Considérées comme de véritables crimes économiques, la corruption et la délinquance financière ont atteint des proportions inquiétantes au Mali sous le regard impuissant des plus hautes autorités qui semblent avoir donné leur quitus à leur pratique. Des cadres de haut niveau, des personnalités politiques et des opérateurs économiques sont les principaux acteurs de ces diaboliques feuilletons financiers qui n’ont d’ailleurs aucune saveur.
Les mailles du filet laissent passer les gros poissons et retiennent le menu fretin. N’est-ce pas l’inverse qui aurait dû se produire ? Y’aurait-il deux catégories de maliens ?
Le temps n’est-il pas venu d’avoir de la compassion pour notre pays qui croupit sous le fardeau de la misère et de l’iniquité ?
Nos compatriotes sont-ils condamnés à vivre dans la précarité, l’insécurité et l’injustice ?
Parvenus au pouvoir en 1992 après la chute de GMT, les soi-disant démocrates qui se sont succédé aux affaires ont mis en place des mécanismes d’enrichissement illicite et rapide en
faisant fortune sur les richesses nationales.
Pour échapper à la justice, ils ont concocté des textes qui leur permettent de vivre dans l’impunité la plus totale. Les 10 ans d’Alpha Oumar Konaré et les 07 ans d’IBK méritent qu’on s’y attarde un peu.
Aujourd’hui plus qu’hier, des cadres civils et militaires, des chefs d’institution et des opérateurs économiques véreux se rendent coupables du pillage systématique des ressources financières et foncières du pays. Tels de vrais apprentis sorciers, ils manœuvrent dans les eaux troubles pour faire échec à toute velléité de changement souhaité par le peuple malien.
La corruption et la délinquance financière sont devenues le sport favori d’une irréductible minorité de personnalités politiques, de fonctionnaires et de commerçants qui n’ont aucune pitié pour leur pays qui leur a pourtant tout donné.
Les scandales financiers se sont succédés à un rythme infernal : De l’achat de l’avion présidentiel à l’affaire des avions cloués au sol en temps de guerre en passant par la surfacturation des équipements militaires et du dossier des engrais frelatés, la liste n’est pas exhaustive, les maliens dans leur majorité ont perdu toute confiance en leurs dirigeants.
Les sommes colossales ainsi détournées des caisses de misère de notre pays, sont destinées à la construction de luxueux châteaux, à l’achat, l’aménagement et à l’entretien de vastes fermes agricoles et avicoles.
Certains fonctionnaires maliens dont les salaires sont pourtant connus de tous affichent un train de vie comparable à celui d’un prince héritier d’une monarchie du Golf. Ils se rendent en un temps record propriétaires de riches parcs automobiles avec une batterie de grosses cylindrées qui n’ont rien à envier à ceux du Sultan de Brunay.
Les mêmes prédateurs financiers, pour de simples piqûres de moustiques et autres maladies bénignes n’hésitent pas une seule seconde à envoyer leurs épouses ou leurs progénitures en Tunisie, au Maroc. Quand il s’agit d’accouchement, les destinations européennes, américaines et canadiennes sont prisées.
Les enfants de ces fonctionnaires véreux et insatiables étudient dans les prestigieuses et dispendieuses universités occidentales. Ils ont à leur merci des maîtresses qu’ils entretiennent à coups de millions. Et les paradis fiscaux, faut-il en parler ? Quelle dilapidation osée des maigres ressources financières d’un pays qui se cherche !
Il serait bon de faire l’Etat de la nation pour mettre hors d’état de nuire cette horde de voleurs attitrés. Si rien n’est fait dans ce sens, le Mali périra sans autre forme de procès.
Tous les regards sont aujourd’hui braqués sur les autorités de la Transition qui semblent ne pas être dans la dynamique de poursuivre les auteurs du ces pillages sauvages qui ont mis notre économie à terre. Sinon comment comprendre qu’elles aient laissé IBK et ses proches contre lesquels tout le peuple s’est soulevé à cause de leur gestion jugée calamiteuse quitter le pays en toute tranquillité ? Aux dernières nouvelles, le Mandé Mansa déchu serait retourné à Dubay pour des soins.
Lutter contre ces deux fléaux cités plus haut serait-il en passe de devenir une équation insoluble ?
Pour bon nombre d’observateurs de la scène politique, les urgences qui interpellent le Mali oscillent autour des points suivants à la résolution desquels Bah N’Daw et ses hommes doivent s’atteler. Il s’agit de :
Engager une lutte sans merci contre la pandémie meurtrière du Coronavirus et contre les Djihadistes, les narcotrafiquants et les autres bandits de grand chemin qui pullulent dans notre pays.
Ouvrir de vraies enquêtes pour situer les responsabilités dans le festival des scandales financiers qui a tenu le Mali en haleine de nombreuses années.
Appuyer sur le bouton de la justice en arrêtant tous les corrompus et les délinquants financiers, en les traduisant devant les tribunaux compétents et en restituant au peuple malien tous les biens mal acquis qui lui ont été volés.
Stopper le tripatouillage des élections à des fins mercantiles. Ce qu’on a vu en 2018 est tout simplement déconcertant. Des députés morts et enterrés sont revenus à la vie contre espèces sonnantes et trébuchantes.
Si les crimes économiques commis sous le règne du Mandé Mansa par son clan, sa famille, ses amis, certains de ses ministres anciens et nouveaux et sa pléthore de conseillers tous aussi apatrides que délinquants financiers restent impunis, la révolte populaire aura été un échec. La montagne aura accouché d’une souris.
Prosper Ky/
Source: La Révélation