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DIALASSAGOU : La faute politicienne y est pour beaucoup

N’ayant d’autres arguments que les recettes du populisme et de la démagogie, certains de nos politiciens et leur horde de vidéomen se sont lancés depuis des mois dans une entreprise de tambour médiatique totalement contraire au principe de discrétion qui régit la Grande Muette. Levant le voile sur tous les aspects de notre armée, ils ont donné l’occasion au monstre djihadiste de mieux nous étudier et mieux nous surprendre traîtreusement de nouveau.

L’histoire des nations, en général, et les crises vécues par la nôtre, en particulier, auraient dû nous servir de triple piqûre de rappel, de réalité et de réalisme. Puisant nos enseignements dans cette histoire du monde, et tirant les leçons des péripéties de notre patrie, nous aurions dû tous préférer la flûte prudente de l’humilité à la trompette assourdissante du triomphalisme. « Sa dogo lé dé bê kôgô », nous conseille si justement une sagesse bambara dont le propos pertinent nous pousse en permanence à avoir le triomphe modeste et à ne pas être fanfaron dans le succès naissant.

Au lieu de cela, au lieu de semer les graines de la prudence et de les arroser de l’eau de la tempérance dans notre guerre contre le terrorisme, certains parmi nous (arrivistes politiques ou apprentis populistes) ont fait le choix du rock n’roll et du “balani show” médiatiques à outrance. Leur faute, c’est d’avoir fait sans scrupules de la réputation de notre brave armée leur fonds de commerce politicien. Ainsi, diables d’opportunistes et froids calculateurs qu’ils sont, ils se font une religion d’écumer les plateaux télé de leurs analyses simplistes. D’inonder les réseaux sociaux à coups de slogans théâtralement mais inintelligemment criés. De parler de stratégies de guerre alors même qu’ils ne sont pas des militaires. De se permettre des pronostics alors qu’ils ne connaissent rien à l’art de la guerre. De sous-estimer le monstre terroriste au point de le donner pour déjà mort et enterré. De croire et de faire croire, suprême faute, que la guerre est une affaire de cacatoès et de boucan tambourinés sur les médias.

Leur comportement est une trahison vis-à-vis de nos vaillantes troupes qui se battent pour sauvegarder l’intégrité territoriale de la nation. Et l’horreur qui s’est produit à Dialassagou est par ricochet le résultat de leur entreprise de désinformation menée en exploitant illégalement le « nom » de nos forces de défense et de sécurité. Il est temps, à moins qu’on ne veuille se complaire dans le faux-semblant, de retirer à tous ces « vidéomen », ces analystes de télé, ces flatteurs politiciens, ces faux spécialistes en Géopolitique, ces experts improvisés en question militaire etc., etc. ; le droit de parler au nom de notre glorieuse armée. Faut-il pour cela prendre des mesures drastiques ? Oui, pourquoi pas. Car, à force de laisser agir impunément les politiciens diseurs de contes de fée, nous avons nous-mêmes donné au démon jihadiste l’occasion de mieux nous étudier et de mieux surprendre de nouveau.

MOHAMED MEBA TEMBELY

DIALASSAGOU

Le pic de l’horreur

Il n’est nul besoin de faire un sermon contre les auteurs de l’attaque qui vient de mettre fin à cent-trente-deux (132) vies humaines ! C’était à Djalassagou, Diaweli et Dessagou, dans le cercle de Bankass. Il y a des jours où nous découvrons les limites de notre humanité, au-delà desquelles s’étale l’inhumanité. Il est des moments où nous laissons le mensonge et l’hypocrisie couvrir notre pratique religieuse. Il est des occasions où les excès affublant la portion du pouvoir à nous accordé par la nature, nous rappellent tristement et cruellement la bestialité qui nous gouvernent.

Je n’arrive toujours pas à comprendre comment un homme peut s’adonner à un tel carnage, sans être interpellé par sa conscience d’humain ! Au nom de quoi ? De qui ? Qu’y a-t-il donc dans la religion qui puisse motiver et justifier autant de tuerie ? Quelle faute ces cent trente-deux citoyens maliens ont-ils commise ? Je rappelle juste que parmi ces victimes “expiatoires”, demeuraient peut-être des femmes et des enfants ! Mais, pour les auteurs de ces massacres, être femme ou enfant n’est qu’un détail. Tuer est une mission.

Alors, moi, je ne perdrai pas mon énergie à sermonner ces énergumènes sans foi ni loi. Pour eux, je ne suis qu’un « gibier de potence », comme Harpagon l’indique, si magnifiquement, dans l’Avare de Molière. Ces gens-là ne partagent plus la même humanité que nous. Ils ont renoncé à ce qui fonde la vie en commun. Ils sont aveuglés par le sang humain, le nôtre. Ils ont redéfini l’humanité et la religion selon leurs critères propres. Ils ont redessiné Allah, notre Allah à tous ; ils racontent et font tout, en son nom. Ils ne se réclament plus de Mohamed, paix et salut sur lui, ils se sont tout simplement substitués à lui, en s’accaparant ses attributs de prophète. Les vrais prophètes, les authentiques envoyés d’Allah, ce sont eux ! Mohamed est devenu un prête-nom, un faire-valoir. Certains ont assassiné le Christ ; eux, ils exécutent Mohamed au quotidien. Car, pour chaque musulman exécuté, c’est la mort de notre prophète Mohamed qui est réincarnée. Mais ceux qui agissent ainsi ne peuvent pas savoir cela, obnubilés qu’ils sont par le sang humain, par notre sang. Ils croient affirmer leur foi, leur appartenance à l’islam par la libation à base de sang humain, faite pour leurs maîtres, ces apôtres, pire, ces réincarnations de Satan sur terre ! A ce rythme, ils nous tueront tous ! Même Allah semble nous abandonner à leur furie. Sur qui compter donc ? Vers qui nous tourner ? Vers ATT ? Il a été décapité pour n’avoir rien pu faire face à l’arrivée de ces tarés. IBK ? Il fut chassé comme un malpropre, parce qu’il ne trouvait aucun moyen contre ces diables qui nagent jour et nuit dans le sang de nos compatriotes. Assimi et ses camarades ? Nous leur avons laissé toute la latitude pour qu’ils nous protègent. Sommes-nous vraiment sécurisés ? Comment ne pas nous interroger sur le temps qu’a duré le siège imposé à trois villages bien situés et localisables sur la carte du Mali : Dialassagou, Diaweli et Dessagou ? Notre armée si fièrement clamée par le peuple depuis des mois a-t-elle failli ? Comment est-ce possible, une telle opération soldée par autant de morts ? Devons-nous vraiment continuer à y croire ? Aux uns, je dirais de savoir raison garder si raison il y a ; aux autres j’indiquerais que la seule voie à suivre est celle de la rédemption ou, disons, de la loyauté envers ce pays si meurtri, ce peuple si martyrisé. A bon entendeur…

Tiécoro Sangaré

Source: Journal Les Échos- Mali

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