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La communauté internationale, dont l’ONU et la France, s’enlise au Mali car elle s’adapte mal au contexte Malien, ne met pas assez de moyens pour garantir la paix, la sécurité et le développement ET elle n’assume pas efficacement ses rôles : Ses forces, entre autres, la MINUSMA et BARKHANE, doivent être proactives et mobiles

Lettre ouverte en ligne adressée au Président du Mali, au Premier Ministre, au Président de l’assemblée nationale du Mali, au Haut Représentant du Président de la République pour la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, au CSA, au Ministre des droits de l’Homme et de la réforme de l’état, au Ministre de l’administration territoriale et décentralisation, au Ministre de la réconciliation nationale, au Ministre de la défense, au Ministre de la sécurité et de la protection civile, au CNCA, aux partis politiques, aux groupes armés et d’autodéfense, aux régions incluant le district de Bamako et aux communes du Mali, aux notabilités de Bamako, du Mali et aux religieux du Mali, à tous les Maliens, à tous les Partenaires (ONU/MINUSMA, BARKHANE, …), au G5 Sahel et aux médias.

Nous remercions la communauté internationale pour l’aide et l’appui apportés au Mali mais ils sont insuffisants, mal organisés et mal gérés, pour preuves, entre autres, elle s’enlise au Mali sans avoir apportée une solution efficace et durable à la dramatique dégradation de la situation sécuritaire et pour l’établissement d’une paix, d’une réconciliation et d’un développement durables au Mali.

 

La communauté internationale, dont l’ONU et la France, s’enlise au Mali car elle s’adapte mal au contexte Malien, ne met pas assez de moyens pour garantir la paix, la sécurité et le développement ET elle n’assume pas efficacement ses rôles.

 

Compte-tenu du contexte Malien (mauvaises gouvernance,  organisation et occupation du terrain sur un vaste territoire, insécurité croissante, embrasement généralisé, guerre asymétrique menée par les terroristes, …) et ne mettant pas assez de moyens pour l’opérationnalisation complète et efficace de leurs forces, pour assurer efficacement sa mission multidimensionnelle, les forces de la communauté internationale, dont la force de la MINUSMA et BARKHANE, doivent être PROACTIVES (anticiper sur les menaces, s’adapter et planifier les opérations idoines en conséquence) et MOBILES.

 

Dans le journal “Le monde”  et dans l’indicateur du renouveau du 21 Novembre 2017, le Général Bruno Guibert, Commandant de BARKHANE, disait que la force Barkhane doit changer sa stratégie non adaptée à la guerre asymétrique et à la tactique de guérilla utilisée par les djihadistes,  en effet, l’ennemi est beaucoup plus dilué, il a adapté ses actions, et nous avons du mal à identifier des katibas (groupes armés) réduites à une dizaine de combattants.

 

Les forces de la MINUSMA et Barkhane doivent, donc, adapter leurs stratégies et être proactives et mobiles.

 

COMMENT Y ARRIVER ?

 

Je propose que la MINUSMA et BARKHANE s’appuient et aident à la mise en place du front sécuritaire uni proactif que je propose dans cette lettre ouverte au point 5.

 

J’avais proposé un tel FRONT SECURITAIRE UNI PROACTIF depuis le 19 Novembre 2017 à travers une lettre ouverte en ligne adressée au Président IBK, aux Maliens et aux partenaires (MINUSMA, BARKHANE, …).

 

Déjà dans le discours du nouvel an 2018, du Président Malien IBK, il avait proposé des éléments d’un tel front uni, de même que dans son allocution, suite à l’attaque terroriste à Boni (région de Mopti au Mali) et à son déplacement dans cette localité, dans laquelle il a annoncé qu’un front uni national sera formé.

 

Je propose au point 5 les détails pour mettre en place, en collaboration avec nos partenaires (MINUSMA/ONU, BARKHANE, …), un tel front, qui doit être proactif et inclusif.

 

Vous trouverez dans cette lettre ouverte les éléments suivants :

– La MINUSMA n’a pas assez de moyens pour l’opérationnalisation complète et efficace de sa force,

 

– DDR, MOC et Procédure efficace de (ré) insertion/(ré)intégration des membres des mouvements armés et d’autodéfense Maliens,

 

– Insuffisance des sanctions aux seules parties prenantes et nécessité que les acteurs et les membres de la  communauté internationale supportant l’accord de paix snt à équidistance des parties prenantes à cet accord,

 

– Interview de Dr Anasser Ag Rhissa par MaliActu sur la recrudescence des attaques terroristes, l’insécurité grandissante au Mali et les rôles des FAMAs, Barkhane et Minusma,

 

– Proposition d’un Front sécuritaire uni proactif contre l’Insécurité, le Terrorisme et le Trafic de tout genre et Sécurisation du MOC et du DDR,

 

– Conclusion.

 

  1. La MINUSMA n’a pas assez de moyens pour l’opérationnalisation complète et efficace de sa force

 

Comme l’a dit le Général, Jean Paul Deconinck, Commandant de la force de la MINUSMA au Mali, lors du point de presse de la MINUSMA de janvier 2018 : En juin 2016 , le conseil de sécurité avait confié à la MINUSMA un mandat plus robuste avec une force renforcée, avec plus de moyens et d’équipements mais nous ne sommes pas au bout de nos peines avec l’opérationnalisation de la force.

 

Ce qui manque à la force MINUSMA ce sont des capacités de mobilité, de réactivité, des unités d’escorte et de reconnaissance (pour planifier les opérations dans les meilleures conditions  et pour une force mobile et active, qui soit capable de jouer son rôle et d’assurer les conditions de sécurité nécessaires au déploiement des forces de défense et sécurité du Mali) et aussi de soutien médical pour rassurer les hommes sur le terrain.

  1. DDR, MOC et Procédure efficace de (ré) insertion/(ré)intégration des membres des mouvements armés et d’autodéfense Maliens

 

Contrairement à ce qu’a stipulé le Général, Jean Paul Deconinck, Commandant de la force de la MINUSMA au Mali, lors du point de presse de la MINUSMA de janvier 2018 et de son interview à RFI, la force de la MINUSMA ne doit pas qu’être réactive et mobile et l’opérationnalisation des MOC (Mécanisme Opérationnel de Coordination) ne doit pas seulement être liée aux aspects politiques MAIS aussi tactiques (mener des objectifs court terme comme par exemple  la sécurisation immédiate des régions et des communes du Mali) et stratégiques (mener des objectifs moyen et/ou long termes comme par exemples la constitution des forces de défense et sécurité reconstituées mixtes du Mali intégrant des ex combattants des mouvements armés et d’autodéfense et la garantie d’une paix, d’une réconciliation, d’un développement et d’une sécurité durables).

 

Jusqu’au vingt-troisième CSA (Comité de Suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger) de janvier 2018, compte-tenu de l’urgence de la sécurisation des régions et communes du Mali, l’implantation des MOC, en premier lieu, a été décidé.

 

Ce qui a montré ses limites car les mouvements armés et d’autodéfense Maliens, intégrés dans les regroupements CMA et Plateforme, trainent à fournir leurs listes complètes pour le MOC et le DDR (Démobilisation, Désarmement et Réinsertion)  ET ne veulent pas déposer leurs armes (désarmer)  avant d’avoir des garanties comme par exemples  (a) la certitude de leurs (ré)insertions/(ré)intégrations dans les forces de défense et sécurité du Mali OU leurs (ré)insertions/(ré)intégrations dans la socété civile ET (b) l’établissement de la paix, de la sécurité, de la réconciliation et du développement de leurs régions et de leurs communes et, pour certains,  du pays tout entier.

 

Ce qui est aussi valable pour ceux de la CME (Coordination des mouvements de l’Entente) en voie d’intégration dans les regroupements CMA et Plateforme.

 

Notons que cette demande de garanties des mouvements armés et d’autodéfense Maliens n’est pas nouvelle. Depuis la conception de l’accord de paix, ils en faisaient un préalable (matérialisé par la signature de l’accord de paix) à leur désarmement.

