L’Afrique a besoin d’institutions fortes, rappelait le président américain, Barack Obama, lors de sa première visite en Afrique qui l’avait conduit au Ghana. Le paraphrasant, au vu des différents soubresauts dans les milieux du football africain ces dernières années (Cameroun, Côte d’Ivoire, Sénégal, Mali…) disons tout simplement que le football africain a besoin aussi de fédérations fortes, bâties sur un socle institutionnel solide en mesure d’insuffler un élan de bonne gouvernance. C’est à ce niveau qu’il faut savoir apprécier, à sa juste valeur, le chantier titanesque engagé par la Fédération malienne de football (Fémafoot).
éconcilier les acteurs du football malien est un impératif au vu des lézardes provoquées par les déchirements de ces dernières années. Les dirigeants sportifs ont entretenu une querelle de clochers devenue finalement désagréable pour les jeunes pétris de talents et qui ne demandent qu’une seule chose : jouer au ballon pour se faire plaisir et en même temps exprimer leur savoir-faire, mais aussi trouver des débouchés à l’international pour rentabiliser leur art de taper dans le cuir rond.
En effet, les situations de rente des uns et des autres dirigeants déclarés du football national, les jeunes footballeurs s’en tapent le jabot. Ce qu’ils veulent, c’est que les conditions soient créées afin que les compétitions se déroulent sans encombre et que le ballon roule, roule encore pour eux. Les égos et les calculs d’intérêt de quelques personnes ne doivent prendre en otage le football malien.
Normal donc que la réconciliation des acteurs du football fût choisie comme premier point du programme de Mamoutou Touré dit Bavieux, programme sur lequel il est élu et doit donc constituer, à l’heure des comptes, la référence la plus sure de son bilan. Mais plus que la réconciliation, la Fémafoot a vraiment besoin d’un socle de stabilité en mesure de lui épargner les nombreuses protestations et contestations qui ont fait du football malien, ces dernières années, l’un des plus gros clients du Tribunal arbitral du sport (TAS) à Zurich.
Une image d’incompréhension permanente qu’il faut d’ailleurs vite dépasser puisque tendant à installer une atmosphère délétère, pendant que, en contrepartie, on exige des résultats, en termes de performance, aux dirigeants fédéraux que l’on cherche à couvrir pourtant de pou et de boue. Le sport en général et le football en particulier constituent de vrais outils de paix, de réconciliation et de cohésion nationale, de sorte que le football, par son caractère très populaire mais aussi par la dangerosité de la passion qu’il peut engendrer, ne doit être manipulé dans le mauvais sens, surtout dans la situation où se trouve le Mali qui a besoin de rassembler tous ses fils pour relever les défis.
Un vaste chantier de réformes incontournables pour la stabilité de la Fémafoot
Initier des réformes nécessaires au plan institutionnel, gage d’une bonne gouvernance de la Fémafoot, c’est une nécessité que la Fifa a d’ailleurs mise en exergue lors de l’installation du feu Comité de normalisation (Conor) pour introduire des réformes. Le Conor a certes fait le minimum en ce sens, travaillant ainsi de son mieux pour écouter la période transitoire afin d’un retour à la normale. Mais le Conor, ne pouvant tout faire, a ouvert un vaste chantier de réformes incontournables pour la stabilité de la Fémafoot et la bonne gouvernance du football national. Ce que, certainement, les acteurs du football ont compris en accordant leur confiance à Mamoutou Touré dit Bavieux dont le programme proposé pendant la campagne pour l’élection du Comité exécutif de la Fémafoot avait mis en bonne place le projet de renforcement du dispositif institutionnel de la Fémafoot pour une bonne gouvernance du football national, en plus de la question des infrastructures dont le besoin ne se discute pas.
Réalisation d’un audit institutionnel
Il convient de noter que sitôt après son installation comme président de la Fémafoot, Mamoutou Touré dit Bavieux a fait procéder à un audit institutionnel dont l’application des conclusions est toujours en cours et se concrétise par la mise en place progressive de nouveaux services au sein de la Fémafoot et l’amélioration des conditions de travail, avec la décision-phare d’acquisition d’un nouveau siège de la Fémafoot, celui actuel étant devenu exigüe et inadapté aux nouvelles exigences de la gestion du football national.
A ce niveau, le projet connaît des avancées significatives et la Fifa l’a approuvé, en même temps qu’elle a donné son accord de financement du Centre technique professionnel qui sera construit dans la zone aéroportuaire, un modèle en Afrique. Ce nouveau siège de la Fémafoot prévu sera la vitrine de l’administration du football national.
A propos du Centre technique que nous avons évoqué, il faut comprendre que c’est le deuxième du genre que la Fifa va financer au Mali. Ce qui est quand même exceptionnel, mais se justifie par le fait que l’actuelle équipe fédérale présidée par Bavieux a pu convaincre la Fifa de la non viabilité du premier centre aménagé à Kayo, sur la route de Koulikoro. En zone inondable, il est non praticable. En plus, pour des nécessités de renforcement du dispositif sécuritaire national, l’Armée malienne l’occupe depuis 2012, lors de l’occupation d’une partie du territoire par les narco djihadistes. C’est sur autorisation du président de la Fémafoot d’alors, feu Hamadoun Kola Cissé, suite à une demande insistante du gouvernement qui trouvait le site idéal pour certaines de ses opérations afin de faire face à la situation sécuritaire. C’est dans ce cadre que les instructeurs européens de l’Eutm l’utilisent pour des formations.
