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Gouvernement d’union nationale : Chronique d’une mort programmée de la transition

Qu’il soit un gouvernement d’union nationale, de consensus, de large ouverture, de crise, le Mali, à ce stade, n’en a pas besoin. Il a plutôt besoin d’union sacrée pour relever les multiples défis auxquels il fait face depuis 2012. Pourtant, c’est le contraire chez certaines formations politiques. Depuis quelques semaines, on assiste à un redéploiement de leurs précurseurs sur la scène politique pour tâter le pouls des Maliens: formation d’un gouvernement d’union nationale.

Pourquoi ? L’insécurité gagne du terrain. Les élections ne pourraient plus se tenir à date. En prélude à ce complot, de nouvelles coalitions politiques voient le jour dans le but de bien négocier leur entrée dans un gouvernement.

Basta ! La classe politique malienne, issue du coup d’État de mars 1991, ne recule devant rien pour satisfaire ses desiderata, malgré sa gestion désastreuse des affaires publiques durant les trois dernières décennies. É peine nos larmes séchées suite aux attaques terroristes meurtrières contre le bateau ‘‘Tombouctou’’, les camps de Gao, de Ber, de Bourem, de Léré, certains partis politiques pas des moindres sortent de leur gong. Ils réclament déjà un gouvernement d’union nationale qui, selon eux, représentera toutes les couches socio- professionnelles de notre pays. Si cet appel de désespoir d’une poignée d’arrivistes trouve écho auprès des autorités de la transition, il allongera la liste des complots militaro- civils contre le Mali depuis le coup d’État du 19 novembre 1968.

Si jusqu’ici, la transition malienne, pilotée d’une main de fer dans un gant de velours, tient encore bon, c’est parce que l’équipe gouvernementale n’est pas truffée d’hommes politiques aux ambitions personnelles guidées par la recherche du gain facile. Elle doit sa survie aux femmes et hommes conscients de l’état de délabrement dans lequel ils ont trouvé notre pays après plus de trente ans de gestion oligarchique au nom d’une ‘‘démocratie copier-coller’’ et animés de la seule volonté de le mettre sur pied au bénéfice de l’ensemble de la population malienne. Elle tient aussi sa crédibilité grâce au rejet de la vieille classe politique qui ne pense qu’à son tube digestif dont l’insatiabilité a conduit notre pays au bord du chaos. Et malgré cet état pitoyable, elle croit être sortie des cuisses de Jupiter pour conduire les destinées du Mali et profiter impunément des biens publics comme au bon vieux temps de la démocratie importée.

Longtemps laminée par les soutiens de la transition pour son rôle néfaste dans le délitement de l’État malien et accusée de pactiser avec le diable pour préserver ses intérêts personnels, la classe politique se manifeste de plus en plus. Elle a trouvé plus de voix avec les attaques barbares contre les civils et les militaires engagés au front pour récupérer l’intégrité territoriale de notre pays. Elle a produit des communiqués dans lesquels elle condamne ces attaques lâches et a lancé un appel au rassemblement pour lutter contre l’insécurité qui gagne du terrain. Mais ce qu’il faut craindre, derrière ses bonnes intentions, se cache le piège de la formation d’un gouvernement d’union nationale, dont elle a appelé de tous ses vœux depuis le début de la transition.

Ce gouvernement qu’il soit d’union nationale, de consensus, de large ouverture, de crise, le Mali, à ce stade, n’en a pas besoin. Il a plutôt besoin d’union sacrée pour relever les multiples défis auxquels il fait face depuis 2012. Pourtant, c’est le contraire chez certaines formations politiques. Depuis quelques semaines, on assiste à un redéploiement de leurs précurseurs sur la scène politique pour tâter le pouls des Maliens: formation d’un gouvernement d’union nationale. Pourquoi ? L’insécurité gagne du terrain. Les élections ne pourraient plus se tenir à date. En prélude à ce complot, de nouvelles coalitions politiques voient le jour dans le but de bien négocier leur entrée dans un gouvernement.

Ce piège, tendu par les briscards de la politique malienne pour un retour revanchard aux affaires, est à éviter à tout prix. Sinon, elle consacrera la mort programmée de la transition malienne. Car, un gouvernement d’union nationale ou de crise n’est ni plus, ni moins qu’un partage de gâteau au détriment des intérêts vitaux de la population malienne. On se rappelle la transition de 2012. La coalition des partis politiques après avoir obtenu la tête du Premier ministre Cheick Modibo Diarra, parvient à constituer un gouvernement d’union nationale. C’est de là que tout est le mal de notre pays est parti. Il a été ‘‘vendu’’ aux enchères à la France qui a militairement occupé notre territoire national durant neuf ans avant de partir sur la pointe des pieds avec l’arrivée des militaires au pouvoir le 18 août 2020. C’est la transition jamais égalée à la course effrénée de l’argent facile et du bradage du patrimoine national. Les représentants des partis politiques ont fait le plein de leurs poches et les caisses du parti. Ils ne sont pas passés par mille chemins pour dépouiller l’État et le peuple malien de ses biens. Des marchés fictifs des millions de nos francs ont été attribués à des militants, des véhicules neufs de l’État ont été mis à la réforme au profit des cadres du parti, des parents, des amis, des bâtiments publics vendus à des prête-noms, des Titres fonciers (TF) de l’État morcelés, des paysans spoliés de leurs terres. La liste est loin d’être exhaustive.

Ce brigandage s’est malheureusement poursuivi avec l’élection en 2013 d’Ibrahim Boubacar Keïta. Les mêmes effets produisant les mêmes causes. Un coup d’État balaie le régime prédateur et corrompu du président Keïta, inaugurant une nouvelle ère pour notre pays. Même si tout n’est pas rose, les autorités de la transition montrent déjà la voie que le Mali peut compter sur ses dignes fils pour relever les défis de la bonne gouvernance. Il sera suicidaire d’abandonner cette voie de relance de notre pays sur les rails au profit d’un gouvernement de profiteurs et dont les membres ne se soucieront pas du devenir de notre pays.

Le Mali gagne mieux dans la formation d’un gouvernement d’appel à candidatures que de faire appel à des gens dont leur seule vocation est de piller les richesses nationales pour s’enrichir dans l’impunité et de comploter avec l’extérieur contre les intérêts fondamentaux du Mali.

Yoro SOW

Inter De Bamako
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