L’utilité de nos arbres n’est plus à démontrer. Et pourtant, curieusement, on continue à les détruire tout en étant conscient qu’ils sont nos protecteurs car nous dépendons de notre écosystème.
Aujourd’hui, selon la FAO (Organisation mondiale pour l’Alimentation), les forêts couvrent 31 % des surfaces terrestres et 60 millions de peuples indigènes dépendent presque entièrement d’elles. Il est important de mettre en valeur et de conserver les terres forestières voire tout l’espace vert. Et cela non seulement pour leur aspect esthétique, mais aussi pour des raisons écologiques, économiques et sociales. En effet, les arbres ont toujours été intimement liés à l’évolution de la biodiversité terrestre, surtout l’humanité car l’oxygène, l’eau, les aliments et les médicaments dépendent tous des forêts. Ces dernières constituent l’élément charnière dans l’adaptation et l’atténuation du réchauffement climatique.
L’arbre peut renforcer l’attention spontanée et détendre le système sensoriel. On peut aiguiser notre concentration lorsqu’on se promène dans des espaces verts. Des études ont montré que les patients hospitalisés qui peuvent regarder des arbres guérissent plus rapidement et souffrent moins de complications que ceux qui n’ont pas accès à ce type de paysage (FAO, 1995).
De plus, de nombreux panoramas où dominent les arbres stimulent la reprise psychologique car il provoque des sentiments positifs, atténuent les émotions négatives telles que la peur, la colère et la tristesse ; peuvent bloquer ou réduire les pensées créatrices de tension nerveuse (Bory, 2000). Sans compter que les arbres donnent une fourniture directe et/ou indirecte d’ombre et ont une valeur récréative puisqu’ils représentent une aire de jeux et de détente pour les enfants.
Les arbres et autres types de végétaux peuvent former des écrans qui ont la capacité de réduire l’intensité du bruit engendré par la circulation des véhicules sur les routes et par les industries bruyantes. Selon des études, environ 20 % de la population est gêné par les bruits de la rue. Le bruit peut atteindre des niveaux de 100 dB de façon intermittente et 75 dB en permanence à proximité des principales routes urbaines.
Or une exposition prolongée à des niveaux sonores de 85 à 90 dB(A) peut entraîner la perte de l’ouïe. Pour être efficace, les écrans végétaux doivent être denses, hauts et larges (25 à 35m de largeur). Leur efficacité est d’autant meilleure s’ils sont situés à proximité immédiate de la source de bruit.
L’utilisation de végétaux dans les aménagements paysagers spécifiques comme les jardins, les parcs d’ornements mais également dans des conceptions plus naturelles (végétation de berges) ou plus rigides (autoroute, immeuble), permet de décorer et d’embellir les espaces, surtout urbain.
Les forêts réduisent aussi les maladies infectieuses. Les forêts tropicales non perturbées peuvent exercer un effet modérateur sur les maladies provoquées par les insectes et les animaux. De nombreuses plantes sont utilisées également dans la médecine africaine. Celles-ci permettent des traitements par méthode douce de maladies de tout genre. En Afrique de l’ouest, notamment au Mali, plus de 80 % de la population ont recours à la médecine traditionnelle et aux plantes médicinales pour les soins de santé primaire.
Les arbres ont également un rôle important à jouer dans la purification de l’air car ils absorbent et neutralisent de nombreux polluants gazeux (ozone, dioxyde de soufre, etc.) et interceptent les matières particulaires. Les plantes soutirent de l’atmosphère le CO2, le gaz à effet de serre le plus répandu pendant la photosynthèse, et piègent dans la biomasse ligneuse. Les chercheurs estiment qu’un arbre planté en milieu urbain peut séquestrer de 5 à 10 fois plus de carbone qu’un arbre planté dans les secteurs ruraux.
Un arbre en bonne santé est capable de soutirer de l’air de plus de 7000 particules de poussière/litre d’air. On ne peut nier alors qu’il est un «appareil» de climatisation et de purification efficace. Dans beaucoup de villes du monde en développement, la concentration et la composition des polluants atmosphériques sont déjà à même de provoquer des maladies chez des sujets vulnérables et la mort prématurée des personnes âgées, notamment celles atteintes de troubles respiratoires.
Au niveau du sol, les structures végétales de type haie, constituent d’excellents régulateurs en absorbant tout ou une partie des produits phytosanitaires utilisés en excès sur les parcelles cultivées (engrais, pesticides), limitant ainsi les problèmes de pollution de sols, de rivières ou de nappes phréatiques.
27 000 espèces animales et végétales disparaissent chaque année
Malgré tous ces bienfaits, l’Homme continue encore à décimer son couvert végétal. Il y a 4 siècles, 66 % des terres étaient recouvertes de forêt, aujourd’hui, seulement un tiers. Alors qu’en 1990 les forêts couvraient environ 4,128 milliards d’hectares ou 31,6 % de la superficie mondiale des terres, en 2015 elles ne couvraient plus que 3,999 milliards d’hectares soit 30,6 % (FAO, 2015).
Selon le World Resources Institute, 80 % de la couverture forestière mondiale originelle a été abattue ou dégradée essentiellement au cours des 30 dernières années. Au total, quelque 129 millions d’hectares de forêts (une superficie presque équivalente en taille à l’Afrique du Sud) ont été perdus depuis 1990.
Tous ces chiffres sont alarmants et montrent une surexploitation de l’Homme, avide de conquête. La déforestation touche toutes les forêts tropicales, en particulier en Amazonie, en Afrique équatoriale et en Asie du Sud-est (Indonésie). Ces actions ont des conséquences importantes, du fait notamment de tous les rôles que l’arbre assume. Les forêts hébergent plus de 80% de la biodiversité terrestre et représentent l’un des derniers refuges pour de très nombreuses espèces animales et végétales. C’est pourquoi, la déforestation est une catastrophe aussi bien pour l’Homme que pour les autres espèces puisque on estime que 27 000 espèces animales et végétales disparaissent chaque année à cause cette activité destructrice.
Cette perte de biodiversité, qui peut être irréversible à la longue, coupe l’humanité de services et ressources inestimables. En effet, les systèmes alimentaires sont fortement dépendants de la biodiversité et une proportion considérable de médicaments est directement ou indirectement d’origine biologique.
Il est urgent que nous comprenions que les forêts constituent l’un des habitats naturels des espèces sauvages. Si ceux-ci ne sont pas protégés de leur destruction, ils fuient alors ces endroits pour trouver un nouvel environnement bon pour leur survie. Malheureusement, c’est durant cette fuite qu’ils peuvent se faire capturer par des braconniers qui réalisent ensuite un trafic illégal. La protection des forêts et des arbres est donc importante. La plantation de nouveaux arbres peut aussi permettre de recréer des habitats naturels pour ces espèces sauvages.
Nous avons donc toutes les raisons de bien prendre soin de nos caïlcédrats, en élagant s’il le faut, mais jamais couper le tronc ou déraciner !
Moussa Bolly