Construction d’un nouveau centre technique
Suite à un dossier bien ficelé, le Comité exécutif actuel de la Fémafoot a pu décrocher l’accompagnement de la Fifa pour la réalisation d’un nouveau Centre technique dans la zone aéroportuaire et dont la première pierre a été posée par le président de la Fifa, Gianni Infantino. Ce projet a un coût de près de 4 milliards de nos francs et selon les experts, il sera un modèle en Afrique.
Construction d’un siège pour chaque ligue régionale
Que dire aussi de l’idée merveilleuse de construire un siège pour chaque ligue régionale ! Ce projet avait buté à une difficulté au départ puisqu’il fallait, pour chaque ligue, disposer d’un terrain avec le Titre foncier (TF) en son nom pour que le projet puisse y être réalisé. Cet obstacle est quasiment levé puisque chaque ligue régionale a désormais son TF, sauf Bamako. La Fifa a approuvé ce projet, mais précise qu’elle ne pourrait s’engager qu’après la réalisation du centre technique. En effet, conformément à ses règles de fonctionnement, la Fifa ne peut financer deux projets à la fois pour une même fédération. Raison pour laquelle, vu l’urgence de la question, la Fémafoot a décidé de trouver elle-même les moyens de commencer la réalisation de ce projet de construction de sièges de ligues régionales et deux régions sont déjà ciblées pour cela : Sikasso et Gao. Il s’agit d’un plan architectural harmonisé pour toutes les régions afin de constituer ainsi un symbole d’identité du siège de l’administration du football dans chacune des régions du Mali. Le plan architectural est déjà disponible.
Une kyrielle de textes adoptés en vue d’une bonne administration du football malien
Mais que vaut un siège régional sans une réglementation claire et précise en ce qui concerne la gestion du football au plan régional ? C’est pour cela que le statut des ligues régionales de football a été adopté. Autant il y aura un plan type du siège, autant il y a un statut-type des ligues régionales. Evidemment, la modification de certaines dispositions est possible pour s’adapter aux réalités locales, mais elle ne pourra se faire qu’avec l’accord de la Fémafoot. Ce statut des ligues régionales est un échantillon de la kyrielle de textes adoptés en vue d’une bonne administration du football malien. Parmi lesquels on peut citer : les Statuts révisés de la Fémafoot ; le Règlement d’application desdits Statuts; les Règlements généraux de la Fémafoot ; le Règlement d’affiliation à la Fémafoot ; les Statuts de la Ligue nationale de football professionnel; le Règlement de l’Assemblée Générale de la Fémafoot ; le Code électoral de la Fémafoot. Tous ces textes ont été adoptés par l’AG de la Fémafoot tenue les 16 et 17 octobre 2021. A cet arsenal institutionnel déjà impressionnant, il faut ajouter : le Règlement financier ; le Statut-type des ligues régionales et les Statuts de la Ligue de football féminin, tous adoptés lors de l’Assemblée Générale du 19 mars 2022.
Il faut retenir que si des textes sont adoptés par l’Assemblée Générale, il y en a qui, découlant de l’application de dispositions prises par l’Assemblée Générale, sont directement adoptés par le Comité exécutif de la Fédération, conformément aux dispositions statutaires. C’est ainsi que le Code disciplinaire et le Code d’éthique ont été tous les deux adoptés par le Comité exécutif de la Fémafoot, le 16 décembre 2021. C’est donc un gigantesque chantier que le Comité exécutif de la Fémafoot a engagé pour créer un véritable environnement de promotion du football national sur la base d’une gestion saine parce que reposant sur un socle institutionnel solide et fermant la porte aux interprétations diverses, sources d’incompréhension.
La Fémafoot félicitée pour sa gestion des fonds Covid-19
Cette gestion saine a des signes avant-coureurs puisque, au moment où la Fifa félicite la Fédération malienne de football pour sa gestion exemplaire des fonds Covid-19, des dirigeants de fédérations nationales de football d’autres pays reprochent à Bavieux cette transparence qui les gêne parce qu’ils avaient certainement d’autres idées sur ces fonds Covid. Effectivement, le monde étant désormais un village planétaire où l’information circule très vite, l’exemple du Mali est cité à ce sujet par des acteurs du football qui ont demandé à l’équipe fédérale de leur pays d’en faire autant. Comme on le voit, on ne peut ramener tout le travail de la Fémafoot à un échec d’une qualification à la Coupe du monde, en oubliant d’ailleurs que cette performance d’accéder aux barrages de la Coupe du monde, pour la première fois, s’est réalisée avec la même équipe fédérale qu’on tente de vouer aux gémonies. Attendre l’heure du bilan et le moment des élections à la Fémafoot pour s’activer serait l’idéal pour en finir avec cet esprit complotiste qui rôde autour du football national depuis quelques années.
Amadou Bamba NIANG
Source: Aujourd’hui-Mali