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Dans le nord du Mali, la ville de Kidal frappée par des drones de l’armée malienne

Une colonne de militaires maliens et de mercenaires russes est stationnée à une centaine de kilomètres du fief des rebelles indépendantistes, qui contrôlent la ville.

La guerre grondait depuis plusieurs semaines autour de la ville de Kidal. C’est du ciel que sont venues les premières bombes, lâchées par des drones de l’armée malienne. Selon les rebelles séparatistes de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), maîtres de la ville, 14 civils auraient été tués mardi 7 novembre. Les Forces armées maliennes (Fama) reconnaissent dans un communiqué avoir mené «des frappes aériennes» mardimais affirment avoir visé «des cibles terroristes dans l’ex-camp de la Mission des Nations unies au Mali». Selon les militaires, «plusieurs pick-up des terroristes ont été neutralisés».

Pressés de quitter le Mali par la junte au pouvoir à Bamako, les Casques bleus ont quitté définitivement leur base de Kidal il y a une semaine. Les mouvements rebelles, qui contrôlent la ville, s’en sont immédiatement emparés. Au grand dam de l’armée malienne : elle comptait profiter de la rétrocession du camp pour reprendre pied dans ce bastion indépendantiste qui lui échappe depuis plus de dix ans. Un convoi d’une centaine de véhicules, transportant des militaires maliens et leurs alliés russes du groupe Wagner, s’était mis en branle à partir de Gao, le 2 octobre, en direction de Kidal. Des affrontements ont éclaté à mi-chemin avec les combattants de la CMA. La colonne de l’armée malienne s’est arrêtée après avoir atteint le village d’Anéfis, à environ 110 kilomètres de Kidal. Les rebelles qui leur font face préparent la défense de la ville.

Drones turcs

Les Fama disposent d’un avantage important sur le plan militaire : la maîtrise des airs. Depuis un an, le gouvernement malien a notamment fait l’acquisition de six drones TB2 de la société turque Bayraktar, un modèle relativement bon marché, rendu populaire par la guerre en Ukraine. L’un d’eux s’est écrasé dans un accident début mars. Ce sont ces appareils qui ont mené les frappes sur Kidal. Ont-ils décollé de l’aéroport militaire de Gao, à 300 kilomètres ? La portée des TB2 est seulement de 150 kilomètres.

Néanmoins, «il est possible d’avoir un relais, surtout dans le désert, avec peu de relief, note Joseph Henrotin, chargé de recherches au Centre d’analyse et de prévision des risques internationaux. L’endurance du drone lui-même permet de dépasser les 150 kilomètres, et le matériel nécessaire pour installer un relais est mobile et assez léger.» Les militaires maliens et leurs partenaires russes auraient pu faire venir ce relais à Anéfis. A moins qu’ils n’aient dégagé une petite piste pour faire décoller les TB2 du village. «Elle peut être en terre, en herbe, en latérite : la machine est relativement légère, la préparation n’est pas forcément lourde», explique le spécialiste.

Après une première salve, quelques jours plus tôt, trois bombes ont été tirées sur Kidal mardi. L’une a été larguée dans l’enceinte de l’ex-camp de la Mission des Nations unies (Minusma). Une autre a explosé à proximité, «entre la base et l’école Aliou», au nord-ouest du site onusien : huit élèves auraient été tués, selon la CMA. Une troisième frappe a atteint un groupe de «notables qui prenaient le thé sous un arbre» à la périphérie de la ville, affirme un responsable de la rébellion. Six hommes auraient trouvé la mort. Mercredi matin, deux nouvelles frappes ont été signalées, sans faire de nouvelles victimes. Un camion abandonné par la Minusma aurait été touché.

liberation.fr

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