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Défense: les forces spéciales françaises font leur marché au salon

Le salon des forces spéciales se termine ce jeudi 16 avril après trois jours d’échanges entre militaires et industriels. L’élite des forces françaises est venue voir ce qui se fait de mieux en termes d’innovation, parfois sous l’oeil attentif de délégations étrangères curieuses et intéressées.

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Avec notre envoyé spécial au camp de Souge (Gironde)

« Tu as ramené le chéquier ?! » C’est avec ce trait d’humour qu’un soldat français en interpelle un autre, dans les couloirs du salon des forces spéciales (Sofins). Ici, les unités d’élite viennent chercher des idées, comparer des produits et, peut-être, trouver l’outil qui leur permettra de mener leurs missions à bien, demain.

Discrètement installé au fin fond du camp de Souge, en Gironde, dans la base du prestigieux 13e régiment de dragons parachutistes (13e RDP), le Sofins vise à renforcer le lien entre les forces spéciales et un tissu d’entreprises françaises innovantes. Par rapport à la première édition, qui a eu lieu il y a deux ans, le nombre d’exposants a été multiplié par deux avec plus de 150 entreprises présentes.

Jean-Yves Le Drian a fait le déplacement dès mardi pour saluer l’élite des forces françaises… et de l’industrie de défense. « Vous êtes animés d’un esprit singulier qui vous pousse à “faire autrement”, pour améliorer votre efficacité militaire, a relevé le ministre. Sans m’étendre sur la nature des opérations que vous conduisez aujourd’hui, je veux aussi témoigner du fait que vous mettez toute cette culture de l’initiative et ce sens de la mission au service de nombreux partenaires et alliés. »

La « french touch » des forces spéciales

La grosse nouveauté de cette deuxième édition du Sofins, c’est son aspect international. Souvent accompagnés d’officiers français chargés de leur présenter produits et méthodes, 35 délégations de forces spéciales du monde entier sont venues voir ce que font les tricolores : Europe, Etats-Unis, Afrique, pays du golfe Persique ou encore Russie.

Les forces spéciales regroupent plusieurs unités d’élite chargées de remplir les missions les plus difficiles, comme en Afrique récemment par exemple. Souvent déployées en amont d’opérations plus larges, elles sont habituées à opérer en autonomie, sur des terrains complexes, en faisant preuve d’une grande discrétion. Cette communauté un peu à part au sein de l’institution profite d’une liberté de manœuvre qui se ressent dans l’ensemble de sa culture professionnelle.

L’aspect équipement en est particulièrement représentatif. Ces unités ont mis en place des cellules de prospective animées par les anciens commandos les plus bricoleurs. Ainsi, ce caporal-chef du 13e RDP, dix-sept ans de service, qui nous explique comment la chaîne hiérarchique est souvent laissée de côté lorsqu’il s’agit d’innover : « Je connais les chefs, je connais les besoins des opérateurs, je connais les industriels… lorsque j’identifie un besoin et une technologie qui peut y répondre, je peux appeler directement les décideurs et leur dire : c’est de ça dont nous avons besoin, il faut le prendre. » Dans son domaine, ce simple militaire du rang est ainsi devenu une référence pour les plus grands généraux.

Les forces spéciales, un label pour les entreprises

Les hommes des forces spéciales sont particulièrement impliqués dans l’identification et la sélection de matériels prometteurs. On peut ainsi assister à une discussion, sur le stand d’un fabricant de véhicules tout-terrains, entre un commercial et des soldats : « Ce qui nous intéresserait, nous, c’est de remplacer les chenilles par des skis. » Pour les producteurs, c’est une occasion unique d’échanger directement avec les utilisateurs, sans intermédiaires.

En 2013, le salon du Sofins avait fait découvrir une palette d’opportunités pour les entreprises françaises. Les forces spéciales ont en effet l’avantage d’avoir un budget équipement conséquent et la possibilité de passer des commandes de manière accélérée et dans des conditions moins contraignantes que pour le reste des forces armées.

Les sociétés susceptibles d’être intéressées se sont regroupées en une association, le Cercle de l’Arbalète, chargée de faire le lien entre producteurs et opérateurs. « Nous allons voir les militaires et nous leur demandons ce qu’ils veulent, nous explique Benoît de Saint Sernin, son président. Ensuite, nous pouvons offrir aux entreprises membres de proposer des solutions. Ça peut même parfois créer des frustrations, lorsque les uns et les autres sont d’accord et que le budget ne suit pas ! » Vendre des équipements aux forces françaises, c’est l’assurance d’un argument commercial fort lorsqu’il s’agira de démarcher des prospects étrangers.

Pourtant, il y a aussi des entreprises qui semblent être là presque par hasard. Ainsi, ce fabricant de balises lumineuses, qui confesse ne pas vendre de gros volumes à l’armée, et encore moins aux forces spéciales. Pourquoi est-il ici ? Il hausse les épaules : « On sait jamais. » Dans ce secteur, le prestige n’est pas toujours lié aux parts de marché…

 

Source: RFI

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