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Denrées de première nécessité : l’effet ramadan fait grimper les prix

Malgré les mesures édictées par les autorités, les consommateurs achètent plus chers certains produits de grande consommation. Les commerçants invoquent, comme d’habitude, la hausse des prix fournisseurs

 

Quelques jours avant le début du mois de ramadan, le gouvernement a fixé des prix plafonds pour certaines denrées alimentaires les plus consommées. Les produits concernés par cette mesure sont, entre autres, l’huile, le sucre, le lait et la viande. Des numéros verts même ont été mis à la disposition des consommateurs pour dénoncer les commerçants véreux et récalcitrants. Sur le terrain, le constat est tout autre. Le prix de la viande a presque doublé.

Ce mardi matin, au marché «Dibidani», les étals des bouchers sont bien achalandés : viande avec ou sans os, filet, foie, cœur, rognon, estomac, pieds, etc. Dès 8 heures du matin, le marché est animé comme d’habitude. Clients et vendeurs s’activent. Les mines graves, les démarches rapides, très peu de clients discutent les prix. Ils passent directement leurs commandes. «Un kilo et demi de filet de bœuf», demande Amadou Maïga. «Ça fait 6.000 Fcfa», répond le vendeur qui sert aussitôt le client.

En temps normal, cette somme vaut le prix de 2 kg de viande. Amadou ne semble pas surpris, car il sait que chaque mois de ramadan, les prix montent en flèche. «Quand j’ai envie de manger quelque chose, je vais au marché moi-même. Je constate une flambée des prix de la viande et du poisson, mais que faire», grimace-t-il.

L’ambiance et la réaction sont autres quand il s’agit des femmes. Mme Diallo Massan va de table à table, observant les différentes qualités de viande exposée à l’air libre. Les prix annoncés semblent hors de sa portée. Le kilo de la viande sans os se vend à 3.000 Fcfa, contre 2.500 Fcfa il y a quelques mois. «Le cœur que l’on achetait à 2.500 est cédé à 4.000 Fcfa aujourd’hui», s’indigne-t-elle tout en poursuivant sa ronde pour dégoter les meilleurs morceaux au meilleur prix. Elle s’arrête devant le vendeur de foie et de rognon.

Celui-ci l’informe que le kilo du foie qui était vendu à 3.000 Fcfa, coûte aujourd’hui 4.000 Fcfa. Le rognon, lui, est passé de 1.000 à 1.500 Fcfa. La jeune maman tourne en rond. Elle achète finalement du rognon à 1.500 Fcfa. «Je m’en remets à Dieu. Que faire ? Si on ne va pas rester sans rien manger à la rupture, je suis obligée de faire avec», se lamente-t-elle en confiant qu’elle n’a que 2.500 Fcfa comme argent de la popote.

Aminata Haïdara, la trentaine, a sa stratégie pour éviter la hausse des prix durant le mois de ramadan. « Puisque chaque année, c’est le même scénario : la flambée de prix.

À l’approche du mois béni, j’achète certains condiments tels que le sac d’oignon, le bidon d’huile, un carton d’ail. C’est ce qui m’évite le stress du marché », se confie-t-elle. Aujourd’hui tout ce qui est indispensable pour faire un bon repas : poisson, viande, huile est hors de prix.

De leur côté, les bouchers donnent une explication à la hausse du prix du kg de la viande. Bachaka Sangaré est vendeur de foie, de rognon et de cœur. « Quel que soit le prix auquel l’on nous vend les marchandises, on le revend avec un gain de 200 Fcfa. Nous ne pouvons pas nous priver de cela quand même», souligne-t-il.

PAS AU COURANT DE LA MESURE- Le grand boucher Bourama Diarra abat chaque jour un bœuf. Il assure que, depuis des mois, ses pertes atteignent 50.000 à 60.000 Fcfa sur chaque bœuf. «Avant, on nous cédait les animaux entre 200.000 et 250.000 Fcfa. Maintenant c’est dans les 400.000 Fcfa.

Dans cette condition, on est obligé d’augmenter le prix. Ce qui ne suffit pas pour combler l’écart», déplore-t-il, précisant que la hausse a commencé vers la fin du régime de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta.

Quand en est-il des mesures prises par les autorités ? « Nous ne sommes pas au courant de cette mesure, réplique-t-il, en précisant que ce sont les syndicats qui les informent sur les décisions de réductions des prix. Cette fois, ils ne nous ont rien dit.»

Comme la viande, d’autres produits comme la pomme de terre, l’oignon, le gingembre connaissent également une flambée des prix. Vendeuse de pomme de terre au marché d’Hamdallaye, Awa propose trois paniers remplis. « Nous avons celles de Sikasso, de Kati et d’autres nous viennent du Sénégal.

Le prix a augmenté depuis trois semaines », explique la commerçante. Le prix du kg de la pomme de terre est passé de 200 Fcfa à 300 voire 350 Fcfa. «Je viens d’acheter la pomme de terre à 300 Fcfa le kg.

Chez d’autres vendeurs, le kg coûte 350 Fcfa, alors que la dernière fois je l’avais eu à 200 Fcfa. Le prix de l’oignon a aussi augmenté», déplore Salimata Sylla, une cliente venue s’approvisionner au marché d’Hamdallaye.

Rokia Diarra vend des condiments au marché d’Hamdallaye. Elle tient depuis des années une table bien garnie d’épices, de poivre, de poissons séchés, de pate de tomate, etc. À côté d’elle, deux grands paniers remplis d’oignons. L’un contient de l’échalote, l’autre le gros oignon. Le petit oignon est cédé à 250 Fcfa contre 175 à 200 Fcfa pour le kg du gros oignon.

Le prix du litre de l’huile ne fait pas exception à cette hausse. Avant le ramadan, le bidon de 20 litres d’huile était cédé à 16.500 Fcfa contre 16.750 Fcfa présentement. Celui de 5 litres est toujours vendu à 5.000 Fcfa.
Boutiquier à Hamdallaye, Moussa Koné, explique. «Cette année est différente des autres. Avant, on nous donnait les 20 litres à 16.500 Fcfa, maintenant on nous les donne à 16.750 Fcfa. Par contre, le prix du litre qui s’élève à 1.000 Fcfa n’a pas connu de changement», précise-t-il.

Selon Souleymane Traoré, vendeur au Grand marché de Bamako, le gingembre se fait rare. Ce qui fait monter son prix puisqu’il est beaucoup consommé pendant ce mois. «En ce moment, le kg est cédé à 700 Fcfa alors qu’avant le ramadan, c’était à 600 Fcfa et le demi kg coûtait 300 Fcfa contre 400 Fcfa aujourd’hui», argumente-t-il.

Maïmouna SOW
Fatoumata A KONÉ

Source : L’ESSOR

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