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Éditorial : Comme l’ombre du pygmée

Amadou Hampâté Bâ, qui a le sens de l’observation, nous a laissé un baromètre qui nous permet de comprendre ce qui arrive aux partis politiques : « Chaque fois que nous voyons l’ombre du pygmée augmenter, c’est que le soir est prêt de tomber. » La suspension des activités des groupes politiques jusqu’à nouvel ordre a révélé au grand jour la faiblesse de ces machins qui investissent ce qu’ils considèrent être le beau boulevard de la démocratie.
Les citoyens ont exprimé leur satisfaction au coup de sifflet signalant leur position hors-jeu, ces jongleurs si nombreux mais si étonnamment inutiles et nuisibles. Combien sont-ils ces partis politiques qui prétendent être les champions de la démocratie ? Peu importe la réponse à cette question, on sait avec certitude qu’ils sont trop, leur nombre jouant au dindon de la farce alors que leur réalité est factice. Ils sont quoi même ? Dr. Abdoulaye Keïta (USA) posait récemment la question de savoir s’ils ne constituent pas, en vérité, des entreprises individuelles privées ou des outils de promotion d’individus sur le marché.
De ce point de vue, que le bon sens admet, la raison incite à affirmer qu’en trente ans au Mali, il ne s’est pas agi de démocratie. Il y a plutôt eu de l’ochlocratie, forme dévoyée de la démocratie, qui permet à des groupuscules de manipuler les foules par la démagogie et le populisme pour s’emparer de l’Etat qu’ils soumettent à des exploitations éhontées. C’est cette réalité qui a vite abouti à la naissance des oligarchies prédatrices. Les clans mafieux ont ainsi attiré sur le pays des malédictions dont les conséquences ne sont pas faciles à gérer.
Prenons seulement les sept derniers mois, de septembre 2023 à février 2024, pour mesurer le cynique professionnalisme en ruse des organisations politiques qui, incapables de mea culpa, donc ancrées dans la nuisance, ont manœuvré sans cesse pour remettre la main sur le Mali. Le bateau Tombouctou, navire civil et marchand, est attaqué par les furies le 07 septembre 2023. Onze jours après, avec un réel sens de l’exploitation des malheurs du peuple, 30 à 40 partis politiques se réunissent pour signer rondement une plateforme en déclarant que c’est pour aider la Transition à sauver le pays. À considérer la maturité des signataires, avec 50 ans comme moyenne d’âge, des pères et grands-pères dont beaucoup dans les 70 ans, on a cru que c’est du sérieux. Mais rien, juste un moment de tromperie, on n’entendra plus parler de la fameuse plateforme, sans doute parce que le coup n’a pas réussi. Le 14 novembre 2023, les FAMAs, à la grande surprise du monde entier, libèrent Kidal. Six jours après, le 20 novembre, alors que les Maliens sont encore dans l’euphorie, l’Adéma-Pasj et le Rpm sortent de leur chapeau de magicien une nouvelle plateforme pour apporter à la Transition le maillon qui manque à sa réussite, tout en mettant en avant leur appartenance à l’Internationale socialiste.
De ce miroir aux alouettes, il n’existera que la photo de la poignée de mains entre Empé et Tréta. Et vinrent quelques évènements politiques qui montrent que la petite salle de la Maison des Aînés est désormais le temple des formations politiques qui, en l’absence d’une conjonction de l’argent public et de la mobilisation de la logistique d’État, sont incapables de faire salles combles au CICB, au Palais de la culture Amadou Hampâté Ba, encore moins au Palais des Sports Salamatou Maïga.
Quand l’ASMA-CFP ouvre son 3ème congrès le 17 février, tout le gotha de 1991 à 2020 y vient faire un aveu intéressant : les citoyens n’ont plus confiance aux hommes politiques, il urge de regagner leur confiance. Et voilà que, contre l’esprit et la lettre, les mêmes en désamour avec le peuple en viennent à décréter la fin de la Transition le 31 mars 2024. C’était pur terrorisme, et la cible véritable du terrorisme, relève un spécialiste, ce n’est pas la victime, mais le grand public, en l’occurrence les Maliens. Mal leur en a pris, le rejet populaire de leur prétention a mis à jour la réalité qu’ils ne sont que des nains à la recherche d’un retentissement spectaculaire. Leurs activités sont suspendues jusqu’à nouvel ordre. Eh oui, l’ombre du pygmée a voulu augmenter, mais c’est le soir qui est tombé. Combien de la kyrielle des partis politiques pourraient renaître ?
Amadou N’Fa Diallo
Source : journal Le National 
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