 

C’est ainsi que pour garantir, au plus vite, le désarmement de tous ces mouvements et pour  mener efficacement la mission de la communauté internationale sur la mise en œuvre de l’accord de paix au Mali et la sécurisation du Mali, la Minusma et les parties prenantes à cet accord doivent suivre, dans l’ordre, la procédure suivante :

 

(1) ENREGISTEMENT, contrôlé et vérifié, DES MEMBRES DES MOUVEMENTS  armés et d’autodéfense Maliens,

 

(2) ENGAGEMENT, sans tarder, du DDR (Démobilisation, Désarmement et Réinsertion), qui doit générer une liste destinée au MOC pour une (ré)insertion/(ré)intégration des membres des mouvements armés et d’autodéfense Maliens vérifiant les critères idoines dans les forces de défense et sécurité du Mali ET une autre destinée à la réinsertion/réintégration des autres membres de ces mouvements  (ceux ne vérifiant pas ces critères) dans la société civile à travers des projets et des services en liaison avec la commission d’intégration.

 

L’avantage de cette procédure de (ré) insertion/(ré)intégration des membres des mouvements armés et d’autodéfense Maliens est de garantir une paix et une sécurité durables et d’assurer la confiance entre les parties prenantes à l’accord de paix, entre les acteurs et de garantir la (ré)insertion/(ré)intégration  des membres des mouvements armés et d’autodéfense Maliens  dans les forces de défense et sécurité du Mali OU dans la société civile.

 

Son inconvénient est qu’elle nécessite (a) la disponibilité immédiate des fonds idoines, (b) l’engagement, franc et sans complaisance, des parties prenantes et des acteurs pour la mise en œuvre de cette procédure et de l’accord de paix ET que (c) les acteurs, surtout la communauté internationale, soient à équidistance des parties prenantes.

 

Le Mali et la communauté internationale pourront-ils garantir, en temps opportun, la disponibilité de ces fonds ?

 

Les parties prenantes à l’accord de paix et les acteurs pourront-ils garantir un engagement, franc et sans complaisance, pour la mise en œuvre de cette procédure et de cet accord ?

 

  1. Insuffisance des sanctions aux seules parties prenantes et nécessité que les acteurs et les membres de la communauté internationale supportant l’accord de paix soient à équidistance des parties prenantes à cet accord

3.1. Comportements de la communauté internationale – Que doit-elle faire ?

 

Un nombre croissant de Maliens accusent la communauté internationale, en particulier la Minusma et Barkhane, de ne pas être à équidistance des parties prenantes à l’accord de paix (elle est complaisante de la CMA, disent-ils) et de ne pas jouer convenablement leurs rôles.

 

Certains les pointent du doigt en disant qu’elle aide la CMA.

 

L’incompréhension entre la communauté internationale et le Mali s’est amplifiée ces derniers moments à cause :

 

– de la polémique qui s’est enflée concernant la bavure commise par Barkhane sur les onze soldats Maliens otages des djihadistes de la coalition dirigée par Iyad Ag Ghaly,

 

– de certains médias Français qui pointent du doigt le gouvernement Malien et IBK, les accusant de ne pas respecter l’accord de paix ET pensant que la France et sa force Barkhane sont instrumentalisées dans le jeu politique Malien.

 

– de l’intervention du chef de la Minusma devant l’assemblée nationale, qui a révélé, entre autres, que la Minusma n’intervient pas au Mali contre le terrorisme et qui s’est posé la question de l’utilité des autorités intérimaires et sur le comportement des parties prenantes et leur engagement pour la mise en œuvre de l’accord de paix.

 

– l’exigence, interprété par certains comme un ultimatum pour le gouvernement Malien, du conseil de sécurité de l’ONU et de la communauté internationale pour le respect strict du planning des tâches, liées à la mise en œuvre de l’accord de paix, établi par le dernier CSA de janvier 2018.

 

C’est dommage que la France ait fait unilatéralement (manque de communication avec les partenaires dont les forces armées maliennes) l’opération ayant occasionné cette bavure et ne se focalise que sur le fait que le camp bombardé était un camp de djihadistes sans exhiber publiquement des preuves que les onze Militaires Maliens otages des djihadistes n’aient pas été tués par ce bombardement sachant qu’ils étaient détenus par ces djihadistes (ces onze Militaires Maliens  otages de ces djihadistes avaient lancé un appel pour leur libération quelques jours auparavant au Président IBK).

