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FORCES ARMEES MALIENNES : CHRONIQUE D’UNE RENAISSANCE

Passée par le blutoir d’un cinglant revers au Nord face à une coalition rebello-jidadistes; les Forces armées maliennes (FAMA), à la suite d’un sursaut patriotique, s’inscrivent dans la logique de la défense et de la protection de l’intégrité territoriale conformément à leur vocation.

Soldats armée malienne bérets rouges défilé militaire 20 Janvier

’agression extérieure de notre pays par les rebelles du MNLA, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), Al qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) est venue brusquement rappeler la mission première de toute armée qui est la protection du territoire national. Ce, alors qu’il y a une vingtaine d’années, les autorités d’avant l’ère démocratique s’attelaient à ajouter une nouvelle corde à la vocation de l’armée, à savoir celle en faire une armée de développement. La donne du Nord qui est la résultante d’une instabilité de l’ensemble de la région est venue ramener cette armée aux fondamentaux de sa mission qui se trouve être celle de toute armée : protéger le territoire et les personnes qui y vivent.

L’humiliation suprême

Dans l’accomplissement de cette mission, dans le Septentrion, en 2012, à la stupéfaction générale, cette armée a fait l’étalage d’une impréparation qui tranche nettement avec sa réputation de bravoure et de compétence enlevée de haute lutte sur bien d’autres théâtres d’opérations. Cela, du temps de nos ancêtres jusqu’à cette date fatidique du 1er avril 2012, aux environs de 9 heures, où la ville sainte de Tombouctou est tombée entre les mains des assiégeants après Tessalit, Kidal, Gao. Les FAMA étaient contraintes et forcées d’évacuer toutes leurs positions dans les trois régions du Nord subissant ainsi leur débâcle la plus cinglante ; mais également, l’humiliation suprême pour tout un peuple dont l’armée est l’un des symboles de la fierté. À vrai dire, ce n’était plus « un repli tactique », mais une débandade généralisée. Une des pages les plus sombres de notre histoire venait d’être ouverte avec l’occupation des trois régions du Nord et les exactions infligées aux populations civiles.

Sur cette page sombre, sous peine de faire une insulte à l’histoire et à la mémoire des soldats morts en héros, il convient de rappeler ici l’épisode de Aguelhock. En effet, le 24 janvier 2012, après l’échec d’une première attaque, le 17 janvier, le camp d’Aguelhock était pris par le MNLA et des combattants islamistes. Les soldats, privés de renfort, à court de munitions, ont fini par se rendre. Ils ont été égorgés ou éventrés (pour les Arabes et les Touareg) ou exécutés d’une balle dans la tête (pour les peaux noires) dont les mains avaient été préalablement ligotées au dos. ATT a parlé de 95 morts dans ce massacre ; alors que L’Association malienne des droits de l’homme (AMDH), elle a avancé le chiffre de 153 victimes militaires.

Le camp d’Aguelhock était commandé par le capitaine Sékou TRAORE dit Bad, commandant de l’unité méhariste de ladite localité et ancien leader estudiantin.  Ce Capitaine et ses hommes ont refusé de fuir devant l’ennemi. Ils se sont battus jusqu’à la mort. Comme quoi, il n’y avait pas et il n’y a pas que de trouillards dans l’Armée malienne. Ceux-ci aussi méritent les honneurs de la Nation pour qu’ils restent éternellement des modèles et des exemples de bravoure. Parce que Aguelhock, ce n’est seulement le symbole de la barbarie, d’un camp ; c’est aussi celui du courage à toute épreuve de l’autre camp, à savoir le camp des soldats maliens.

Le ver dans le fruit

À la décharge des FAMA, leur retentissant échec pourrait s’expliquer par un contexte sécuritaire qui avait rapidement évolué sans qu’elles ne se mettent au diapason ; la forme des menaces avait changé tout comme les acteurs en face et les modes opératoires. Combattre les terroristes est différents de mener une guerre classique.

Mais, il est aussi vrai que le commandement, pour une grande part, avait bien d’autres préoccupations que celles de prendre le devant de la troupe et de lui montrer le meilleur exemple de ce que doit être un soldat. La rivalité n’était plus de mériter les galons à l’aune de la valeur militaire intrinsèque, parce que dans nombre de cas, ils étaient donnés ou simplement distribués selon les humeurs du prince du jour en fonction du niveau d’allégeance et de courtisanerie des heureux bénéficiaires.

