Les vice-Premiers ministres italiens s’en sont pris plusieurs fois à la France et à Emmanuel Macron ces dernières semaines.
Le bras de fer se transforme en crise diplomatique. La France a décidé de rappeler son ambassadeur en Italie ce jeudi pour “des consultations” après une série de “déclarations outrancières” et “d’attaques sans fondement” et sans “précédent” de la part des dirigeants italiens.
“Les dernières ingérences constituent une provocation supplémentaire et inacceptable”, a déclaré la porte-parole du Quai d’Orsay dans un communiqué.
La veille, le Quai d’Orsay avait déjà dénoncé une “provocation inacceptable” de la part du vice-Premier ministre italien Luigi Di Maio, qui avait rencontré des responsables gilets jaunes en France après avoir plusieurs fois apporté son soutien au mouvement. L’autre vice-Premier ministre, Matteo Salvini, leader de la Ligue, avait, lui, appelé les Français à se libérer d’un “très mauvais président” il y a quinze jours.
Milan “ne veut pas” polémiquer
Sitôt le rappel de l’ambassadeur officialisé, Matteo Salvini, ministre de l’Intérieur et patron de l’extrême droite italienne, a assuré que le gouvernement italien ne voulait pas polémiquer. “Nous ne voulons nous fâcher avec personne, les polémiques ne nous intéressent pas: nous sommes des gens concrets et nous défendons les intérêts des Italiens”, a-t-il écrit dans un communiqué.
“Nous sommes tout à fait disposés à rencontrer le président Macron et le gouvernement français, à nous asseoir autour d’une table”, a-t-il ajouté, même si ses alliés du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) n’ont pas réagi dans l’immédiat.
“Pas de précédent depuis la fin de la guerre”
Les tensions entre Paris et Milan couvaient depuis plusieurs semaines. “Cela n’a pas de précédent, depuis la fin de la guerre (…) Les dernières ingérences constituent une provocation supplémentaire et inacceptable”, a tonné la porte-parole du ministère des Affaire étrangères Agnès von der Mühll. “Avoir des désaccords est une chose, instrumentaliser la relation à des fins électorales en est une autre”, a-t-elle poursuivi. “La campagne pour les élections européennes ne saurait justifier le manque de respect de chaque peuple ou de sa démocratie”, a souligné Agnès von der Mühll.
Plus tôt dans la journée, le vice-président du Conseil des ministres et ministre du Développement économique Luigi Di Maio avait, en creux, accusé la France d’être responsables des morts de migrants en Méditerranée.
Ces tensions régulières sont le symptôme de relations particulièrement tendues entre la France et l’Italie depuis l’arrivée au pouvoir de coalition populiste à Rome. Si Luigi Di Maio, leader du Mouvement 5 étoiles, mouvement politique atypique né en 2009 du rejet de la classe politique par une partie des Italiens, ne cache pas son soutien aux gilets jaunes, Matteo Salvini, chef de file de l’extrême droite, s’affiche lui aux côtés de Marine Le Pen. Tous deux avec le même objectif : critiquer l’exécutif français dirigé par Emmanuel Macron, figure honnie des antisystèmes, et trouver des alliés en vue des européennes.
Source: lexpress