Désastre ! Le 7e Art est lui aussi contraint de s’adapter à la pandémie du Covid-19, à l’image de la plupart des activités humaines. L’impact, en plus de l’immense deuil imposé à l’humanité, est impressionnant avec les rencontres, festivals et tournages reportés, le confinement dans certains pays, les salles de cinéma et studios fermés …
Le monde du cinéma fait grise mine face à cette catastrophe des tournages interrompus, des comédiens et techniciens sans travail, des producteurs et distributeurs en attente et des exploitants désemparés. Tout ce monde s’inquiète pour l’avenir de cet art devenu une industrie à l’échelle mondiale et qui se trouve à l’arrêt.
À Bamako, la dernière poche de résistance à la disparition des salles de cinéma du Mali, le Magic Cinéma (ex Babemba) a courbé l’échine en fermant ses deux salles sur ordre des autorités. Le gérant, Siriki Mété n’est pas bien optimiste quant à la survie de l’entreprise au regard des graves dommages financiers ainsi occasionnés et qu’il n’est pas sûr de surmonter sans un appui de l’état.
Et que dire alors des tribulations du monumental Souleymane Cissé aux états-Unis, invité à San Francisco à l’Université Barclays pour faire la présentation de ses films. Parti de Paris par avion le 10 mars et par chance, à la veille du début du confinement en France, il débarque à San-Francisco. Manque de pot, deux jours après, il est informé de la fermeture de l’Université dans une ambiance de confinement. Il décide de retourner à Bamako. Et, là commence ses tourments comme le relate le journal Arc en Ciel. Impossible de trouver un vol vers cette destination. Avec un peu de chance, il a pu s’envoler vers New-York où il trouve la situation sanitaire encore plus dramatique. Il ne savait plus à quel saint se vouer. C’est avec un grand soulagement que ses hôtes de l’Université Barclays ont réussi la prouesse de lui dénicher une place dans un vol en direction de Bamako où il est de retour le 18 mars.
Les dommages sont plus impressionnants du côté des grandes cinématographies. Chez les distributeurs, certains ont prudemment repoussé l’exploitation de leurs films en attendant des jours meilleurs. Toujours à la recherche d’idées innovantes, d’autres, comme Marc Irmer, le producteur du film tunisien « Un fils » de Mehdi B. Barsaoui, ont demandé que leurs films puissent être accessibles en VOD (vidéo à la demande) pour poursuivre leur parcours. Mais cette idée divise profondément la profession qui, en grande majorité, doute de la rentabilité d’une telle opération vu les ravages que pourraient leur causer la piraterie et le fait que les films ne bénéficieront pas de la promotion qui s’organise en général autour de leur sortie.
Les spectateurs retrouveront-ils le chemin des salles de cinéma après la crise ? C’est le pari que font des opérateurs comme le producteur de film, fondateur de Dolce Vita Films, Marc Irmer qui déclare : «Passer immédiatement en VOD nous aurait permis à court terme de montrer le film, d’avoir des spectateurs, mais, économiquement pas à un niveau suffisamment intéressant pour amortir les frais publicitaires et promotionnels engagés par le distributeur pour faire exister le film en salles.».
Pour le reste, le coût sera encore plus élevé si la fermeture des salles et le confinement tirent sur la longueur, redoute-t-on dans le milieu. Les dommages deviennent impressionnants quand on y ajoute le report des rencontres et festivals comme celui de Cannes. Un coup dur, notamment pour les sociétés de vente internationales pour qui ce festival représente 70 % de leurs chiffres d’affaires. C’est la porte de lancement des grands films en route pour une fructueuse destinée commerciale ainsi que des Oscars et d’autres distinctions.
Aussi, c’est toute l’industrie cinématographique qui croise les doigts pour la défaite bientôt de ce virus qui enraye tout l’engrenage, organise la désolation et la faillite de ses animateurs en cette une période complètement hors-norme.
Source : L’ESSOR