Environ 300 à 400 mercenaires russes sont déployés dans le centre du Mali, a déclaré un responsable du ministère français des Armées, rejetant ainsi les affirmations de la junte militaire au pouvoir à Bamako selon lesquelles seuls des instructeurs militaires russes se trouvent sur place.
La volonté des militaires maliens de retarder l’organisation d’élections après leur coup d’Etat de 2020 a conduit dimanche les pays membres de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) à fermer leurs frontières avec le Mali et à suspendre leurs relations diplomatiques et commerciales avec le pays.
Ces sanctions ont aussi été décidées en réaction à l’arrivée sur le sol malien de membres de la société de sécurité privée russe Wagner, composée pour l’essentiel d’anciens militaires.
“Je dirais qu’il y a environ 300-400 membres de Wagner et il y a aussi des instructeurs russes, qui fournissent des équipements”, a dit le responsable français à des journalistes lundi soir.
S’exprimant sous le sceau de l’anonymat, ce responsable a ajouté que les mercenaires russes s’étaient déployés aux côtés de l’armée malienne dans le centre du pays.
La junte malienne, qui a proposé une période de transition de cinq ans à la place du transfert du pouvoir initialement prévu via des élections en février prochain, affirme que ces forces nouvellement présentes au Mali sont des instructeurs militaires venus avec des équipements achetés à la Russie.
L’Union européenne a imposé des sanctions au groupe Wagner, qu’elle accuse de mener des opérations clandestines pour le compte de la Russie. Le président russe Vladimir Poutine dément tout lien entre cette société et l’Etat russe mais juge que des groupes paramilitaires privés peuvent agir à travers le monde dès lors qu’ils respectent le droit russe.
Même si elle a revu son dispositif dans la région, la France compte plusieurs milliers de soldats engagés dans la lutte contre les islamistes armés au Sahel. Avec 15 autres pays, essentiellement des pays européens également engagés au Mali, elle a condamné en décembre la possible arrivée de mercenaires dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.
Paris a déclaré qu’un tel déploiement serait incompatible avec la présence française au Mali.
“Le fait que Wagner se trouve dans une partie différente du Mali limite le risque d’interaction qui serait très difficile (pour nous) à accepter”, a dit le responsable français. “(La junte a) fait le choix de tourner le dos aux Européens, aux Américains et aux Africains et cela amène des conséquences.”
Des consultations sont en cours entre la France et ses partenaires européens ayant fourni des forces spéciales au Mali, a poursuivi ce responsable, selon lequel des décisions seront probablement prises fin janvier au niveau de l’Union européenne.
(Reportage John Irish, version française Bertrand Boucey, édité par Blandine Hénault)
Source : La Tribune