En fait de rivalité ou de saine émulation, l’on a assisté à une compétition immonde dont le terrain de prédilection était l’accaparement, à qui mieux mieux, des terres ; les trafics de marchandises et d’influence ; les détournements à la pelle…

La réaction violente des hommes de troupe à l’encontre de nombreux officiers, au lendemain du coup d’État des capitaines, est suffisamment révélatrice des rancunes tenaces par rapport à des comportements très peu honorables de la part de chefs hiérarchiques.

Dans un tel contexte où le ver était dans le fruit, l’Honneur, la Patrie, le Devoir étaient presque de vains mots tombés en désuétude.

Dès lors, ce qui est arrivé à notre pays ne pouvait qu’arriver…

Le tournant décisif

D’autre part, le lancement de l’opération Serval, le 11 janvier 2013, a indéniablement marqué un tournant dans la crise que traversait notre pays et une double renaissance.

Primo, celle de la libération des villes occupées par une horde de narcoterroristes. Il s’agissait d’une nouvelle indépendance comme l’a dit le Président HOLLANDE, à Bamako, devant le Monument de l’indépendance, après une visite à Tombouctou le 2 février 2013.

Secundo, cette intervention étrangère était l’occasion inespérée pour les Forces armées maliennes de reprendre du poil de la bête et de laver l’affront qui lui a été infligé. Non pas par des exactions sur les populations civiles de peau blanche comme certaines opinions mal intentionnées ont tenté de la faire croire ; mais par une reprise en main de la situation avec, pour le moment, le soutien de la Mission intégrée des Nations-Unies pour la stabilisation du Mali (Minusma).

Bien avant d’être élu, le Président Ibrahim Boubacar KEITA avait annoncé les couleurs.

Dans son Discours de lancement de campagne, au Stade du 26 mars, le 7 juillet 2013, il soutenait : « Pour l’honneur du Mali, je rétablirai la sécurité sur l’ensemble de notre territoire. Je serai le garant de la sécurité de tous les Maliens. Mais aussi des étrangers qui viennent sur notre territoire, et dont l’appui nous est décisif. Pour moi, la sécurité n’a pas de prix. Pour la garantir, je veux reconstituer une capacité de défense et de surveillance du territoire. Désormais, aucun groupe terroriste ou criminel ne franchira la frontière du Mali sans trouver devant lui les forces armées nationales en position de combat. Je le dis, je le ferai ! Inch’Allah ! »

Élu Président de la République, IBK maintient plus que jamais le cap qu’il avait fixé. Son action comme on a pu le constater concerne le sommet ; mais également la base de l’armée avec, par ailleurs, une très grande activité sur le terrain diplomatique pour partager sa vision sécuritaire avec l’ensemble de la communauté internationale.

Ainsi, à la tête de l’Armée, il a placé des hommes d’une très grande compétence professionnelle, à l’instar du chef d’état-major général des Armées, Mahamane TOURE et de son adjoint, Didier DAKOUO. La sécurité d’État a été confiée à un homme qu’il connaît personnellement pour avoir assuré à un moment donné sa sécurité. Il en est de même pour plusieurs autres postes stratégiques.

La batterie de mesures

Des mesures visant à restaurer l’unicité de la chaîne de commandement et le respect de la discipline ont été engagées afin de rétablir au sein des forces armées des principes et des règles de base de son fonctionnement.

Au niveau de la base, une attention particulière est accordée à la formation des bataillons, à travers la poursuite de la Mission européenne de formation (EUTM) basée à Koulikoro ; mais également des groupes de soldats sont envoyés en formation à l’étranger.

Pour conforter l’armée, sur une prévision de 10 000 hommes, 4 000 jeunes ont été recrutés.

D’importants efforts ont été consentis en vue d’assurer l’équipement des forces armées et de sécurité en matériels roulants et en matériels de communication, de maintien d’ordre et de protection

A l’occasion de la présentation des vœux du Nouvel An de l’Armée, IBK a fait savoir au Chef d’état-major général des Armées : « L’appui de la Nation, à travers la Loi d’Orientation et de programmation militaire, en cours d’élaboration, ne fera pas défaut. Rien ne sera de trop pour préserver la sécurité et la quiétude de nos concitoyens ».

Au nombre des avancées significatives sur le plan de la défense et de la sécurité, faudrait-il noter un début d’effectivité du cantonnement des rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA).

Parallèlement à cela, il y a le renforcement du dispositif militaire et sécuritaire à Kidal. Il s’agit là d’autant de prémices de la renaissance de notre armée dont la célébration du 53e anniversaire marque un nouveau départ.

Par Bertin DAKOUO

Source: Info-Matin

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