Tunis a accueilli le 6 férvier dernier la conférence Prosper Africa. Près de mille participants d’une trentaine de pays se sont retrouvés autour de la nouvelle approche africaine de l’administration Trump pour stimuler les échanges entre l’Afrique et les États-Unis. Washington synchronise le travail de ses agences d’aides aux échanges commerciaux et aux investissements. 450 entreprises étaient représentées lors de cette rencontre.
L’administration Trump avait prévenu fin 2018 : l’aide américaine sera distribuée avec davantage de parcimonie et le développement passera par les entreprises privées. Pour l’ambassadeur américain en Tunisie, Donald Blome, il s’agit avant tout, de la part de Washington, d’une nouvelle approche: « Bien sûr, les entreprises américaines travaillent en Afrique depuis de très longues années, mais c’est une approche coordonnée pour faire fonctionner tous les outils gouvernementaux américains afin de développer le commerce et l’investissement sur le continent. »
Un repositionnement salué par Herman Mbonyo, président de la Chambre de commerce mixte Tunisie-RDC : « En gros, c’est un changement de stratégie et une approche plus réaliste et plus globale de l’Afrique. Et je crois que c’est plutôt techniquement une bonne chose. Après, il faut voir si les promesses seront tenues. Mais très sincèrement, nous ne boudons pas notre plaisir de participer à cette initiative historique aujourd’hui. »
Après les investissements européens et chinois, cette initiative d’une grande puissance n’effraie pas Acacia Bandubola, ministre du Commerce de la République démocratique du Congo : « Nous ne sommes pas figés sur un peuple ou un pays. Nous sommes ouverts à toutes les nations, à tous les continents. Que ce soient les Européens, les Américains, les Chinois et ainsi de suite. Le plus important, c’est venir investir, que l’investissement commence et atteigne la phase finale. C’est-à-dire produire sur place, créer de l’emploi pour le peuple congolais. »
Un enthousiasme partagé par Keita Cheick. Cet homme d’affaires guinéen, président d’Open Business Africa, estime que l’Afrique doit saisir l’opportunité tout en restant vigilante. « Il ne faut pas laisser le marché seulement aux Chinois, souligne-t-il. Les États-Unis ont une force extraordinaire économiquement. Mais attention, il ne faut pas que les choses soient imposées. Il faut que les routes viennent de l’Afrique pour dire : “Voilà notre projet.” Tout le monde a sa place en Afrique, mais les pays africains doivent être souverains. »
Dans cet échange présenté comme gagnant-gagnant, la réciprocité de l’engagement devrait aussi permettre aux entrepreneurs africains d’accéder au marché américain. Ce que salue Marissa Scott-Torres, porte-parole pour l’Afrique, du département d’État américain : « Les entreprises africaines vont avoir accès aux États-Unis qui ont le pouvoir d’achat de plus de 13 000 milliards de dollars, le plus important au monde. Ça, c’est l’opportunité de faire quelque chose de vraiment nouveau. »
En ouverture des travaux, le Premier ministre tunisien a assuré que l’avenir économique du monde passait par l’Afrique. Youssef Chahed a également promis que son pays déploierait tous les efforts nécessaires pour être une porte d’entrée sur le continent.
RFI