Il est “encore trop tôt pour crier victoire” au Sahel, où la situation sécuritaire “reste profondément fragile” malgré les “progrès indéniables” accomplis contre les jihadistes par les 5.100 militaires français de l’opération Barkhane aux côtés des armées nationales, a souligné jeudi la ministre française des Armées Florence Parly. “Nous sommes sur la bonne voie mais il est encore trop tôt pour crier victoire” au Sahel, a-t-elle estimé lors d’une audition devant la commission Défense du Sénat.Au sommet de Pau (France) en janvier, le président français et ses homologues du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad) avaient décidé d’intensifier la lutte antijihadiste face à la recrudescence d’attaques dans la région, qui, mêlées à des conflits intercommunautaires, ont fait 4.000 morts en 2019, cinq fois plus qu’en 2016 selon l’ONU.Six mois plus tard, “la situation sécuritaire s’améliore”, mais “reste profondément fragile”, a commenté Mme Parly alors que les chefs d’Etat sahéliens et français doivent faire un point d’étape au sommet de Nouakchott fin juin ou début juillet.Depuis Pau et l’envoi de 500 militaires français supplémentaires, Barkhane et ses partenaires sahéliens ont multiplié les offensives dans la région, en particulier dans la zone dite “des trois frontières”, aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger, sanctuaire du groupe Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS).D’autres opérations ont également été menées dans le centre du Mali et le nord du Mali, où les forces françaises ont tué début juin le leader d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), l’Algérien Abdelmalek Droukdal.”En de nombreux endroits, la population commence à reprendre confiance et donne plus facilement du renseignement à nos forces”, s’est félicitée la ministre en vantant “des progrès indéniables”.Toutefois, “les forces locales progressent mais elles restent fragiles comme nous l’avons encore vu dimanche dernier à Diabaly”, dans le centre du Mali”, où au moins 24 soldats maliens ont été tués dans une embuscade imputée aux jihadistes, a-t-elle constaté.Par ailleurs, a-t-elle énuméré, “l’EIGS n’a pas disparu de la région des trois frontières (…) et peut encore porter des coups violents”, le groupe jihadiste JNIM, affilié à Al Qaïda “se renforce”, “Boko Haram est toujours actif au Niger et au Tchad”, le tout sur fond de “recrudescence des conflits intercommunautaires, de résurgence de la menace dans le sud libyen et de crise sanitaire”.”Tant que les forces des pays sahéliens n’auront pas pris le relais, tant que les groupes terroristes conserveront une capacité de recrutement, le terrorisme n’aura pas été vaincu dans la région”, a prévenu la ministre.”Notre rôle est de faciliter cette appropriation”, a-t-elle rappelé en évoquant le déploiement cet été du groupement européen de forces spéciales Takuba, destiné à accompagner les Maliens au combat.”Notre présence n’est pas éternelle mais ce n’est pas le moment de ménager nos efforts”, a conclu Mme Parly.
AFP