Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Dans l’intimité des filles de joie à Bamako

prostitution depravation moeurs filles trotoire bamako

Samedi quatorze décembre. Le froid enveloppe Bamako. Dans la pénombre, les fêtards sortent de leur terrier à bord de bolides aux moteurs vrombissants. A l’opposé de tous ceux qui se dirigent vers le centre-ville pour s’offrir un peu d’évasion dans la chaleur des boites de nuit, nous préférons enjamber le pont FAHD pour rejoindre l’auto-gare de Sogoniko.

A mi-chemin entre Magnambougou, Faladié et Badalabougou, l’auto-gare est calme ce soir, du moins en apparence. Regroupés autour d’un feu pour chasser le froid, des apprentis et des vigiles viennent à notre rencontre pour s’enquérir de l’objet de notre visite à une heure si tardive. Les salutations passées, ils nous indiquent une route latéritique jouxtant le mur de clôture de la direction nationale des transports. C’est le nid des professionnelles du sexe. Disposées en haie d’honneur, elles hèlent les clients. Tout y passe : « chéri, chou, beau-gosse, doudou, tonton », des appellations saugrenues assaisonnées de sifflements. Novices sur ce terrain d’un genre particulier, nous avançons prudemment. Une dame, grande comme trois pommes avec un tissu adipeux immense comme la colline de Koulouba, nous coupe la route « mon doudou rêvé, venez avec moi, je vous envoie au nirvana avec un tarif réduit, juste 2000 F ».Surpris, nous acceptons la proposition. Une nymphe jeune et audacieuse vint s’interposer en s’offrant à 1000 F. Ce fut le début d’une rixe infernale entre « gazelles » et « vipères ». Gazelles est le nom donnée aux jeunes filles encore pimpantes pendant que les anciennes sont surnommées les vipères. Les deux gammes de produits ne se piffent pas. Les gazelles monnayent leurs services entre 2000 F et 10 000 F. Elles sont jeunes, audacieuses, pressées, voraces et rapides. Farima, leur égérie, a accepté de se confier contre un billet de banque de 5000 F représentant une heure de bons et loyaux services «vous pouvez vous envoler en l’air ici avec 2000 F si l’acte se fait au pied du mur et donc sans déplacement. Avec 5000 F, nous allons à côté où nous prenons une chambre ventilée à 2000 F, nous donnons 500 F au préposé à notre sécurité et les 2 500 F restants nous reviennent. Si nous devons nous déplacer, nous exigeons 10 000 F ou au minimum 7 500 F pour une heure ». Quid des heurts avec les vipères? Farima soutient qu’ « elles sont vieilles, défraichies et amorties. Au lieu de se reconvertir, elles nous enquiquinent en tentant de prendre nos pigeons avec des prix trop bas. Elles biaisent le business. Nous ne les aimons pas tout comme les filles mineures-employées de maison le jour et professionnelles du sexe le soir. Elles vendent entre 200 F et 500 F avec en sus un sandwich ou une boisson». A Sogoniko, la clientèle est souvent composée de voyagistes, de voyageurs en transit et de badauds désireux d’oublier les affres de journées éprouvantes.

