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Entre nous: le Mali est-il devenu un pays islamique?

Après les propos de l’imam Bandjougou DOUMBIA, c’était autour de l’Imam Mahmoud DICKO, de se prononcer sur l’état du pays qu’il trouve  alarmant, particulièrement” la mauvaise gouvernance de IBK”. De sa convocation au tribunal de la commune 5, à la manifestation et à son annulation, l’Imam DICKO maintient sa marche de ce vendredi et demande au Président de démissionner d’ici là. C’est alors qu’on se pose la question si le Mali, pays laïc, ne se serait pas transformé en pays islamique?

Le samedi dernier, 29 février 2020, au palais de la culture Amadou Hampate Ba, l’Imam Mahmoud Dicko avait organisé  un meeting dont le  thème  était  “la mobilisation citoyenne, la stabilité du pays “. Si selon les organisateurs l’objectif était d’analyser la situation du Mali en général, il se trouve qu’au cours de cette rencontre l’Imam DICKO a profité pour lancer un ultimatum au Président de la République Ibrahim Boubacar KEITA, de s’expliquer ou bien de démissionner. Cependant, après sa convocation au tribunal de la commune 5, des centaines de personnes ont manifesté devant le tribunal avant même l’heure de sa comparution. C’est ainsi que l’Imam DICKO et  ses fidèles “devenus populaires en un temps records”, obtiennent l’annulation de ladite convocation. Ce qui explique l’ultimatum de la CMAS de l’Imam Mahmoud DICKO qui revendique le départ  sa condition du Président de la République d’ici vendredi.

 L’homme religieux ou politique?

Ancien Président du Haut Conseil islamique malien (HCIM) de janvier 2008 à avril 2019, l’imam sunnite de la mosquée de Badalabougou après avoir soutenu Ibrahim Boubacar Keïta lors des élections en 2013 passe dans l’opposition vers fin 2017. À son appel, 30 000 à 50 000 personnes manifestent contre le gouvernement à Bamako le 05 avril 2019. Le 07 septembre 2019, l’imam Mahmoud DICKO lance la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS), un mouvement politique qui suit sa ligne islamiste. Même si  la Cour constitutionnelle malienne avait publié par avance, un communiqué prévenant que “les partis politiques ne doivent pas porter atteinte à la sécurité et à l’ordre public” et qu’aucun “parti politique ne peut se constituer sur une base ethnique, religieuse, linguistique”, sous peine de sanctions. Le communiqué ne citait pas nommément la CMAS.

“Pour certains observateurs, l’imam est en train de sortir de son rôle et tente de solder ses comptes à IBK, dont le train de vie et les luxueux voyages ne laissent pas indifférent dans un pays en crise comme le nôtre. L’imam Mahmoud Dicko se montre ainsi attentionné et objecteur de conscience afin de marquer l’électorat dans l’éventualité de la présidentielle 2023. Échéance à laquelle il entend jouer un rôle décisif d’au moins un faiseur de roi. Réussira-t-il cette ambition ? Trop tôt pour le savoir.” selon un confrère.

Qu’est ce qui se cache ou Qui se cache derrière cet acte de l’Imam Mahmoud DICKO ?

L’on se rappelle que l’Imam aux casques multiples  avait refusé  50 millions de FCFA qui aurait dû être 100 millions  pour  l’organisation d’un meeting de “prières et de bénédictions pour le Mali” en février 2019 de la part du gouvernement.

En tant que Guide religieux, son rôle devrait être de prôner la paix et de conseiller. Toutefois, dans un  pays démocratique et laïc, le pouvoir revient au peuple de décider et non à un guide religieux de décider à leur place.

“En tout cas un guide religieux, qui était pro IBK,  devient le premier opposant de ce régime, prenant ainsi  la place tant conservée de Soumaïla CISSE, qui d’ailleurs n’a pas dit un  mot sur cet évènement. Et la question qu’on doit se poser est-ce que l’Imam DICKO n’est pas la marionnette de l’opposition qui cherche un moyen pour détruire le régime en place ou bien son compte bancaire est entrain de se vider et qu’il veut l’alimenter de plus belle? Soit il est assoiffé de pouvoir ou d’argent. Sinon la scène politique ne doit pas être son terrain de jeu. ” affirme S Diarra, politologue.

Appelle à la révolution ou au drame ?

L’appelle du guide religieux au peuple, à ses fidèles s’interprète différemment dans la capitale Bamakoise. Même si M. Issa Kaou Djime, porte-parole de l’Imam Mahmoud Dicko, assure que la marche de ce vendredi  se fera de façon démocratique et Républicaine, l’avis de quelques jeunes peut être inquiétants. Dans des grins à Bamako, des jeunes affirment que “ce vendredi restera dans l’histoire, car on nous a dit de sortir avec les moyens qu’on a pour aller revendiquer nos droits”. Cela laisse entendre que des jeunes se préparent à une marche ” non pacifique”.

La crise de confiance entre les politiques et  le peuple a donné des ailes aux organisations religieuses. Si certaines d’entre elles disent ne pas vouloir mélanger religion et politique, d’autres au contraire mordent à l’appât politique. Ce qui fut le cas de l’Imam DICKO. Pour Koni Ouattara “Le pouvoir en place est jugé incompétent à juste titre; Des imans font de la récupération politique sur des terrains qui ne devraient pas être les leur; la majorité des maliens confondent la religion et la politique au grand bonheur de quelques imans ambitieux.”

Dans un pays à 98% musulmans, les guides religieux musulmans doivent contrôler tout ce qu’ils disent ou font afin que le pays ne sombre pas dans l’obscurantisme et l’anarchie. En touchant à toutes les plaies ouvertes de ce régime, l’imam DICKO ne pouvait s’attendre qu’envenimer la situation, mettant ainsi en danger la stabilité du pays qu’il prônait au début.

AFANOU KADIA DOUMBIA, stagiaire

Malijet

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