À peine installées, les autorités de la Transition malienne ont placé la lutte implacable contre la corruption et la délinquance financière au cœur de leur crédo politique. Un an après, au regard des récents évènements qui défraient la chronique, les avis sont divers et partagés sur la volonté et la capacité des tenants du pouvoir à porter haut ce flambeau.
C’est pourquoi, il est impératif pour le Président Assimi Goïta de veiller sur des pratiques peu orthodoxes notamment des dérives financières survenues au cours de cette transition.
À ce titre, la lutte contre la corruption doit rimer avec la lutte contre l’injustice.
Dans le feuilleton judiciaire en cours relatif à l’achat de l’avion présidentiel et des contrats des équipements militaires, si certains croient à une réelle volonté de justice, d’autres estiment qu’il sagit là d’une simple tentative de séduction de l’opinion.
Récemment, suite au scandale des agents de la police dans le dossier des tueries du 10 et 11 juillet 2020, nombreux sont ceux-là qui ont tendance à croire à une justice à double visage. L’arbre ne doit pas cacher la forêt. Grande odeur de magouilles.
En effet, une équipe gouvernementale venue après la chute le régime corrompu d’IBK avait donné de l’espoir au peuple. Mais au fil du temps, la déception a refait surprise suite à la pratique de certains ministres du Gouvernement.
Au ministère des transports et des infrastructures, l’attribution des marchés gré-gré devenue monnaie courante a eu raison du principe de l’accès de toutes les entreprises à la commande publique.
Il s’agit là d’une méthode savamment orchestrée par l’ex ministre des Transports et des Infrastructures, Makan Fily Sissoko pour se tailler la part du lion avec la bénédiction de son homologue de l’économie et des finances qui semblait lui accorder le feu vert sans suivie.
Or depuis à son début, le credo de cette transition s’est e focalisé sur la lutte implacable contre la corruption.
Mais dans la pratique certains responsables se donnés à fond pour pilier les maigres ressources de l’État.
À l’analyse profonde des marchés et leur manière d’attribution, c’est le boulevard de la corruption qui s’est avéré ouvert.
Tel est le cas du projet d’aménagement de la section Sévaré-Mopti de la route Nationale N°6(RN6), l’aménagement de 10 km de voiries dont 5 km dans la ville de Mopti, et 5 km dans la ville de Sévaré et la construction de la voie de contournement de l’aéroport de Mopti Ambodédjo.
Ce projet de désenclavement pour le centre du pays a été financé à hauteur de 96,73 % par la BOAD et 3,27 % pour le Budget National sur exercices de trois ans : 2021,2022 et 2023.
Ce marché qui a fait l’objet d’une consultation restreinte a été octroyé à l’Entreprise Générale Mamadou Konaté (EGK) à une valeur monétaire de 32.601.687.065 F CFA hors taxes, hors Douanes, pour un délai de trente (30) mois.
Il ressort que la procédure de passation de ce marché n’a pas respecté l’esprit du code du marché public.
L’ex ministre Makan Fily Sissoko, qui a longtemps séjourné dans le même département comme Ségal en sait et doit des explications sur ce marché et d’autres marchés donnée en gré à gré tels que les travaux de constructions et bitumage de la route Banankoro- Dioro (45 km), les travaux de réhabilitation du tronçon Sandaré -Kayes (138 Km) ,de la route Bamako-Kati -Kolokani-Didiéni-Diéma-Sandaré-Kayes-Kidira (710 km).
Ce dit marché sera approuvé par la lettre confidentielle du 03 Décembre 2020 du Ministre de l’économie et des finances Alhousséini Sanou qui a prévu une inscription budgétaire de 70 milliards en Autorisation d’engagement (AE) et 5 milliards de F CFA en Crédits de Paiements (CP).
Le ministre Makan Fily Sissoko n’a pas respecté l’esprit de cette lettre, il a fait passer le marché avec l’entreprise Chinoise COVEC à 85 milliards, soit un dépassement de 15 milliards.
