Les résultats accablants de la vérification financière de l’Office du Niger soulèvent une fois de plus la question de la gouvernance dans nos institutions publiques stratégiques. Avec des irrégularités estimées à plus de 3 milliards de FCFA, l’établissement, censé être un moteur de l’économie agricole et un pilier de la sécurité alimentaire nationale, semble englué dans une spirale de mauvaise gestion et de laxisme administratif.
Une administration dévoyée
Bamada.net-Les constatations de la mission de vérification sont claires : l’Office du Niger souffre de graves dysfonctionnements structurels. Des recrutements irréguliers effectués dans l’opacité la plus totale, des procédures de marchés publics biaisées, un suivi patrimonial désordonné… Tout cela reflète un système où le respect des règles est devenu une exception. Les discriminations dans les appels d’offres, notamment, privent de nombreux acteurs économiques de la possibilité de contribuer à l’essor de cette institution clé.
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Comment comprendre que le Comité de gestion et le Conseil d’administration soient à ce point marginalisés dans des décisions aussi cruciales ? Ces failles administratives traduisent une perte de gouvernance à la tête de l’Office, laissant place à des pratiques discrétionnaires.
Une facture salée pour le contribuable
Plus alarmant encore, les irrégularités financières relevées lors de cette mission démontrent une gestion irresponsable des ressources publiques. Comment justifier des surfacturations massives, à l’instar des travaux de réhabilitation des casiers agricoles, où des montants colossaux, tels que 1,6 milliard de FCFA, ont été engloutis dans des opérations douteuses ? Ce gâchis financier met à mal la confiance des partenaires et des bénéficiaires de l’Office, tout en portant préjudice à l’économie paysanne.
D’autres faits tout aussi graves, comme l’attribution indue de dotations en carburant ou le paiement de dépenses sans justificatifs valides, illustrent une culture d’impunité. Cette situation dénoncée par les vérificateurs n’est que la partie visible d’un système gangrené.
Une lueur d’espoir ?
Face à cette déroute financière et administrative, des recommandations ont été formulées pour corriger ces manquements. Il est impératif de renforcer les mécanismes de contrôle interne, de moderniser les outils de gestion et d’établir une responsabilisation claire des dirigeants.
Toutefois, des sanctions exemplaires doivent être prises contre les responsables de ces irrégularités. Le silence ou l’inaction enverrait un message dévastateur à l’opinion publique et à tous ceux qui comptent sur l’Office du Niger pour assurer une meilleure gestion des ressources hydrauliques et foncières.
La nécessité d’une gouvernance rigoureuse
La crise actuelle à l’Office du Niger doit servir de leçon pour l’ensemble des institutions publiques du Mali. Si rien n’est fait, les objectifs de souveraineté alimentaire et de développement économique, déjà fragiles, seront compromis. L’État doit agir rapidement et fermement, non seulement pour redresser cette institution, mais aussi pour restaurer la confiance des citoyens et des partenaires dans la gestion de nos ressources communes.
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L’Office du Niger, acteur stratégique de notre économie rurale, doit être un modèle de bonne gouvernance. Les enjeux sont trop importants pour se contenter de demi-mesures. Redonner à cette institution ses lettres de noblesse passe par une refonte profonde et une réelle volonté politique de changement.
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Fatoumata Bintou Y
Source: Bamada.net