L’Association action pour les 21 villages de la commune rurale de Faléa (ASFA 21) a organisé, jeudi à son siège à Djélibougou Doumazana, une conférence de presse sur les conclusions de l’étude diagnostic de la Falémé, un affluent du fleuve Sénégal. La conférence était animée par le directeur exécutif de l’Association, Nouhoum Kéita et l’ingénieur des Eaux et forêt à la retraite et consultant indépendant, Guimba Diallo.
Le directeur exécutif de l’Association explique les motivations de l’étude. «Suite au constat de grave pollution de la Falémé au mercure et autres polluants, engendrée par les sociétés industrielles et les exploitants privés, cette étude sur le niveau de pollution de la Falémé a été commanditée», relève le conférencier. Par ailleurs, il rappelle que ce constat a été largement partagé par les populations locales, autorités, medias et organisations de la société civile.
L’étude s’inscrivait dans le cadre de la lutte contre le changement climatique et vise à alerter les autorités et autres acteurs de l’environnement sur l’ampleur de la dégradation et la destruction progressive de l’environnement autour du fleuve Falémé. Par ailleurs, Nouhoum Kéita indique que toutes les communes riveraines dans le cercle de Kéniéba sont touchées mais également les pays voisins, notamment Sénégal et la Mauritanie. Selon le rapport de l’étude présenté par l’ingénieur des Eaux et forêt, l’orpaillage est considéré comme une activité traditionnelle et culturelle dans le cercle de Kéniéba et constitue la principale occupation et source de revenus des populations. Il ressort du document que différentes activités liées à l’orpaillage contribuent à la dégradation et à la pollution de la Falémé.
Dans le cas de la zone d’étude, précisément le cercle de Kéniéba, les techniques d’orpaillage utilisées présentent des risques et des dangers pour l’environnement et se traduisent par le déboisement, la destruction du couvert végétal, la dégradation et la pollution. Le rapport d’étude souligne également la prolifération des dragues (qui coûtaient plus de 10 millions de Fcfa contre 2 millions de Fcfa actuellement). Le consultant indépendant s’est appesanti sur ces dragues qui sont estimées à environ 600 dans la seule commune de Kéniéba.
Les deux conférenciers ont aussi évoqué les turbidités et la contamination des eaux par les boues, entraînant la destruction des frayères et un appauvrissement de la faune aquatique. Ce qui limite les productions halieutiques. «Au vue de tout ce qui précède et comme reconnu par beaucoup d’interlocuteurs vivant dans la zone d’étude, les solutions doivent être cherchées aux niveaux local et national», a déclaré Guimba Diallo. Ainsi, l’ASFA 21 propose la création de centres de lavage de minerais qui ont fait leur preuve dans d’autres pays, en attendant l’interdiction totale de l’utilisation des produits chimiques.
L’Association préconise aussi le renforcement des capacités des gestionnaires locaux (responsables communaux et chefs de village), la participation des autorités communales aux missions de suivi et de surveillance environnementale des projets et exploitations minières et la relecture du Code minier.
Anne-Marie Kéita
Source: Essor