Chacun disant craindre le chaos, les protagonistes de la contestation politique au Mali appellent au dialogue pour décrisper la crise. Mais un dialogue de sourds, car si les uns (partisans du régime) invitent les contestataires à saisir la main tendue du Président de la République, ces derniers appellent à dialoguer sur la démission du Président IBK et de tout son régime.
Les téléspectateurs et auditeurs de l’Office de radio-télédiffusion du Mali (ORTM) ont suivi en direct le débat entre l’ancien ministre Amadou Koita, représentant de la Convergence des forces patriotiques (CFR) et Issa Kaou Djim, le coordinateur des Mouvements et associations de soutien à l’imam Mahmoud Dicko, membre du Mouvement du 5 juin Rassemblement des forces patriotiques (RFP), autour de la situation sociopolitique qui secoue le pays.
Beaucoup saluent l’initiative, mais se disent déçus par la qualité du débat. Et pour cause, les intervenants se sont plutôt livrés à un jeu de rhétorique, estiment des internautes maliens, qui apprécient tout de même ce « premier pas » vers la décrispation de la crise sociopolitique.
Depuis le rassemblement populaire du 5 juin 2020, les deux camps tendaient vers la radicalisation. Les appels au dialogue n’ont pas empêché l’escalade verbale entre les protagonistes. Des marches et contre-marches sont prévues par les parties. Elles ne s’entendent pas sur les solutions de sortie de crise préconisées notamment par les émissaires de la CEDEAO.
Les contestataires restent figés sur la démission du président Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), qu’ils accusent d’avoir érigé la « mauvaise gouvernance en règle». De même, ils le chargent d’«incapacité » à redresser le pays, confronté à une crise sécuritaire, sociale, économique, sanitaire, etc.
Le ministre sortant des Maliens de l’extérieur, Amadou Koita, représentant du camp favorable au président IBK, dont il faut bien saluer le courage pour avoir accepté de venir sur le plateau affronter Issa Kaou Djim, en ces temps, est resté très évasif sur bien de questions « fondamentales ». Il s’est contenté de faire une surenchère rhétorique sur les vertus du dialogue.
Amadou Koita a appelé les mouvements de contestation à saisir la « main tendue » du chef de l’Etat. «On veut sa démission et celle de son régime», réplique Issa Kaou Djim.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que le dialogue de sourds perdure entre les deux parties.
Au président Ibrahim Boubacar Kéita de donner à son tour des signaux de décrispation, dans le sens du découragement de ses partisans qui projettent de marcher ce samedi 27 juin pour témoigner de leur attachement aux « institutions».
En tout cas, Mahmoud Dicko, principale figure de la contestation en cours, a fait preuve de grande sagesse, le vendredi 19 juin dernier, en empêchant une foule déchaînée de marcher sur le palais présidentiel.
Gageons qu’il sera trouvé, avec l’aide de la CEDEAO et des partenaires de la communauté internationale, les leviers nécessaires pour amener les deux parties au vrai dialogue.
Aly BOCOUM
Source: Bamakonews