Depuis des mois, dans les différents marchés du pays, des poissons importés des pays asiatiques, notamment de Chine et du Vietnam, sont commercialisés. Ces poissons de nature douteuse, sans contrôle des services compétents constituent de véritables poisons dans les assiettes. Enquête.
En plus de cuisses de poulets avariées et de la viande bovine importées, sur le marché des produits de consommation nationale, l’on constate la présence des poissons asiatiques. Selon nos sources, ces poissons proviennent de Chine et du Vietnam via le port de Dakar. Ces poissons, selon nos investigations sont de deux types, le Tilapia de la Chine et le Panga du Vietnam.
Pour le premier type (Tilapia chinois), des recherches ont démontré qu’au regard des défaillances des normes sanitaires de l’aquaculture chinoise, ces poissons sont impropres à la consommation. En raison tout simplement du fait que des enquêtes ont prouvé qu’ils sont nourris aux excréments. Surtout ceux en provenance de la Province du Guangdong (Chine), dont une part de l’alimentation est constituée d’excréments de porcs et d’oies. Or, les déjections animales sont fréquemment porteuses de bactéries telles que les salmonelles, selon une enquête.
Le deuxième type de poisson importé actuellement chez nous et commercialisé sous forme de filets congelés, le Panga, est un poisson en provenance du Vietnam, issu de culture industrielle intensive. Ce poisson serait nocif à plus d’un titre, qu’il est pêché dans l’un des fleuves les plus contaminés de la planète, le delta du Mekong. « Les pangas sont infectés, à hauts niveaux, de venins et bactéries (arsenic, résidus industriels toxiques et dangereux, sous-produits du secteur industriel en pleine croissance, métaux contaminés)… » selon une autre étude des services vétérinaires américains. Laquelle ajoute que ces types de poissons sont alimentés avec des poissons morts, des restes d’os et avec une farine d’Amérique du Sud, le manioc et des résidus de soja et graines. Qui ressemble beaucoup à l’alimentation des vaches folles (vaches qui furent alimentées avec des bovins morts et réduits en aliment bétail).
De même, des scientifiques ont découvert que si l’on fécondait les femelles panga avec des hormones féminines dérivées de l’urine déshydratée de femmes enceintes, elles produiraient ses œufs plus rapidement et en grande quantité, ce qui n’arriverait pas dans un environnement naturel (une femelle panga arrive ainsi à produire 500.000 oeufs en une fois).
Excessive prudence ?
A l’ANSA (Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire des Aliments), nous avons été invités à prendre langue avec la directrice, la structure n’ayant pas pour vocation de déterminer la présence ou non de tel ou de tel produit sur le marché, mais d’assister aux activités d’analyse et de contrôle des aliments sur demande expresse de n’importe quelle structure, publique que privée. Même observation à la direction régionale de la Santé du district de Bamako. Joint au téléphone par nos soins, le chef de division Santé publique de cette direction, nous a également invité à venir prendre contact avec sa patronne : « Je viens de prendre fonction, il y’a de cela deux semaines seulement. Pour cela, il serait difficile de me prononcer sur de telles questions » indique Dr Kane, chef de la division concernée. Quant à son prédécesseur, le Dr Bamba Kéita, il a lui aussi choisi la formule de réserve. « Je suis nouvellement affecté à la tête d’une autre division au niveau de la DNS, ce domaine n’est plus le mien».
Au bout du fil, le directeur national du Commerce et de la Concurrence, M. Modibo Kéita, a été on ne peut plus clair : « Vous dites que ce sont des produits importés, dans ce cas seule l’administration des douanes pourra confirmer ou démentir votre information » nous a-t-il dit avant de nous inviter à bien lire les textes qui définissent les missions de chaque structure. « Il ne peut pas y avoir des produits importés sans que cela passe par des cordons douaniers, la douane est seule habilitée à éclairer votre lanterne », a-t-il conclu.
La douane confirme la présence sur le marché des poissons congelés importés d’Asie !
A la direction générale des douanes, nous n’avons pas pu trouver de rendez avec l’actuel directeur général, M. Modibo Kane Kéita. Toutefois, dans une circulaire (N°0017/MEF-DGD-DRPPV), le directeur général des douanes, Modibo Kane Kéita déclare : « il me revient que des poissons congelés en provenance des pays asiatiques notamment la Chine et le Vietnam existent sur le marché malien ». Et de signaler que « les différentes investigations menées auprès des structures n’ont pas révélé de cas d’importations régulières desdits poissons ».
A travers la lecture de cette lettre circulaire, qui date de juin 2016, tout laisse croire que ces poissons sont bel et bien sur le marché local. Et ce, à cause de l’importation frauduleuse, entretenue par la complicité certaine des opérateurs économiques (que nous ne tarderons pas à dévoiler) et certains bureaux des douanes. C’est pourquoi, le directeur général des Douanes a souligné dans sa circulaire que : « ces agissements frauduleux, si on y prend garde, risquent de porter un coup sérieux à notre économie nationale, annihilant du coup nos efforts pour la mobilisation des recettes douanières et offrent un cadre de concurrence déloyale sous le couvert de l’origine communautaire », tout en exhortant à plus de vigilance, et à un contrôle physique sur ces produits. Cependant, on constate toujours la présence de ces poissons congelés dans certaines grandes surfaces commerciales et sur le marché local.
Moustapha Diawara
Source: Le SURSAUT