La léthargie ne pourrait nous sortir du bourbier, il faut envahir les routes sans faiblir cest à cette seule condition que lEtat sera regardant sur les problèmes que vivent les populations.
Ibrahima A. Tiocary Fulany Printemps
Source : ÉchosMédias