Ce montant supplémentaire pouvait servir à construire un hôpital digne pour assurer une prise en charge efficace et efficiente des patients. Ce jeu s’appelle de la fraude, de la surfacturation, punissables. ECGF, victime d’injustice flagrante au profit de PRO-BTP- Sarl Pire, ces fautes impardonnables sont exacerbées d’injustice.
Le cas d’espèce fait à l’entreprise commerce général Fodé Coulibaly (ECGF) en dit long.
C’est cette entreprise qui a été chargée par l’État malien pour la réalisation de grands travaux tels que la construction de la nouvelle Maison d’Arrêt de Kéniéroba, la construction d’un entrepôt pour le compte des EMACI à Abidjan.
En réalité, en janvier 2021, sous l’égide de lex-ministre Makan Fily Dabo, l’entreprise a été sollicitée par le département des Transports et des infrastructures pour la réalisation d’infrastructures pour son compte.
Il s’agissait notamment de l’extension de l’aéroport de Sikasso Dignangan ; la construction d’un entrepôt dans le port autonome de San Pedro ; la construction de la direction nationale des transports.
À cet effet, ECGF a fourni un devis estimatif de 1.449.205.200 FCFA sur la base de l’étude du Cabinet d’Architecture Influence pour la construction de la direction nationale des transports.
À la suite de cela, une demande a été adressée au ministère des finances pour approbation. Sur cette base, le département des finances a accordé l’autorisation de financement au ministère des transports.
Et les banques ont été autorisées à accorder les décaissements. Mais voilà, qu’après préfinancement des travaux par l’entreprise, à la surprise générale et contre toute attente, une consultation restreinte a été organisée pour la construction du siège de la direction nationale des transports afin décarter ECGF pour simplement octroyer le marché à l’entreprise PRO-BTP- Sarl pour un montant de plus de 1.900.000.000 FCFA soit un écart de dépassement de plus 512 millions par rapport au devis de ECGF.
Or, ce sont les éléments fournis par ECGF qui ont servi de référence pour l’acquisition du financement.
Il s’agit là d’une injustice flagrante et d’un fait de haute trahison de la part de ministre Dabo. Un véritable gâchis pour l’État.
Si ce nest la magouille, pourquoi, engager l’État à donner un marché plus chère, alors une autre de la même catégorie est prête à faire les travaux au prix moins cher.
En termes clairs, l’ex-ministre Dabo a fait faux bond à ECGF. Lui qui avait fait la démolition de la zone aéroportuaire son cheval de bataille pour vanter son patriotisme et son intégrité, n’est pas aussi blanc comme neige.
En octroyant le marché à son ami de PRO-BTP- Sarl, Dabo s’est retrouvé dans la posture dilapidation du denier publics.
Or, dans une correspondance en date du 6 avril 2021, adressé au ministre des transports et des infrastructures, le directeur national des transports terrestres, maritimes, et fluviaux, Mamadou Sow donnait favorable pour le dossier ECGF en ces termes : « L’offre proposée par l’Entreprise et Commerce générale Fodé Coulibaly doit être saisie et mise à profit pour la concrétisation des objectifs maintes fois exprimés mais jamais mis sur la voie de réalisation ».
Après le forfait du ministre, le collectif des jeunes entrepreneurs a adressé le 15 avril 2021, une correspondance au président de l’Autorité de régulation des marchés publics et des délégations de service public (ARMDS).
L’objet de cette lettre portait sur la « dénonciation de la violation des procédures de passation d’un marché public par le ministre des transports et des infrastructures. Le collectif a déclaré la procédure inopportune du ministre Dabo. Laquelle viole le principe de l’accès de toutes les entreprises à la commande publique.
Pour le collectif, cette procédure de restreinte de passation de marché manque de transparence. Malgré tout, Makan Fily a continué à gérer le département jusqu’à son remplacement.
Pour une lutte impartiale contre la corruption, le Président Goïta doit faire en sorte que la lumière apparaisse dans ce scandale financier qui sévit au sein du ministère des transports et de l’équipement, afin que justice soit faite.
Kadi DIALLO
Source : ÉchosMédias