Le Mali a célébré le 58ème anniversaire de son indépendance le samedi dernier. Pour la circonstance, une équipe du Quotidien « Le Pays » a fait le tour de la capitale malienne pour recueillir les impressions des populations.
Sériba Traore : « Cette fête de l’indépendance n’a pas de sens ».
« Ma pensée relative à la fête du 22 septembre est que le Mali ne devrait en toute vérité pas accepter de fêter cette date en ce moment. Ceux qui ont fait la fête, certes ils n’ont pas du mal, mais compte tenu de l’occupation d’une certaine partie de notre territoire, on ne devrait, selon moi, pas faire cette fête qui témoigne comme voudrait la logique, de notre capacité militaire à résister face à toute menace ou attaque manigancée par quiconque contre le Mali. Or, cela n’est pour l’instant pas le cas de notre armée empêchée depuis longtemps de se présenter dans certaines zones du territoire malien. Le Mali ne devrait aucunement fêter cette indépendance, parce qu’elle n’honore pas le pays. Je pouvais comprendre la fête de l’indépendance par les ex-présidents comme Modibo Keita, Moussa Traoré et même Alpha Oumar Konaré qui le méritaient parce que le pays n’était pas sous l’occupation des terroristes. Je le dis parce que sous le régime de ces trois présidents, les Maliens pouvaient partir partout où ils voulaient, chose qui n’est plus le cas, de nos jours. Aucun Malien ne peut tranquillement dormir chez lui actuellement à cause de l’insécurité et de l’occupation territoriale par les terroristes. Je termine par dire tout simplement que cette fête de l’indépendance n’a pas de sens »
Abdoul Kader Diarra : « Qu’ils arrêtent de fêter cette indépendance non encore retrouvée par le pays plongé dans une crise sécessionniste »
« Moi en tant qu’analphabète, je pense que le 22 septembre signifie la date où le Mali a eu son indépendance. Et l’indépendance, au sens propre du terme, veut dire qu’on ne dépend pas de quelqu’un. Or, lorsqu’on analyse la situation, on verra que malgré cette indépendance acquise, le Mali vit toujours aux dépens d’autres pays. Donc loin d’être indépendant dans ce contexte. En tant que dépendant des autres, le Mali ne devrait pas essayer de faire pareilles choses. À titre d’exemple, on ne trouve rien de merveilleux qui puisse faire la fierté des Maliens aujourd’hui et les présidents sont loin d’être libres dans l’exercice de leurs fonctions. Surtout le président IBK que nous considérons comme un gouverneur nommé par le président français. De ce fait, nous dirons que le vrai président du Mali est en France. Et tous les autres présidents africains y compris le nôtre, sont nommés gouverneurs par leur chef qui est élu président en France. Pour ce qui concerne la fête de l’indépendance, je pense qu’on ne devrait pas le faire parce que la vraie indépendance désirée par le peuple est loin d’être acquise. Le Mali vit le pire moment de son histoire, aujourd’hui. Donc le mieux, pour moi, est qu’ils cessent de fêter cette indépendance non encore retrouvée par le pays plongé dans une crise scissionniste de son territoire comme constatent tous les compatriotes. Cette fête peut avoir beaucoup de conséquences, surtout qu’elle ne concerne que Bamako seul, sans les autres régions. Quant à moi, il faut qu’ils arrêtent de tout centraliser à Bamako sinon le pays risque d’être encore divisé et cette fois-ci même par trois ».
Drissa Diakité : « Malgré qu’on ne soit pas totalement indépendant, je pense que cette fête du 22 septembre a été un peu bonne »
« Malgré qu’on ne soit pas totalement indépendant, je pense que cette fête du 22 septembre a été un peu bonne. Car, ce geste peut contribuer à redonner de l’espoir aux Maliens désespères de l’armée et ou du pays. Surtout ceux qui sont à l’extérieur du pays, ce geste les soulage parce que va leur montrer qu’il y a un peu de paix au Mali. Je remercie beaucoup le président Ibrahim Boubacar Keita pour la fête de cette 58ème année de notre indépendance. Je suis aussi ravi par le fait que d’autres présidents ont voulu honorer l’évènement par leur présence personnelle. Mais ce que je peux dire au président (IBK), c’est de continuer d’attacher sa ceinture pour davantage travailler au profit du peuple pour la bonne raison qu’il n’a en réalité pas œuvré durant son 1er quinquennat. Je le dis parce que durant ses cinq dernières années, IBK n’a travaillé qu’au profit des fonctionnaires et des militaires en oubliant la population, totalement. Il faut qu’il fasse beaucoup attention sur ce point qui a terni sa réputation. Je pense aussi que s’il prête attention à ces aspects durant ce mandat, il pourra certainement sortir avec la tête haute ».
Bakary Diarra : « Aucune dignité ne saurait accepter cette fête qui n’honore pas du tout le Mali »
« Tout ce que je pense de cette fête de l’indépendance du Mali, c’est qu’on devrait attendre le jour où le Mali sera libre et indépendant pour manifester une telle joie. Là où nous sommes aujourd’hui, tous les militaires étrangers d’autres nations sont présentement chez nous pour la sécurité et la défense de notre patrie. Et la raison de cette présence témoigne à suffisance que le Mali n’est pas indépendant et c’est ce qui justifie d’ailleurs l’occupation de notre territoire par les terroristes. Je pouvais certainement comprendre la fête de cette indépendance par les Modibo et les Moussa qui n’ont ménagé aucun effort pour la sauvegarde de l’intérêt patriotique du Mali et notamment de l’armée. Mais vu l’état dans lequel le Mali se trouve, pris en otage voire asphyxié par ses ennemis, au lieu de recouvrer cette souverainement territoriale perdue, s’il faut encore aggraver les problèmes existant par la fête de cette indépendance, je considère cela comme une honte pour le peuple et pour le Mali. Tout ce que je peux dire c’est qu’aucune dignité ne saurait accepter cette fête qui n’honore pas du tout le Mali vu qu’il est occupé par ses ennemis et défendu par ceux que personne ne pouvait imaginer venir le faire au Mali auparavant ».
Zoumana Diarra : « Une telle fête ne devrait pas se faire en ce moment critique de notre histoire »
« Honnêtement parlant, je crois qu’il n’était pas du tout nécessaire de faire la fête du 22 septembre 1960, compte tenu de l’état actuel du pays. Là où nous sommes aujourd’hui, tout le monde est inquiet par le fait de la terreur imposée par les terroristes et de l’insécurité grandissante dans le pays. Et malgré cela, s’il faut fêter l’indépendance du Mali, je pense que cela n’est pas du tout bon parce que ça peut être source d’autre chose qu’on ne souhaite encore dans notre pays. C’est pourquoi, j’aurais préféré, concernant la fête de l’indépendance du Mali, qu’ils laissent cette fête pour se pencher plutôt sur la consolidation de la paix et de la réconciliation des Maliens. Donc pour moi, c’est après avoir travaillé sur ces questions prioritaires qu’on pourrait plutôt songer d’organiser une telle fête qui ne devrait pas se faire en ce moment critique de notre histoire. »
Mamadou Diarra stagiaire
Source: Le Pays