Avec près de 40 civils tués dans le Centre du pays, l’année 2018 s’est achevée tristement, et celle de 2019 s’annonce dramatiquement. Donc, c’est une nouvelle année qui commence avec déjà à son compte de trop de motifs d’inquiétudes. Du moins, au plan sécuritaire, le Mali a entamé l’année 2019 par une attaque meurtrière dans le Cercle de Bankass, Région de Mopti. En plus de la mort de 37 civils enregistrés, dont des femmes et des enfants dans ladite localité, le bilan fait également état de plusieurs blessés et de nombreux dégâts matériels. Une attaque qui survient après la visite du Chef de Gouvernement dans la Région où il a annoncé l’ouverture du programme du DDR pour toutes les milices armées de la zone.
Il y a quatre ans que le Centre du Mali est devenu le sanctuaire des groupes djihadistes et plus particulièrement du Prédicateur Amadou Koufa qui aurait été tué récemment par l’Armée française. Dans la zone, les conflits intercommunautaires se multiplient entre Peulhs, Bambaras et Dogons. Des violences qui ont fait plus de 500 morts civils en 2018, selon l’Organisation des Nations Unies.
À peine sortis d’une année couronnée d’attaques meurtrières aussi bien dans le Centre qu’au Nord et au Sud aussi qu’une autre sort sa tête de l’eau.
En effet, le 1er janvier 2019 a enregistré la mort de 37 civils peulhs. Tous innocemment assassinés. L’assassinat de ces personnes est attribué à des Hommes armés habillés en tenue de chasseurs traditionnels communément appelés «Donso». Suite à des investigations de l’Armée malienne, quelques suspects ont été interpellés après les faits. Mais, au moment de mettre l’information sur papier, aucune information n’a été donnée sur la vraie identité du Groupe de criminels qui a commis l’acte barbare.
L’absence de l’État et la prolifération des armes comme facteur d’aggravation des affrontements dans les Régions du Centre et du Nord de notre pays.
Ainsi, malgré les nombreuses annonces faites par le Premier Ministre au cours de ses différentes visites dans le Centre du Mali, le phénomène d’affrontements entre ethnies devient répétitif. Selon des sources locales de Bankass, « c’est le Gouvernement qui doit pleinement assurer ses responsabilités». Un autre membre d’un des groupes ethniques armés dans la zone affirme qu’il ne déposera les armes que si tout le monde n’est pas désarmé en même temps. Selon lui, «ceux qui détiennent les armes sont dans la forêt et les autorités savent où ils sont».
Depuis 2013, après l’occupation du Nord par des groupes djihadistes qui arrivent ensuite à Konna, dans la Région de Mopti, l’Administration malienne peine à être effective dans la zone. En mars 2018, un Rapport du Secrétaire Général des Nations Unies sur le Mali a révélé que: «Le nombre de Représentants de l’État redéployés dans les Régions du Nord et du Centre a diminué de 6% au cours de la période janvier-mars 2018». Dans ledit document à la date du 1er mars 2018, «dans les Régions septentrionales et dans la Région de Mopti, seuls 22% d’entre eux étaient à leurs postes»,
Selon la FIDH, cette Région, située à l’extrémité du Delta du fleuve Niger, concentre 40% des attaques du pays. L’organisation souligne dans son dernier Rapport que dans le Centre du Mali plusieurs civils y ont été tués, victimes d’exécutions sommaires, de tortures et de disparitions forcées et près de 30.000 personnes déplacées au cours de ces deux dernières années.
Enfin, il faut rappeler que ces violences djihadistes persistent non seulement au Mali, mais tendent à se propager vers le Burkina Faso et le Niger également.
Adama A. Haïdara : LE COMBAT