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Dangereuse escalade de la violence sécuritaire : La guerre d’Assimi, et après ? Pourquoi les entreprises maliennes en pâtissent….

Entre la junte militaire au pouvoir et les mouvements signataires de l’accord de paix, regroupés au sein du CSP, c’est désormais la guerre totale. Une dangereuse escalade dans la confrontation armée qui asphyxie l’économie, avec ses corollaires d’insécurité et de violence et qui n’en finissent plus de détruire le vivre ensemble dans un pays où pourtant l’on a tout à gagner à s’asseoir à la table de négociation.

Economie malade, démocratie en berne, regain de l’insécurité djihadiste, corruption galopante, le décor, dans lequel le colonel Assimi Goïta, président de la transition militaire, a déclenché la guerre totale
contre les positions des mouvements armés est celui de la déchirure brutale.

La junte militaire, ayant mis entre parenthèses la démocratie et la libre entreprise, ne s’aperçoit même pas, quand les armes crépitent dans le grand nord et certaines localités du centre, que la corruption rampante est à un niveau jamais encore atteint dans le pays. L’autorité militaire, qui est au cœur de cette mauvaise habitude de prédation des biens publics depuis bientôt trois ans, est celle-là même qui a opéré une véritable OPA sur la gouvernance publique, en s’emparant du pouvoir politique dans le pays par les armes.

Les dignes et valeureux enfants de ce pays, qui se sont engagés fièrement dans l’ordre des Famas en croyant préserver la sécurité de leurs compatriotes et protéger le territoire national, n’ont droit en fait qu’au respect éternel pour leur sacrifice au service de la nation.

Plus loin de nous, dans les années 90, en Allemagne, le mur de Berlin est tombé, non pas parce que le béton s’est écroulé, mais parce que la jeunesse triomphante de ce pays, dont je salue le courage, a mis fin au mal vivre qui la minait. Ici, la société civile plus consciente de responsabilités, a compris qu’il fallait cesser toute compromission avec la hiérarchie militaire.

Malédiction de Koulouba C’est la situation du Mali d’aujourd’hui ! La junte militaire a oublié les leçons du prytanée et de l’école militaire dont ses membres sont pour la plupart issus, pour s’accaparer du pouvoir
politique, tout en étouffant par la répression et la menace toute voix discordante. Une toute puissance, réelle ou illusoire, certes actuellement assumée par la junte de Kati mais qui ne doit pas perdre de vue, ici ou ailleurs, que le peuple, résolu et éveillé, peut arriver en dépit de tout à bout de n’importe quel régime militaro-politique.

De ce fait, il ne faut jamais croire, comme le rappelle l’observateur averti, qu’il est facile de décider
d’une guerre. Ceux qui s’aventurent dans la guerre doivent savoir qu’ils vont sans doute affronter les collines, les montagnes, les tempêtes, voire les ouragans, y compris donc la colère de Dieu, créateur de la vie, de l’univers, du paradis et de l’enfer… On ne le dira jamais assez : l’homme d’Etat ou le militaire,
une fois qu’il enclenche la guerre, cesse d’être homme d’Etat et le militaire n’est plus soldat. Ils seront les déclencheurs de la guerre et seront réduits à devenir eux-mêmes les esclaves d’évènements incontrôlables. Ils n’auront plus aucune emprise sur des événements, désormais tributaires de la logique des rapports de forces desquels seront déductibles tous leurs actes et pensées.

Dans les grandes écoles de stratégie militaire, on enseigne que l’autorité militaire ne sera jamais une autorité politique, tout autant qu’une démocratie digne de ce nom ne l’est jamais par effet d’annonce.

Il est donc temps, et grand temps, de se ressaisir au plus vite, vous les plus hautes autorités de la transition, les responsables des institutions et les ministres de la République. Il faut éviter d’être
complices du déclenchement d’une guerre et surtout n’être pas contraints et forcés de la mener.

Autre évidence des temps modernes qu’il est important de rappeler aux ‘’déclencheurs de guerre’’ : il faut à tout prix éviter d’y aller seul, sans alliés. C’est d’ailleurs cela qui explique la création de l’OTAN par les européens et les américains qui ont ainsi bien assimilés cette leçon historique, après les affres de la
deuxième guerre mondiale sur la jeunesse, l’économie, les emplois, les entreprises privées.

L’OTAN a pu ainsi massifier, densifier, voire mutualiser les conséquences de la guerre, pour amoindrir ses souffrances et ses impacts sur l’homme et son environnement.

Ce n’est pas tout : une guerre,

comme on le dit, ne doit pas durer aussi longtemps qu’il faut. L’enlisement, qui en découle surtout s’agissant d’une guerre fratricide comme la nôtre, peut engendrer les pires conséquences
dans un espace géographique, où vivent dans la communion et en symbiose des frères et sœurs,
des alliés parfois et le plus souvent issus de différentes communautés.