 

En effet, si la bavure n’était pas confirmée (ou n’a pas eu lieu) comme le stipule la France, à travers le système de renseignement militaire détenu par Barkhane et la MINUSMA, il était/est possible de montrer qu’au moment où le camp terroriste a été bombardé, les militaires Maliens otages des djihadistes étaient sains et sauf dans un autre camp des (mêmes) terroristes OU BIEN sains et sauf à un endroit différent de l‘endroit bombardé dans le même camp de ces djihadistes.

 

Ainsi, les forces, Barkhane et la Minusma, devaient exhiber PUBLIQUEMENT des preuves concrètes confirmant OU infirmant la bavure. Ce qui aurait amélioré la confiance entre elles et les Maliens car une erreur pouvait générée une telle bavure.

 

Pour la paix et la sécurité au Mali et pour renforcer la confiance et la communication entre la France et les Maliens, en particulier entre Barkhane et les forces armées maliennes, il n’est toujours pas tard pour exhiber publiquement ces preuves concrètes confirmant OU infirmant cette bavure. Ces preuves sont attendues par les familles des victimes.

 

La communauté internationale, représentée par la MINUSMA,  doit assumer ses rôles en tant que garante de l’accord de paix en agissant, en pilotant l’accord de paix à travers une communication établie de façon participative et une coordination harmonieuse des parties prenantes Maliennes et des forces partenaires (G5 Sahel, Barkhane, …) et en sanctionnant immédiatement les parties prenantes Maliennes qui NE RESPECTENT PAS L’ACCORD DE PAIX en liaison avec le conseil de sécurité de l’ONU par  l’application de la résolution 2364 de l’ONU.

 

Elle doit sommer, au risque de sanctions, les parties prenantes Maliennes à respecter constamment le cessez-le-feu et l’accord de paix.

 

3.2. Sanctions aux parties prenantes à l’accord de paix

Le conseil de sécurité de l’ONU a prévu des sanctions aux parties prenantes si elles occasionnent des gênes ou des obstructions à la mise en œuvre de l’accord de paix.

 

Exemple, les parties prenantes qui ont des collusions avérées avec les djihadistes, cas de Iyad Ag Ghaly, doivent être sanctionnées.

 

Barkhane a déjà signalé de tels collusions entre des mouvements de la CMA (HCUA, …) et les djihadistes/terroristes.

 

Dans le journal “Le monde» et dans l’indicateur du renouveau du 21 Novembre 2017, le Général Bruno Guibert, Commandant de BARKHANE, disait que les groupes armés signataires valident à Bamako des règles qu’ils n’appliquent pas sur le terrain, la collusion existe avec les groupes terroristes, les accords piétinent.

 

Certains médias Français pointent du doigt le gouvernement Malien et IBK, les accusent de ne pas respecter l’accord de paix ET pensent que la France et sa force Barkhane sont instrumentalisées dans le jeu politique Malien.

 

De toute façon, une commission jugera les faits indexant une partie prenante ou au moins un de ses membres avant de prononcer les sanctions associées.

 

Les sanctions aux seules parties prenantes à l’accord ne suffisent pas, encore faut-i ll que tous les acteurs aient un engagement, franc et sans complaisance, pour la mise en œuvre de cet accord et de cette procédure ET soient à équidistance des parties prenantes.

 

3.3. Sanctions aux acteurs autres que les parties prenantes à l’accord de paix

 

Des SANCTIONS AUX ACTEURS, AUTRES QUE LES PARTIES PRENANTES, doivent aussi être proposées à travers une commission indépendante. L’observateur indépendant de l’accord de paix pourra contribuer à cette commission.

 

Comme  indicateur de la nécessité des sanctions aux acteurs autres que les parties prenantes à l’accord, il y a ce qui s’est passé tout dernièrement alors que nous cherchions à dynamiser les acteurs et les parties prenantes pour la mise en oeuvre de l’accord de paix :  concernant le voyage aux états unis des membres de la CMA, sur invitation de l’ONG Independant Diplomat, afin d’assister à une rencontre sur l’auto-détermination des peuples opprimés, PUIS leur rencontre du conseil de sécurité de l’ONU ET leur éventuel rendez-vous à la maison blanche. 

