Notre pays a célébré la semaine dernière, la Journée de l’enfant africain. A cette occasion, l’ONG ECPAT Luxembourg coordination du Mali a organisé, jeudi dernier, une journée ludique à l’intention des enfants de la rue, notamment ceux des Halles de Bamako et de l’autogare de Sogoniko. Placée sous le parrainage de la direction nationale de la promotion de l’enfant et de la famille, l’événement a eu lieu au Halles de Bamako.
L’animation de la journée était assurée par l’Association pour la promotion des jeunes et enfants communicateurs (APJEC) et le Parlement des enfants avec la participation de la troupe « Sewa Yiriba ». L’activité participait du projet « Rompre le silence autour des filles mineures exposées et/ou victimes d’exploitation sexuelle à des fins commerciales au Mali ». La journée a entrepris d’aller à la rencontre de ces enfants sur leurs lieux de vie pour les sensibiliser et renforcer leur protection face aux situations à risque d’exploitation sexuelle auxquelles ils sont très souvent confrontés.
Plusieurs activités étaient au menu de la journée : un atelier de dessin, une causerie et des échanges avec les enfants sur le thème : « Comment les enfants et adolescentes peuvent se protéger des situations à risque d’exploitation sexuelle à des fins commerciales ?». Il faut aussi signaler des contes et des sketches inspirés de témoignages d’enfants victimes.
Le 1er vice-président du Parlement des enfants, Abdoulaye Cissé, a salué une initiative qui permettra aux enfants vivant dans la rue de participer pleinement aux festivités du 16 juin. Il a condamné l’attitude inhumaine des personnes qui profitent de la vulnérabilité de ces enfants pour les exploiter sexuellement. Abdoulaye Cissé a invité les victimes d’abus sexuel, de violence sexuelle, de pédophilie, à rompre le silence sur le drame qu’ils vivent, souvent quotidiennement.
Le jeune parlementaire a demandé aux autorités et partenaires au développement d’agir vite pour mettre fin à ce phénomène des enfants de la rue qui, de son point de vue, prend de l’ampleur et s’avère être une bombe à retardement. En effet, actuellement plus de 4000 enfants sont en situation de rue dans le seul district de Bamako.
La question de l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales est une réalité dans notre pays. Une étude sur ce phénomène réalisé en 2013 par ECPAT Luxembourg confirme que sur un échantillon de 1472 enfants, 28,2% ont été identifiés comme victimes d’une des formes d’exploitation sexuelle à des fins commerciales (prostitution, tourisme sexuel et traite à des fins sexuelles). Les victimes de ce phénomène sont à 93,4% des filles et à 6,5% des garçons.
Sur le total des enfants victimes de la prostitution, 94,7% sont des filles et 5,2% des garçons. Les chiffres sont similaires pour les victimes du tourisme sexuel : 98,5% de filles et 1,4% de garçons. Les enfants victimes de traite à des fins sexuelles comprennent 84,9% de filles et 15% de garçons. L’étude révèle également que des adolescentes ou jeunes femmes à la recherche de moyens de subsistance sont contraintes à une prostitution de survie. Des vendeuses ambulantes, des aides ménagères, trop souvent exploitées économiquement, subissent également une exploitation sexuelle.
La représentante de l’ONG ECPAT Luxembourg dans notre pays a expliqué que cette fête est organisée pour les enfants vulnérables afin que chacun puisse exprimer sa joie, ses souffrances et ses espoirs. Un moment privilégié durant lequel les adultes ont le devoir de les écouter davantage pour mieux comprendre leur quotidien, leur situation familiale et sociale. Elle a relevé que la rue pouvait sembler attirante pour le sentiment de liberté où tout est permis, qu’elle procure, mais, a-t-elle mis en garde, la rue est aussi un lieu de tous les dangers, de violences physiques et morales.
M. A. TRAORE
Source : L’Essor