Le Premier ministre, Dr Boubou Cissé l’a annoncé, hier, lors d’une conférence de presse consacrée aux mesures prises pour faire face à la pandémie mondiale.
Les élections législatives sont maintenues, notre pays n’a jusqu’ici enregistré aucun cas de coronavirus, le gouvernement mise sur les mesures préventives et il est prêt à faire face à d’éventuels cas de la maladie… C’est en résumé le message qu’a fait passer, hier devant la presse, le Premier ministre et ministre de l’Économie et des Finances, Dr Boubou Cissé.
Le chef du gouvernement avait convié les journalistes à la Primature pour un échange sur les mesures prises pour faire face à la pandémie du coronavirus. Il avait à ses côtés le ministre de la Santé et des Affaires sociales, Michel Hamala Sidibé, le ministre de la Communication, chargé des Relations avec les Institutions, Porte-parole du gouvernement, Yaya Sangaré et de celui des Transports et de la Mobilité urbaine, Ibrahima Abdoul Ly.
Dans la salle, les mesures de distanciation étaient strictement observées et il n’y avait pas de micro baladeur. Premier à prendre la parole, le ministre Yaya Sangaré a rappelé que le continent africain, relativement épargné par le coronavirus, a été contaminé par des voyageurs venus d’Asie et d’Europe. Selon lui, la progression des tests positifs indique une contagion interne dans nos pays.
Sur les 54 pays du continent, a-t-il précisé, 31 sont déjà touchés par cette maladie. Et le nombre de malades est passé de 60 à 464 cas confirmés de la semaine du 13 au 17 mars 2020. D’après Yaya Sangaré, la situation est très grave et exige de chaque citoyen, le respect strict des mesures élémentaires d’hygiène que le gouvernement a largement diffusées.
CORDONS SANITAIRES- Pour le Premier ministre, le Mali n’est pas un pays à risque, mais il est vulnérable du fait de la propagation de ce virus à un rythme assez alarmant «autour de nous». Dr Boubou Cissé a rappelé que tous les pays limitrophes du Mali, à l’exception du Niger, ont connu des cas de Covid-19. Conscient de la vulnérabilité de notre pays, le chef du gouvernement dira que quels que soient les efforts faits, notre système de santé sera très rapidement saturé si le virus faisait son apparition sur notre territoire. C’est pourquoi, Dr Boubou Cissé a indiqué que tous les efforts en cours sont axés sur la prévention.
À cet effet, des cordons sanitaires ont été mis en place à l’aéroport de Bamako et dans les autres aéroports du pays, aux frontières terrestres et fluviales. Ces dispositifs, selon le Premier ministre, fonctionnent si bien que jusqu’à présent, tous les cas suspects ont pu être ciblés et les tests effectués. Le travail va consister à renforcer davantage ces cordons sanitaires pour mettre notre pays à l’abri d’une introduction du virus, a annoncé le chef du gouvernement.
Au-delà de la prévention, dira-t-il, le gouvernement est en train de se préparer à l’éventualité de l’introduction de la maladie dans notre pays. À cet effet, des dispositions sont prises pour la prise en charge d’éventuels cas. Des dispositifs de prise en charge ont été mis en place à l’hôpital du Point G, à l’hôpital de Dermatologie, à l’Hôpital du Mali et dans certains Centres de santé de référence. À Bamako, une vingtaine de lits sont prêts pour la prise en charge.
Ce nombre va être porté à une centaine. Les dispositifs dans les capitales régionales, seront renforcés, a assuré, le Premier ministre qui a beaucoup insisté sur la prévention pour éviter le pire.
C’est dans ce cadre que des mesures de précaution ont été prises par le gouvernement. Aussi, l’idée de mettre en place des brigades de vigilance et de sensibilisation a été discutée. Il s’agit de recruter quelques centaines de jeunes qui tourneront dans les marchés et gares routières pour assurer ce rôle de vigilance et de sensibilisation. Mais Dr Boubou Cissé pense que chaque Malien a un rôle à jouer dans l’application de ces mesures. C’est pourquoi, il en a appelé à la responsabilité citoyenne de tous car sans cela, le virus va entrer chez nous et la contagion risque d’être exponentielle.
Malgré le risque, le Premier ministre a jugé que la vie doit continuer. Et cela nécessite que certaines activités puissent continuer. «Nous ne pouvons pas interdire que les marchés se tiennent, mais nous allons faire en sorte que les comportements des uns et des autres correspondent aux recommandations faites par les experts et aux mesures prises par le Conseil supérieur de la défense», a-t-il indiqué.
Dans le même ordre d’idées, Dr Boubou Cissé dira que par souci de survie de la nation et de continuité de l’État, les élections législatives sont maintenues. «Ces élections vont se tenir qu’il y ait ou pas de cas de maladie à coronavirus dans notre pays », a-t-il martelé, ajoutant que des précautions seront prises pour faire respecter les mesures de distanciation par les électeurs le jour du vote.
SOUTIEN DES PTF- Le Premier ministre a aussi évoqué le plan d’urgence contre le Covid-19, préparé par le ministère en charge de la Santé, et dont le financement est de 6,3 milliards Fcfa. En plus, a-t-il annoncé, des partenaires techniques et financiers sont prêts à aider notre pays avec environ 17,5 milliards Fcfa sous forme de prêts et de dons.
Pour sa part, le ministre des Transports et de la Mobilité urbaine a indiqué que la décision de fermeture des frontières aériennes sauf pour les vols cargo, a été différée à ce vendredi à 00h00 pour des raisons humanitaires. Il a tenu à préciser que l’aéroport ne sera pas fermé, car il y aura des autorisations au cas par cas pour diverses raisons. Pour les transports terrestres, les corridors ont été pris en charge par l’installation de cordons sanitaires. S’agissant des voyageurs par voies terrestres, le ministre Ly dit avoir rencontré les syndicats pour l’application des mesures préventives dans les gares routières. Et il doit rencontrer les transporteurs urbains et interurbains pour le même exercice.
Le ministre de la Santé et des Affaires sociales a, de son côté, indiqué que les temps sont très graves. «Nous sommes en face d’une des plus graves pandémies que nous avons connues», a souligné Michel Hamala Sidibé qui a conseillé de prendre très au sérieux les mesures édictées par le gouvernement.
Pour combattre une pandémie, il dira qu’il faut le leadership, l’engagement politique à tous les niveaux, toutes choses que nous avons chez nous. Pour faire face à la menace, le ministre Sidibé a promis de mobiliser tous les soignants à la retraite, de lancer une coalition du secteur privé contre cette pandémie.
Dieudonné DIAMA
Source: Journal L’Essor-Mali