Les rues des princesses

De Sogoniko, nous prenons l’avenue de l’OUA pour la rue princesse à Badalabougou. L’endroit est chic et animé : bars, maquis, gargotes et dancing cohabitent en toute homogénéité. La rue est Princesse porte bien son nom. Les filles y sont bien protégées. Bien éclairée, la rue exhibe ses trésors. Les professionnelles du sexe sont moulées dans des jupes ultra courtes, le nombril et le dos dehors, un bustier transparent laisse apparaitre une poitrine ferme. Tranquillement, le client négocie le prix de la passe. 15 000 F est le prix planché. Toute négociation conclue se concrétise dans un hôtel situé non loin. La chambre coûtera au client entre 3 500 F et 5 000 F pour une heure. Autre spécificité, les filles de la rue princesse ne se déplacent que pour passer la nuit et là, le tarif grimpe jusqu’à 25 000 F minimum.25 000 F, c’est le prix planché à la rue princesse à l’hippodrome où nous débarquons vers trois heures du matin. Nichée derrière la pâtisserie Express, la rue princesse de l’hippodrome abrite les boites de nuit XS et Star night, des boutiques de prêt-à- porter, la glacerie LGM et d’autres petits coins exquis. Nous choisissons de nous installer au Star night. Boite de nuit réputée pour ses strip-teaseuses attirantes, le Star night rappelle à bien des égards Africa Star de Dakar. Elégantes et discrètes, les filles de joie étudient au loin la proie avant de passer à l’abordage. Leurs prestations offertes dans un hôtel mitoyen vont de 25 000 F à 75 000 F. Elles proposent des services complémentaires souvent exigés par des clients vicieux et désireux d’expérimenter des choses vues ailleurs. Michel, de passage au Mali en provenance de Liège, ne nous cache pas son désir de passer du bon temps avec l’une d’entre elles pour dit-il « voir si elles sont bonnes et que font-elles de leur ceinture de perles ? Je suis en vacances et je veux savoir si tout ce qui se raconte sur ces muses noires est vrai et je suis prêt à payer un double tarif pour m’offrir deux filles en même temps ». Mattel, la trentaine passée, est venue d’un pays limitrophe pour monnayer ses talents. « Je suis une professionnelle qui fait de la satisfaction du client une priorité. Ancienne étudiante en marketing, je sais fidéliser mes clients. J’ai des bottes secrètes pour ferrer mes proies et dans mon répertoire se trouvent les numéros d’hommes mariés à la recherche de sensations fortes » explique avec un sourire narquois Mattel.

Les blanches aussi

Mattel pouvait jouer dans la cour des grands, non loin de la rue princesse. Dans une ruelle lovée entre l’école Pape Gueye FALL et l’ambassade Chine, des filles blanches habillées en robe moulante ou en collant se promènent avec une mèche de cigarette coincée entre les lèvres. Elles viennent d’Asie, d’Afrique du Nord ou des pays de l’ancienne URSS. Interpellées, elles demandent à être payées d’abord. Marché conclu, l’une d’entre elles du nom de Cendrine révèle « être venue en Afrique pour gagner des sous en peu de temps. Avec l’arsenal juridique assez répressif contre les professionnelles du sexe chez nous, nous avons plus de chance ici. Chaque soir, je peux empocher entre 150 000F et 250 000 F mais il arrive que des opérateurs économiques louent nos compétences pour avoir le beurre et le sourire de la pâtissière. En quoi faisant ? Ils nous prennent pour trois jours à 250 000 F pour leur servir de secrétaire ou d’interprète lors de rencontres avec leurs partenaires étrangers et après ils peuvent aussi se faire câliner. C’est du gagnant-gagnant ».
Surtaxe des rapports non protégés

Notre randonnée nocturne se termine à l’ACI 2000. Nous trouvons les filles de joie non loin de la bibliothèque nationale et de la nouvelle piscine olympique. La mise correcte, elles font des va et vient dans l’espoir de tomber sur l’oiseau rare. Approchées, elles refusent de répondre à nos questions prétextant être entrain de travailler. Nous prenons la ruelle contigüe à l’ANAC pour voir les réalités de ce milieu interdit aux novices. Ici, la possibilité de tâter le produit est offerte au client. Ce plus s’explique par le coût élevé des services. Avec 20 000 F, le client a peu de chance de satisfaire sa libido. Les filles de l’ACI 2000 sont chères. Elles l’expliquent par les tarifs de location des chambres. Seule particularité, ici, le client peut s’offrir des rapports non protégés à des prix décuplés. Marta, une fille de joie assez joviale et compréhensive nous conseilla de « vider les lieux pour ne pas chasser les clients d’autant que c’est entre trois heures et cinq heures du matin que les bons clients rodent dans la zone et tout corps étranger les fait fuir ». La brigade des mœurs n’étant jamais loin, nous prîmes congé de Marta et de ses amies.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance