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El Adji Seydou Patrice Dembele, secrétaire général de l’Amsuneem : “Il fallait que la dictature qui nous gouvernait pendant 23 ans disparaisse”

Selon le secrétaire général de l’Amsuneem, le 26 mars a été effectivement une révolution populaire qui a eu l’adhésion du peuple malien. D’après lui, il fallait que la dictature qui nous gouvernait pendant 23 ans disparaisse et le combat a été long mais bien réussi et il le fallait.

“Si c’était à recommencer, nous qui étions très jeunes à l’époque nous allons mener ce même combat mais c’est un combat de génération dans lequel nous avions nos ainés avec nous, nous avions nos camardes avec nous, nous avions les plus jeunes avec nous, nous avons mené ce combat pour la chute du régime dictatorial, il fallait le faire en son temps”, a précisé le leader de l’Amsuneem. M. Dembélé reste convaincu que c’est la chute de ce régime qui nous a amené ce que nous vivons aujourd’hui.

A l’en croire, si un journaliste vient m’interroger en tant que journaliste, ça fait partie des acquis, la libre expression, le pluralisme démocratique, la voie au peuple, diriger le peuple par le peuple, donner la possibilité au peuple de choisir ses dirigeants. Malheureusement, déplore-t-il, toute œuvre humaine est imparfaite.

Sur les acquis, il y a eu des monuments historiques qui ont été des avancées notamment : le monument de la Pyramide du souvenir, le Mémorial Modibo Kéita, le monument de l’Indépendance, le monument de la Paix. Certes les routes sont dégradées mais les spécialistes ont donné beaucoup de chiffes par rapport à l’extension des routes, énumère-t-il.

A la question de savoir quels sont les acquis en matière de l’éducation, l’un des acteurs du Mouvement démocratique reconnaît que c’est là où les choses n’ont pas bien marché comme ça devrait se passer parce que le premier président démocratiquement élu était un enseignant.

Selon lui, il y a eu trop de réformes qui ont tué le système éducatif. Quand le président démocratiquement élu a passé le relai à un autre président démocratiquement élu qu’on a appelé le bâtisseur, le général Amadou Toumani Touré cela prouve qu’il y a eu des acquis. ATT a fait tout ce qu’il pouvait faire pour ce pays. Même si la fin du mandat a été la catastrophe pour nous-mêmes les acteurs du 26 mars qui avaient contribué à détériorer ce que nous avions construit.

Le secrétaire général de l’Amsuneem pense que les aspirations du peuple ont été bel et bien revisitées et positivement. “Mais maintenant la mise en œuvre, le comportement des hommes c’est autre chose. Nous n’avons pas le même degré d’amour pour le pays, certains viennent pour leurs intérêts particuliers, d’autres viennent pour construire. Les couacs qui ont eu par-ci par-là ne doivent en aucun cas entacher ce qui a eu comme acquis du Mouvement démocratique”.

REVOLUTION DE MARS 1991

« Elle n’a pas échoué, elle a trébuché »

Du point de vue du secrétaire général de l’Amsuneem, Patrice Dembélé, la révolution de mars 1991, n’a pas échoué, elle a trébuché et c’est là où il dit en vouloir à beaucoup de nos aînés qui depuis 91 ont eu à gérer ce pays. Il dit avoir du mal à comprendre qu’un président démocratiquement élu à qui ont fait un coup d’Etat et c’est la même classe politique qui a toujours été à la base des problèmes posés pour qu’il ait les coups d’Etat.

Un second président démocratiquement élu Ibrahim Boubacar Kéita, qui n’était pas militaire, au premier mandat, il a eu plus de cartes en main qu’aucun président de la République n’a eu, mais qu’est-ce qui s’est passé ? D’abord sa propre personne était celle qu’il mettait en avant au lieu de s’occuper des vraies aspirations du peuple.

Sa propre formation politique il l’a abandonné qui s’est retrouvée divisée, ensuite il s’est entouré d’un groupe d’individus qui ne voyaient que leur intérêt personnel, et non l’intérêt du peuple. Un président qui a été démocratiquement élu qui s’est retrouvé avec un coup d’Etat militaire même si c’était plus ou moins un arrangement de mon point de vue.

“Alors si aujourd’hui on parle d’échec non on a trébuché, tous ceux qui étaient au boulevard de l’Indépendance pour faire chuter le président de la République, sont tous des politiciens, c’est la classe politique, la société civile. Donc ces militaires sont venus pour sauver une situation”, dit-il.

Dans ce dessein de sauver une situation, de vouloir sauver le Mali, le secrétaire général dit qu’il y a aussi ce qui marche et ce qui ne marche pas. C’est de cet échec qu’il s’agit aujourd’hui, parce que ce sont les politiciens qui ont entrainé ces deux coups d’Etat. C’est suite à la mésentente de la classe politique que chacun tire de son côté et laisse le côté du peuple.

Maintenant les jeunes colonels devraient s’occuper de trois choses, la première c’est la défense de la patrie pour éradiquer le terrorisme, et le jihadisme pour qu’il ait la sécurisation du Mali. Le deuxième, les remous sociaux, les grèves par-ci, les revendications par-ci alors qu’on est en guerre, il faut trouver une solution à ça, ce que j’appelais le pan social, le dialogue social il fallait l’amorcer tout de suite.

Demander une trêve obligatoire pour que ces remous sociaux qui ont été à la base pour la plupart de la chute du régime ne reviennent pas. La troisième, c’était de s’occuper de la question de l’école et ensuite la quatrième, soigner l’image du Mali à l’extérieur selon les différents contrats avec l’extérieur, nos partenaires de la communauté internationale il nous faut baliser ce terrain.

Cependant, M. Dembélé demeure convaincu que le 26 mars 1991 n’a pas été un échec, il y a eu des choses qui n’ont pas marché, les acquis sont bel et bien là, le troisième pont, les hôpitaux, les différents lycées, qu’il ait tant de lycées privés, les cliniques privées découlent de la volonté politique des acteurs du 26 mars. Maintenant organiser ces acquis de façon à ce que le peuple en bénéficie ça c’est autre chose, c’est ce qu’on appelle la mauvaise gouvernance, l’échec qui peut être signalé ici, c’est la mauvaise gouvernance pendant la gestion d’après le 26 mars où il y a eu dans les première et deuxième mandatures des millionnaires fonctionnaires, ensuite l’ère ATT c’était des milliardaires, c’est là où on peut dire qu’il y a eu l’échec.

Il appelle les plus hautes autorités à faire un regard croisé sur le passé. Il ne faut pas museler la presse, il ne faut brutaliser cette presse, il ne faut pas l’instrumentaliser. C’est comme l’école malienne, les syndicats d’enseignants, les syndicats d’étudiants, il ne faut pas les instrumentaliser, il ne faut pas les politiser, c’est là où ça ne va pas. Quand vous voyez des grèves dans les hôpitaux, c’est le signe de la mauvaise gouvernance. C’est le laisser-aller et il dit croire que les colonels qui sont aux affaires aujourd’hui, doivent avoir un regard pointu sur ça, faire arrêter ce laisser aller au niveau des syndicats de tout ordre.

Ibrahima Ndiaye   

Source : Mali Tribune

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