C’est bien pourquoi, il est nécessaire d’aller à la table de négociation. On y est contraint par la force des choses, dès lors qu’il s’agit de sauver notre pays. Ça revient plus nettement à se donner tous les moyens humains possibles pour éviter, pendant qu’il est encore temps, qu’une guerre aussi honteuse, inutile et
sale, ne finisse par détruire les ressorts sociaux et économiques de notre pays.

A contrario, ceux qui s’opposeront à cette logique de rechercher la paix, ceux qui attiseront ouvertement ou de façon anonyme le feu de la guerre, seront très certainement démasqués pour qu’ils répondent de leurs actes face à l’histoire et devant les tribunaux d’ici ou d’ailleurs.

Le Mali n’a pas droit à la guerre Cela est indispensable pour que les massacres de masse, consécutifs à ces sanglantes confrontations fratricides, ne se reproduisent plus jamais dans le pays de Firhoun et de Soundiata Keita.

La réalité de la situation est

prosaïque et nul ne doit s’y méprendre : la guerre frappe un pays dont l’économie est agonisante ! L’économie malienne n’a jamais autant confinée à une précarité existentielle. Et pour cause, aussi longtemps qu’elle va durer, l’entreprise malienne subira encore plus durement les conséquences désastreuses de cette guerre exacerbée par le départ de la MINUSMA, l’embargo, la mauvaise gouvernance, les crises du complexe obsessionnel de la décolonisation, la corruption galopant.

Il est évident que pour extirper durablement les germes d’une réplique indéfinie du désastre
actuel, les responsables de ce déclin de l’économie malienne et des entreprises devront eux-aussi supporter les conséquences de leurs actes face à l’histoire et face à la justice. On peut l’assurer, sans aucun risque de se tromper : ils ne pourront pas échapper à leur sort, ces comploteurs contre l’économie et la Nation malienne. Cela d’autant plus que tous les moyens légaux seront pour les traquer et les
faire assumer leurs actes.

En tout état de cause, la solution

pour sauver l’économie ne résulte pas du miracle. Elle existe bel et bien et est justement tributaire des mécanismes internes et surtout de la capacité intrinsèque des acteurs économiques eux-mêmes. Aujourd’hui, l’impératif est que le colonel Assimi Goïta et la junte militaire doivent simplement cesser d’aimer le pouvoir pour le pouvoir, et s’orienter vers les investissements privés, qui est le vrai ressort de toute économie dynamique.

C’est en cela, et rien d’autre, qu’ils pourront réaliser une bonne gouvernance politique, permettant au colonel Assimi Goïta et à ses compagnons d’avoir plus facilement l’opportunité pour faire appel aux
capitaux privés, surtout internationaux. Ceci pourra assurer au pays un investissement massif qui passe forcément par une injection hardie et vigoureuse d’argent frais dans l’économie
malienne.

La jeunesse comme une bombe
?
Les autorités de la transitionm doivent comprendre, comme il sied à un responsable d’Etat, que
le développement d’un pays est tributaire de l’investissement privé, et le nôtre n’y fait pas exception. Gouverner ne se limite pas à exercer le pouvoir d’Etat, il faut aussi être capable d’attirer
les investisseurs, locaux commeninternationaux, vers le pays.

Chez nous, il est de bon ton d’accuser les politiques d’être les responsables de la situation actuelle
du pays. Mais, à y regarder de plus près, il faut faire attention, car les militaires ont été eux-aussi, de tout temps, les acteurs du système et ont même fini par bien comprendre comment en devenir désormais les maîtres incontestés.

Pour la junte militaire actuelle au pouvoir, une fois s’étant s’emparée du pouvoir politique et confrontée aux énormes défis économiques du pays, il n’y a plus rien eu à l’horizon. Les maîtres du jour n’ont proposé jusque-là comme réponses ou solutions, que l’illusion et la diatribe de s’affranchir de l’ancienne puissance coloniale, qui tient lieu de seule politique, si ce n’est cette propension à l’abandon progressif de la démocratie et des privations de libertés consécutives.

Le constat est saisissant : les militaires de la junte, une fois confortablement installés sur les marches suprêmes de l’Etat, ont tout simplement confisqué à leur profit le pouvoir politique. Mais jusqu’à quand pensent-ils continuer à s’y agripper ? Il n’y a désormais plus d’autres options aux politiques, plus particulièrement pour la nouvelle jeunesse montante, que de se mettre au travail. Et au plus vite
pour opposer une alternative plus crédible à la faillite du pouvoir militaire.

Et bien évidement si seulement, ce qui reste encore de la presse indépendante pouvait constituer un catalyseur fécond pour engager le débat en vue de l’émancipation des mentalités.

Mamadou Sinsy Coulibaly
Président du Groupe Kledu

L’Alternance

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