 

Ces acteurs ont-ils été à équidistance des parties prenantes ?

 

  1. Interview de Dr Anasser Ag Rhissa par MaliActu sur la recrudescence des attaques terroristes, l’insécurité grandissante au Mali et les rôles des FAMAs, Barkhane et Minusma

 

Le journal  MaliActu a interviewé Dr Anasser Ag Rhissa sur les causes de la vulnérabilité de l’armée Malienne, la  recrudescence des attaques terroristes contre l’armée Malienne et sur l’insécurité grandissante au Mali.

 

Vous trouverez ci-dessous cette interview, publiée le 19 mai 2017, réalisée par Aliou Hasseye de Maliactu.net.

 

Mali : INTERVIEW. Insécurité : « l’occupation du terrain » par l’armée, Barkhane et la Minusma « n’est pas suffisante même en période d’état d’urgence » (Dr Anasser Ag Rhissa, Expert en Sécurité)

 

Le Mali fait face depuis quelques mois à une recrudescence des attaques terroristes contre l’armée Malienne. En moins de trois mois, près d’une cinquantaine de militaires maliens ont été tués. Malgré les mesures annoncées par les autorités, les soldats Maliens continuent d’être exposés aux assauts meurtriers terroristes. Dr Anasser Ag Rhissa est Expert TIC, Gouvernance et Sécurité, dans cette interview, analyse les causes de la vulnérabilité de l’armée Malienne.

 

 

Mali Actu : Selon vous, quelles sont les principales difficultés de l’armée malienne dans cette guerre contre le terrorisme ?

 

Dr Anasser Ag Rhissa : Les principales difficultés de l’armée Malienne dans cette guerre contre le terrorisme sont liées (1) à l’aspect asymétrique de cette guerre, (2) le manque de moyens idoines (moyens aériens et renseignements insuffisants), (3) le manque de coopération de la population, (4) le manque d’un front uni bien organisé contre le terrorisme au Mali et dans la zone sahel et (5) à la synchronisation et à la collaboration qui ne sont pas parfaites entre les forces de défense et sécurité du Mali, incluant les  FAMAs  (Forces Armées MAliennes), et les forces Barkhane et Minusma.

 

Il est important de noter que les forces Maliennes contre le terrorisme existent dans l’armée mais aussi dans les forces de sécurité du Mali.

 

MaliActu : Comment analysez-vous la recrudescence des attaques meurtrières contre l’armée malgré la présence de Barkhane et la Minusma à ses côtés ?

 

Dr Anasser Ag Rhissa : L’insuffisance de la synchronisation et la collaboration non étroite entre les forces de défense et sécurité Maliennes, dont l’armée, et les forces Barkhane et Minusma ont favorisé la recrudescence des attaques meurtrières contre elles, dont l’armée, mais aussi contre la Minusma et Barkhane.

 

J’avais déjà écrit des lettres ouvertes pour solliciter qu’il y ait une étroite collaboration entre les forces de défense et sécurité Maliennes, Barkhane et la Minusma pour l’efficacité de leurs actions sur le terrain.

 

Le camp terroriste est organisé et pratique la guerre asymétrique avec des attaques à des endroits différents et à des heures différentes.

 

Voyant que les défenseurs de la paix, à travers la mise en œuvre de l’accord de paix, tardent à généraliser le MOC (Mécanisme Opérationnel de Coordination) et à démarrer le DDR (Démobilisation, Désarmement et Réinsertion), ils en profitent pour tenter de généraliser la terreur et la phobie à travers ces attaques meurtrières.

 

De même, l’annonce de la force G5 Sahel contre le terrorisme les pousse à faire croire à un embrasement généralisé pour faire peur et pour montrer qu’ils occupent le terrain.

 

MaliActu : Ces attaques en période d’état d’urgence mettent-elles en cause l’efficacité de cette mesure ?

