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IBK: « Je mets au défi mon adversaire: s’il a des choses à dire, qu’il les dise »

Les Maliens seront appelés aux urnes dimanche 11 août 2013 pour le second tour de la présidentielle. Face à face, Ibrahim Boubacar Keïta, ancien Premier ministre et Soumaïla Cissé, ancien ministre des Finances. Jeudi 8 août, vous avez entendu sur notre antenne et lu sur notre site l’entretien avec le candidat Soumaïla Cissé. Aujourd’hui, RFI vous propose le point de vue de son adversaire, Ibrahim Boubacar Keïta.ibrahim boubacar keita ibk rpm famille fondatrice bamako district niare niakate

RFI: Les chiffres définitifs du premier tour de l’élection présidentielle, annoncés par le Conseil constitutionnel, vous placent à une dizaine de points de la victoire. Est-ce que vous êtes confiant ?

Ibrahim Boubacar Keïta: Oui, il n’y a pas de raison que je ne le sois pas. Ce premier tour laisse augurer de bonnes choses. Vous savez, j’entends beaucoup de choses. Mais que je sache, dans un match de football, on ne dit pas que ce qui a été engrangé durant la première mi-temps ne compte pas ? Que l’on repart simplement pour un nouveau match ? Chacun appréciera à sa façon. Moi, je suis tranquille par rapport à tout ce genre de raisonnement. Je sais simplement que dimanche, les Maliens, plaise au ciel, vont encore sortir massivement et à la face du monde, de l’Afrique, réaffirmer leur détermination, dorénavant, à assurer leur destin.

Est-ce que vous ne craignez pas, tout de même, un scénario « à la guinéenne », où Cellou Dalein Diallo obtient 43 % au premier tour, puis finalement, c’est votre ami de l’Internationale socialiste, Alpha Condé, qui l’emporte, alors qu’il n’avait eu que 18 % au premier tour ?

Les sujets ne sont pas du tout comparables. Je laisse à ceux qui se font des illusions, le soin d’ergoter. Je n’ai aucun commentaire à faire à ce sujet. A ceux qui voudraient se bercer d’illusions en faisant cette comparaison, grand bien leur fasse.

Votre adversaire, Soumaila Cissé, affirme qu’on a assisté, au premier tour, à une fraude organisée, « quasiment scientifique » dit-il, qu’est-ce que vous lui répondez ?

J’éclate d’abord de rire ! Et je dis simplement ce mot que les criminologues du monde entier savent : à qui profite le crime ? Moi, Ibrahim Boubacar Keïta, dont tout le monde a vu avec quelle ferveur, avec quel enthousiasme, les masses maliennes m’ont accueilli, je ne suis pas du tout en peine et c’est moi qui organiserais une fraude quelconque ? Laissez-moi rire.

Alors, tout de même, il y a eu 390 000 bulletins nuls selon les chiffres de la Cour constitutionnelle. C’est énorme et est-ce que ce n’est pas suspect ?

Par rapport à qui ? Je suis tout à fait droit dans mes bottes, clair et propre. Je ne crois pas que ce soit la première fois au monde que le voleur crie au pillage de ses ressources. Je n’ai aucun problème par rapport à ça, les Maliens savent la réalité.

Vous étiez persuadé que vous alliez remporter l’élection dès le premier tour. Que pensez-vous finalement des résultats publiés par la Cour constitutionnelle qui vous contraignent au second tour ?

Je n’ai jamais dit : « La victoire au premier tour ou la mort ». J’ai dit que ce qui se profilait pouvait nous y conduire ; mais quand cela n’est pas, je suis un démocrate, je n’y ai trouvé absolument aucun inconvénient. Au contraire, je pense que cela sera beaucoup plus clair et beaucoup plus net le 11 août.


Autre critique de votre adversaire, il vous reproche d’avoir trop joué de la corde religieuse pendant la campagne. Et il dit « ce sont des cordes dangereuses, vraiment, je le mets en garde de trop tirer sur ces cordes-là ».

Je crois que je demanderai à mon cadet de savoir raison garder. Que j’ai l’appui des autorités religieuses, c’est un fait. Mais personne ne m’a entendu dire autre chose dont on pourrait dire aujourd’hui que ce serait une sorte d’appel à un rassemblement islamique autour de ma personne : jamais. Je fais le constat que les autorités religieuses, que les milieux musulmans, ont considéré que je suis un homme sérieux, que je suis un homme propre. J’ai entendu d’ailleurs, à ce sujet, des allusions perfides. Je mets au défi mon adversaire : il dit qu’il a des choses à dire, qu’il les dise.

Qu’est-ce qui vous différencie de votre adversaire Ibrahim Boubacar Keïta, qu’est-ce qui selon vous, va pousser les Maliens à voter pour vous dimanche prochain ?

Je ne ferai pas les comparaisons qu’il a faites…

Si vous êtes élu, quelle est la première mesure que vous mettrez en œuvre pour les Maliens ?

Je mettrai d’abord en place un gouvernement, lequel prendra en charge la mission la plus importante à mes yeux : celle qui consiste à rassembler le Mali et les Maliens. Et je pense que l’accord préliminaire de Ouagadougou est une urgence. On ne peut pas faire redémarrer un pays, sans l’assise de paix. C’est donc un point important pour moi, auquel j’accorderai l’importance qu’il mérite. Et je pense qu’il y a des problèmes dans ce pays, qui sont des problèmes globaux de développement, d’aménagement du territoire et de partage du pouvoir… Mais d’abord, que nous en parlions, que nous nous accordions sur l’essentiel, étant entendu que ce qui, pour moi, est absolument hors de toute négociation, est l’intégrité territoriale du Mali et la souveraineté du Mali.

Si vous êtes élu, quel type de président souhaitez-vous être ?

Un homme d’Etat imperturbable, un homme d’Etat qui ne perdrait pas facilement son sang-froid, un homme d’Etat qui, en toutes circonstances, saurait défendre et préserver les intérêts du Mali. Les Maliens l’ont expérimenté et les Maliens, apparemment, en voudraient encore.

Qu’est-ce que vous ferez si vous êtes battu au second tour ?

Je suis un démocrate. En 2002, chacun sait désormais ce qu’il s’est passé, en 2007 également. Nul ne m’a entendu dire autre chose que « dura lex sed lex », « ainsi j’ai été, ainsi je suis, ainsi je serai ».

Par Laurent Correau

Source: RFI

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