Les clubs allemands ont ouvert la voie de la reprise des matchs de football en Europe, samedi 16 et dimanche 17 mai, à huis clos et avec moult précautions sanitaires, laissant espérer à d’autres championnats qu’il pourrait en être de même pour eux rapidement. En l’occurrence, ceux qui poussent le plus fort en ce sens – depuis plusieurs semaines maintenant – sont la Liga espagnole, la Serie A italienne et la Premier League anglaise. Il leur faut toutefois convaincre leurs gouvernements respectifs. Et, contrairement à ce que les ligues professionnelles de football de ces pays avaient pu penser un moment, cela ne se fait pas sur un simple claquement de doigts.
Le football italien a ainsi dû renoncer, au dernier moment, à la reprise, lundi 18 mai, des entraînements collectifs, qui avait été programmée voici quelques jours. Motif : le protocole sanitaire anti Covid-19 n’avait pas encore été validé par le comité technique scientifique (CTS), selon les informations du quotidien sportif la Gazzetta dello Sport.
Dans un communiqué, la fédération a expliqué s’être mise en conformité avec les dispositions du décret pris dimanche par le chef du gouvernement dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. Ce décret prévoit notamment la suspension jusqu’au 14 juin de toutes les compétitions sportives. La fédération précise toutefois que ce choix a été fait « dans l’attente d’une nouvelle et souhaitable décision des autorités compétentes », ce qui laisse entendre que la possibilité d’une reprise du championnat le 13 juin existe encore.
Une réunion est prévue à brève échéance entre le Premier ministre Giuseppe Conte et les dirigeants de la fédération et de la Ligue. Le Comité technique et scientifique qui conseille le gouvernement doit également donner dans les prochains jours un avis sur le nouveau protocole sanitaire proposé par le monde du football.
« Le critère numéro un sera la sécurité du public »
En Angleterre, ce retour aux entraînements collectifs, initialement également prévu lundi, devrait voir lieu mardi 19 mai. Les 20 clubs de la Premier League ont voté, lundi, « à l’unanimité » en faveur de cette reprise « en petits groupes », « tout en maintenant les mesures de distanciation sociale ».
Quant à la reprise des matchs, le gouvernement, par la voix du secrétaire d’Etat en charge des sports, Oliver Dowden a redit qu’il espère que ceux-ci pourront reprendre mi-juin. « J’ai eu des discussions très productives jeudi avec la fédération, la Ligue de football et la Premier League. Nous travaillons dur avec eux pour essayer de revenir, en visant la mi-juin », a expliqué Oliver Dowden.
Mais ce dernier a aussi redit, comme le fait l’exécutif britannique depuis plusieurs semaines, que « le critère numéro un sera la sécurité du public ». La Premier League prévoyait initialement une reprise des matches le 9 juin, mais son projet a pris du retard face aux réticences diverses sur la sécurité sanitaire ou les modalités de la reprise, comme les matches sur terrains neutres. La date cible serait maintenant le 12 juin.
« Une consultation large va se poursuivre avec les joueurs, les entraîneurs, les clubs, (les syndicats des joueurs et des entraîneurs) pendant qu’un protocole pour le retour à des entraînements complets sera mis au point », a expliqué, lundi, la Premier League.
Phase 3 du « plan de désescalade » en Espagne
L’entraînement collectif, par petits groupes, était en revanche au programme des clubs espagnols en ce lundi 18 mai (ils avaient déjà repris les entraînements individuels à partir du 8 mai). Le FC Barcelone est ainsi retourné sur les terrains de son centre d’entraînement en tout début de matinée et a publié sur ses réseaux sociaux des photos de cette séance. Le Real Madrid a fait de même dans son complexe de la banlieue de la capitale espagnole.
Cette reprise s’inscrit dans la phase 3 du « plan de désescalade » progressif voulu par le gouvernement espagnol, qui autorise des groupes de 10 joueurs au maximum. La décision concerne l’ensemble des clubs, y compris ceux comme le Barça ou le Real qui se trouvent dans des régions où les phases de déconfinement sont moins avancées.
La Ligue espagnole de football espère une reprise du championnat « à partir du 11-12 juin ». « Nous travaillons pour être prêts quelle que soit la date. Ce sont les autorités sanitaires qui diront quand on commencera », a répété le patron de LaLiga, Jose Tebas, dimanche soir.
« Des considérations économiques, dans d’autres pays, ont pris le pas »
En France, la ministre des sports, Roxana Maracineanu a justifié, une nouvelle fois, la décision du gouvernement d’annoncer, le 28 avril, que « la saison 2019-2020 de sports professionnels, notamment celle de football, ne pourra[it] pas reprendre ». « C’était important pour moi de donner la primauté à l’aspect sanitaire et au bien-être psychologique des athlètes sur des considérations économiques qui, effectivement, dans d’autres pays, ont pris le pas », a-t-elle déclaré lors d’une visite à l’Insep pour le retour de certains sportifs à l’institut de haute performance.
La ministre a reconnu qu’il y avait une « notion d’équité en jeu » car, en cas de reprise des compétitions européennes, en premier lieu la Ligue des champions, les clubs français, le PSG et Lyon, qui sont encore en lice, ne bénéficier dont pas de la même phase de préparation que leurs adversaires. « Il y en a qui ont fait le choix de reprendre leurs championnats, parce que, sans doute, et je le sais pour en avoir discuté avec mes homologues des grands pays européens du football, c’était des questions économiques qui étaient en jeu », a insisté Roxana Maracineanu.