 

Dr Anasser Ag Rhissa : Ces attaques montrent seulement que l’occupation du terrain par les forces de défense et sécurité du Mali, appuyées par Barkhane et Minusma, n’est pas suffisante même en période d’état d’urgence.

 

Elles appellent à la nécessité d’accélérer le MOC, le DDR et la formation des forces de défense et sécurité reconstituées du Mali et leur opérationnalisation partout au Mali.

 

MaliActu : Existe-t-il un parallèle entre la lente mise en œuvre de l’accord de paix et le climat d’insécurité grandissante ?

 

Dr Anasser Ag Rhissa : Effectivement, la nature a horreur du vide, d’où l’insécurité grandissante.

 

MaliActu : Quel impact pourrait avoir les 5000 nouvelles recrues annoncées au sein des forces de défense et de sécurité ?

 

Dr Anasser Ag Rhissa : A court terme, amélioration du moral et de la confiance des troupes qui se rendent compte que la haute autorité pense à elles. A moyen et long termes, ces recrues pourront avoir un effet positif. Elles seront adéquatement formées, ce qui contribuera à la professionnalisation de nos forces de défense et sécurité. La nouvelle loi d’orientation de la sécurité et celle, un peu plus ancienne, de la défense aidera à cela.

 

  1. Proposition d’un Front sécuritaire uni proactif contre l’Insécurité, le Terrorisme et le Trafic de tout genre et Sécurisation du MOC et du DDR

 

Les forces de la MINUSMA et BARKHANE doivent aider à la sécurisation et à la stabilisation du Mali et doivent appuyer les forces de défense et sécurité du Mali.

Elles doivent s’adapter et être proactives et mobiles.

 

Pour ce faire, je propose qu’elles s’appuient et aident à la mise en place du front sécuritaire uni proactif que je propose ci-dessous.

 

Au Mali, l’insécurité généralisée nous empêchera d’organiser les élections et engendrera un CHAOS intégral si on ne démarre pas, de façon urgente et efficace, un FRONT sécuritaire UNI PROACTIF (d’où anticipation avant l’occurrence d’un problème donné) contre cette dernière et contre le terrorisme en mettant les citoyens au cœur de ce dispositif.

 

Ce qui apportera de l’efficacité, à travers le renseignement vérifié et sécurisé, à cette réplique (ce front sécuritaire uni proactif) à la guerre asymétrique que mènent les terroristes et les djihadistes.

 

Ainsi, la sécurité sera renforcée partout au Mali avec une collaboration étroite avec les citoyens et entre les forces de défense et sécurité du Mali, Barkhane, la Minusma et la force conjointe du G5 Sahel.

 

Pour minimiser, voire éradiquer, cette insécurité, nous devons nous appuyer sur le renseignement et la coopération étroite entre toutes ces forces.

 

Si on reporte les élections à cause de cette insécurité, cela veut dire qu’on fuit TOUS/TOUTES nos responsabilités et qu’on appelle, implicitement, les terroristes à venir nous tuer tous/toutes et/ou à nous prendre en otage et/ou à occuper notre pays en étant passifs en face d’eux.

 

La seule réplique valable et durable pour éviter ce CHAOS intégral, c’est d’organiser nos élections en les entourant d’une sécurité optimale, le plus tôt possible, en impliquant toutes les forces vives Maliennes, indépendamment des bords politiques, pour permettre la poursuite de la mise en œuvre, stricte et sans complaisance, de notre accord de paix afin de garantir la paix, la sécurité et le développement durable résilient pour tous.

 

Nous n’allons pas attendre d’avoir un pays le plus sécurisé du monde pour vaquer à nos occupations et pour organiser nos élections.

 

Il nous faut juste un Front sécuritaire uni proactif contre le terrorisme, la criminalité transfrontalière et l’insécurité.

 

Aidées par les lois d’orientation et programmation militaire et de sécurité, les réponses aux aspects sécuritaires/défense permettront d’avoir des forces de défense et sécurité Maliennes reconstituées, formées et professionnelles, à même de défendre le pays et les populations et de lutter, efficacement, contre le terrorisme, le trafic de toute sorte (trafic de drogue, trafic des humains, …), l’insécurité et la criminalité transfrontalière.

