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Dossier de l’aéronef présidentiel et des équipements militaires : Le magistrat Chérif Koné met en garde contre « l’instrumentalisation » de la justice

Si l’impunité est à bannir, dans une société démocratique, il est aussi crucial que la primauté du droit y soit affirmée et préservée. Pour ne pas sombrer, comme le dénonce le magistrat Chérif Koné, dans « la république des juges ». Avec, dit-il, « ses tristes conséquences ».

 

Tout est parti, ce jeudi, avec l’incarcération d’anciennes hautes personnalités de l’Etat ; à savoir l’ancien Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, plusieurs fois ministre, et l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko, dans l’affaire dite de l’acquisition d’un aéronef et de fourniture aux forces armées maliennes de matériels d’habillement, de couchage, de campagne et d’alimentation (HCCA).

Autour de cette affaire, des plus rocambolesques aujourd’hui, tant la polémique procédurière y est tenace, il y a la sortie de l’Association malienne des procureurs et poursuivants (AMPP) et la référence syndicale des magistrats (RFSYMA), à travers le président Mohamed Chérif Koné, qui ont fustigé le manquement du droit dans le déclenchement du dossier.

Si à l’image de ce magistrat chevronné, les Maliens sont particulièrement très révoltants contre l’impunité, qui est une gangrène dans une société démocratique, ils sont en revanche tout acquis à la primauté du droit, en tout acte de procédure judiciaire.

Pour le très courageux magistrat, président de l’AMPP et de la RFSYMA, qui déplore les « violations graves » de la loi dans le déclenchement de la procédure, allant jusqu’à mettre en garde contre l’instrumentalisation éhontée de la justice, aux fins de règlement de comptes politiques, il est tout simplement regrettable de constater qu’en l’espèce, cette « saisine irrégulière par la Cour suprême non prévue par aucune disposition de la charte de la transition, pour connaitre des dossiers sus spécifiés, est contraire à la constitution et aux lois de la République en ce qu’elle viole la loi portant organisation judiciaire, tout en desservant la justice ».

En conséquent,  les deux mouvements de magistrats, à travers leur président actif, selon ses mots, « souffrent de voir la Cour suprême donner à l’opinion publique, le sentiment d’un organe instrumentalisé en mission commandée en fin d’une période transitoire, pour anéantir des candidats potentiels déclarés aux futures échéances électorales, lesquels seraient gênants ».

En termes de dénonciation de procédure, on ne plus clair de la part d’un magistrat qui pointe du doigt les manquements graves et répétés, constatés dans un dossier d’accusation, fut-il relevant de la plus haute juridiction du pays, à l’effet de broyer, comme une machine juridico-répressive, les justiciables pour des considérations partisanes.

De la part d’un haut magistrat de la trempe du président de l’AMPP et de la RFSYMA, pourtant attaché à la lutte contre l’impunité, qui dénonce un coup flagrant porté à la justice, c’est une chance pour les justiciables maliens de voir un homme de droit s’ériger contre les violations de leurs droits.

Mais hélas ! Plutôt que de se féliciter du courage exceptionnel de ce magistrat et des membres de sa corporation syndicale, sur les réseaux sociaux, des esprits malveillants, partisans de la justice spectacle, l’ont dépeint de tous les noms d’oiseaux, allant jusqu’à le confondre à un opportuniste.

Si ce dossier lié à l’achat de l’avion présidentiel et des équipements matériels, très attendu par les Maliens, pour être un grand moment de la manifestation de la vérité judiciaire, c’est qu’il a, selon sa sensibilité, un intérêt stratégique crucial pour le pays. Et de plus, il concerne de hautes personnalités de l’Etat qui ont toujours clamé leur innocence dans la matérialisation des faits évoqués.

Pour cette nécessité vitale de vérité judiciaire, il était bon, dans l’intérêt même de la justice, que la procédure concernant ce dossier judiciaire soit exempte de micmacs de droits, comme l’a dénoncé ouvertement le magistrat Koné.

Si, comme le magistrat Koné l’a vivement critiqué, il s’agit, dans ce dossier d’instruction au niveau de la Cour suprême,  d’emprunter la voie judiciaire, pour éliminer certains des potentiels candidats à la future élection présidentielle, il faut désormais craindre l’instrumentalisation de l’institution judiciaire.

L’heure de vérité judiciaire n’est plus alors qu’un gros leurre si tant que la justice obéit, sous nos cieux, à une instrumentalisation politique pour des raisons de règlement de compte politique. Le dossier lié à l’achat de l’avion présidentiel et des équipements matériels, sur le cheminement duquel les citoyens ont droit de savoir la vérité la concernant, n’est pas en reste.

Et pour cause ? Aussi longtemps, comme l’ont protesté les professionnels du droit, notamment le très rigoureux président de l’association malienne des procureurs et poursuivants (AMPP) et la référence syndicale des magistrats (RFSYMA, que le dossier de l’acquisition d’un aéronef et de fourniture aux forces armées maliennes de matériels d’habillement, de couchage, de campagne et d’alimentation(HCCA), qui est aujourd’hui plongé dans une telle flagrante polémique procédurière, il est fort à parier que le droit ne soit plus une sentinelle imprenable contre les abus de toutes sortes.

  Oumar KONATE

Source : La Preuve

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