Dieu veut le salut de tout homme et il y travaille, mais il le fait en respectant la liberté humaine.C’est pourquoi, la doctrine chrétienne sur l’Enfer est étroitement liée à celle de la liberté et du péché. La condition pour être uni à Dieu, c’est de l’aimer librement. Et qui aime Dieu hait le péché. Mourir en état de péché grave sans repentir et sans désir sincère de pardon signifie, pour l’homme, se séparer délibérément de Dieu.
Cette vérité de foi n’est pas créée de toute pièce ; elle a un fondement biblique. En effet, la Bible parle de façon imagée de la « Géhenne de feu » (Mt 5, 22), de « ce qui tue le corps et l’âme » (Mt 10, 28), d’une « fournaise ardente » (Mt 13, 41-42), ou encore d’un « feu éternel » (Mt 25, 41) réservés à ceux qui s’obstinent dans le péché et refusent de se convertir.
Dans la théologie chrétienne, la notion d’Enfer confirme donc la possibilité qu’a l’homme, au nom de sa liberté, de se détourner définitivement de sa vocation fondamentale qui est de rechercher et de vivre la communion avec Dieu son créateur. Son existence et son éternité sont une vérité de foi. Mais qu’est-ce que l’Enfer exactement ?
– L’Enfer n’est pas un lieu, mais un état. C’est l’état de l’homme privé de Dieu, son Créateur, sa Providence et sa Destinée ; l’état d’auto-exclusion de la communion de Dieu et des saints du ciel. C’est le sort réservé à l’homme qui déteste Dieu, et qui par conséquent ne sera jamais heureux puisqu’il a de l’aversion pour l’objet de son bonheur.
– L’Enfer est un état définitif et éternel. Celui qui meurt en état de péché mortel ne peut ni réparer les fautes commises, ni se convertir ; il est dans un état irréversible de privation ou de séparation totale.
– La privation de Dieu et de la communion des saints engendre des peines dites « peines de l’Enfer ». Elles sont de deux ordres : la peine principale c’est la souffrance d’être définitivement et éternellement séparé de Dieu. La seconde peine dérive de la première ; on l’appelle aussi « peine du feu » : c’est le tourment qu’engendre le fait de ne pas pouvoir goûter au bonheur de voir Dieu, ce bonheur pour lequel l’homme a été créé et qui fait sa raison de vivre sur la terre.
– L’enseignement de l’Eglise sur l’Enfer est enfin un appel aux vivants : appel à la responsabilité de l’homme dans l’utilisation qu’il fait de sa liberté et des conséquences graves qui peuvent en découler. C’est une invitation à prendre conscience de la gravité de nos actes. Autant ils peuvent nous rapprocher de Dieu, autant ils peuvent aussi nous dévier progressivement du chemin qui mène à Dieu, notre véritable bonheur. Le discours sur l’Enfer est également un appel à la conversion pour ceux qui se trouveraient sur le chemin de la perdition. L’Eglise catholique ne prédestine personne à l’enfer. Au contraire, elle insiste sur le fait que Dieu désire le salut de tous les hommes (1Tim 2, 4) ; « que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir » (2 P 3, 9). Néanmoins, vigilance et prudence sont recommandées dans notre façon de vivre, car nous ne savons ni le jour ni l’heure de notre mort.
Abbé Jean Somboro
Professeur de théologie
Grand séminaire Saint Augustin (Bamako)
Source : Mission