 

Elles travailleront en étroite coopération avec les populations, les pays voisins, Barkhane, Minusma et les partenaires au niveau international pour une réponse efficace et proactive contre le terrorisme.

 

Les forces conjointes, telle que celle du G5 Sahel, travailleront en symbiose et en étroite synchronisation et communication avec les forces nationales.

 

Ces dernières, cas des forces de défense et sécurité du Mali, s’occuperont de la défense et sécurité du pays, de ses collectivités territoriales, des personnes et des biens aux niveaux national, régional (sous régional) et local.

 

Quant aux forces conjointes, elles doivent principalement gérer les frontières respectives.

 

Des contrats, avec partage des responsabilités et synchronisations et communications idoines, doivent être définis pour ce faire afin d’éviter d’éventuels problèmes (contradictions entre membres, trahison, travail partiel ou inachevé, …).

 

Le front sécuritaire uni proactif formé par les défenseurs de la paix, les parties prenantes Maliennes, les partenaires de la médiation internationale et d’autres partenaires œuvrant pour la paix dont ceux participant aux forces conjointes, aidé par les populations, luttera efficacement et proactivement, entre autres, contre le terrorisme, le trafic de drogue, la criminalité transfrontalière et l’insécurité, en s’aidant d’un système d’intelligence stratégique de renseignement national interconnecté avec les niveaux sous régional, régional et international.

 

AVEC UNE SÉCURITÉ LA PLUS OPTIMALE POSSIBLE, A TRAVERS CE FRONT SECURITAIRE UNI PROACTIF A FORMER (VOIR CI-DESSOUS SA MATERIALISATION) POUR LE BONHEUR DES MALIENS, ORGANISONS TOUTES NOS ELECTIONS LA OU NOUS VIVONS, PARTOUT AU MALI ET DANS LES ZONES OU VIVENT NOS REFUGIES S’ILS N’ARRIVENT PAS A REVENIR D’ICI LA.

 

Ce qu’il faut pour matérialiser et dynamiser ce front sécuritaire uni proactif contre l’insécurité, le terrorisme et le trafic de tout genre et Sécurisation du MOC et du DDR

 

Pour l’instant, la sécurisation n’est pas optimale, il faut matérialiser, rendre opérationnel et dynamiser ce front sécuritaire uni proactif contre l’insécurité, le terrorisme et le trafic de tout genre ainsi que la sécurisation du MOC (Mécanisme Opérationnel de Coordination) et le DDR (Démobilisation, Désarmement et Réinsertion).

 

Vous trouverez le détail pour matérialiser et dynamiser ce front sécuritaire uni proactif dans la lettre ouverte intitulée : Organiser toutes les élections au Mali et éviter le CHAOS intégral en renforçant la sécurité par un front uni proactif basé sur un système d’intelligence collective et la coopération efficace entre les forces en présence.

 

 

  

  1. Conclusion

 

A travers l’accord de paix, c’est le Mali tout entier, via toutes ses composantes ethniques, qui est plus fort et qui gagne et non une ethnie donnée, qu’elle soit Touareg ou Peuhle ou autre.


L’accord a opté pour le développement équilibré de toutes les régions du Mali en commençant par celles qui sont en retard, celles du nord du Mali.


L’Union fait la force. Dans un Mali Un et Indivisible, cultivons la diversité (ethnique, culturelle, …) et l’union à travers la mutualisation de nos forces et de nos ressources issues de la régionalisation où chacun doit occuper sa place, nous serons encore plus forts.


D’après l’accord de paix, cette régionalisation permet aux filles et aux fils d’une même région de gérer, ensemble, leurs régions (et communes) à travers la libre administration des régions (et communes).

C’est ainsi que, malgré le poids du passé, nos frères et sœurs de Kidal, incluant les Ifoghas et les Imghads, doivent gérer ensemble la région de Kidal. Les accords de Annefis et Niamey, entre parties prenantes, vont dans ce sens.

Le Mali est pour nous tous/toutes, nous devons, TOUS/TOUTES, chercher des solutions idoines à nos problématiques au lieu d’attendre que ça vienne toujours du haut ou dailleurs.

 

C’est pourquoi, il convient de saluer les missions de bons offices conduites par Mahmoud Dicko sous l’impulsion de l’ex Premier Ministre, Abdoulaye Idrissa MAIGA, MAIS aussi le dialogue inclusif qui sera lancé au centre du Mali sur le problème sécuritaire.

Le problème de Kidal est un des plus saillants mais la réconciliation concerne tout le Mali, y compris la région de Kidal, car le tissu social, aux niveaux national, régional et local, est affecté et l’impact de la crise (sur le vivre ensemble, …) et les amalgames induits ont affecté tout le Mali.


Il faut, donc, travailler sur la cohésion sociale, la cohésion nationale, l’unité, cultiver la paix partout au Mali et réapprendre ou renforcer le vivre ensemble même si la solidarité et la force des liens ancestraux ont aidé à maintenir certains liens sociaux.

Appliquons l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, sensibilisons partout sur cet accord et sa mise en œuvre en améliorant son inclusivité (EN DONNANT UNE PART IMPORTANTE AUX CITOYENS PAS SEULEMENT AUX MOUVEMENTS ARMES ET D’AUTODEFENSE), en particulier à travers  la mise en place du DDR (Démobilisation, Désarmement et Réinsertion) , du MOC (Mécanisme Opérationnel de Coordination via les patrouilles mixtes) et des autorités intérimaires, et faisons-le respecter strictement, franchement et sans complaisance par tous les acteurs, en particulier ceux qui l’ont signé (toutes les parties prenantes, la médiation internationale et les partenaires) et on résoudra le problème de Kidal.

D’où ma contribution que je conseille de lire ou relire. Elle est intitulée “Accord de Bamako : Comment garantir son respect et l’engagement des parties prenantes ?”

J’avais écrit le 21 SEPTEMBRE 2015, en 2016 et en 2017, des lettres ouvertes en ligne, adressées au Président, Ibrahim Boubacar Keïta, aux Maliens et aux Partenaires, pour proposer une approche pour répondre à cette question.

 

Concernant cet accord, comme disent ses défenseurs dont moi-même, le meilleur est à venir MAIS il dépendra de son inclusivité et de notre implication, à TOUS/TOUTES, indépendamment des bords politiques, dans la mise en œuvre et dans le suivi de cet accord pour le respect des intérêts des Maliens.

Alors, ceux qui supportent l’accord de Bamako et ceux qui ne le supportent pas devront prendre de la hauteur en mettant en avant le Mali et en se rapprochant sur la base des intérêts des Maliens et de leur bien-être.


Des intérêts cachés pourront empêcher l’accord de Bamako de se dérouler normalement. Dans ce cas, ils doivent être mis en évidence et les auteurs exhibés devant tous pour que cesse ce qui empêche que l’accord se déroule normalement.


Si toutes les parties prenantes et la médiation s’engagent honnêtement, franchement et sans complaisance, pour une mise en œuvre et un suivi stricts de l’accord, ces intérêts cachés seront débusqués, ainsi que ceux qui sont derrière.

Engageons-nous (tous les acteurs y compris les partenaires dont la MINUSMA et Barkhane), honnêtement, franchement et sans complaisance, acceptons le partage de responsabilités (en particulier à Kidal) et mettons, TOUS/TOUTES, rapidement, en œuvre, indépendamment des bords politiques, l’accord de Bamako pour la paix et la réconciliation au Mali, pour l’intérêt général et pour le bonheur de TOUS/TOUTES.

 

Agissons, avec nos partenaires, pour impulser ce front sécuritaire uni proactif au Mali afin d’organiser efficacement les élections de proximité (locales, régionales, communales partielles, du district de Bamako) et les élections présidentielle et législative de 2018 et évitera d’aboutir à un CHAOS qui paralysera intégralement le Mali.

 

  1. Contact

 

Dr ANASSER AG RHISSA
Expert TIC, Gouvernance et Sécurité

Président de l’ONG TILWAT International

E-mail : Anasser.Ag-Rhissa@orange.fr
TEL (00223) 95 58 48 97

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