Dans le cadre de la construction de la régionale des archives de Kayes, prévue en 2022, le directeur national des archives du Mali (DNAM), Sékou Diabaté, accompagné d’une forte délégation a effectué une visite dans la Cité des Rails du 2 au 4 septembre. La délégation, qui s’est rendue sur les ruines de la préfecture et de la sous-préfecture, a pu constater et mesurer l’ampleur de l’incendie qui a ravagé, le 13 mai dernier, les bureaux du préfet et de ses adjoints et les archives de la capitale de la 1ère région administrative du Mali.
«Nous sommes venus à Kayes pour voir les archives incendiées. Il s’agit, pour nous, de récupérer ce qui peut l’être, d’aider la préfecture dans la formation d’archivistes. Nous travaillons, également, sur la numérisation des dossiers page par page», a expliqué Sékou Diabaté.
Après avoir eu une séance de travail avec le préfet du Cercle de Kayes, Bernard Coulibaly, les membres de la délégation de la DNAM se sont rendus dans les anciens locaux de la préfecture et de la sous-préfecture, tous situés au cœur de la ville. Ils ont été ébahis de constater que les bâtiments sont en ruines et que des documents sont en grande partie consumés.
Dans le lot, on retrouve des archives qui datent de 1896, des cartes NINA (Numéro d’identification nationale), des actes administratifs et judiciaires, entre autres.
Les papiers étaient éparpillés à terre et pour visiter l’intérieur des bureaux, la délégation s’est vue contrainte de marcher sur des amas de papiers. Ces bureaux contenaient 300 mètres linéaires (mesure des archives) de documents.
Le premier responsable de la DNAM et sa délégation ont, ensuite rencontré le gouverneur, l’inspecteur général de police Mahamadou Zoumana Sidibé, avant de visiter la salle des archives. Là aussi, c’est le même spectacle de désolation qui attendait les visiteurs, certains documents étaient détruits par les eaux de pluie. Mais à la différence de la préfecture, ici beaucoup de documents ont pu être sauvés et sont en bon état.
Le seul problème à ce niveau, ce sont les conditions de conservation des archives qui doivent être améliorées, comme le souligneront les agents qui se trouvaient sur place. Aussi, le bâtiment a besoin de travaux de rénovation pour une sécurisation des archives.
La DNAM souhaite obtenir une parcelle de 1ha 200 pour construire le siège de sa direction régionale, dont le coût est estimé à plus de 403 millions de Fcfa.
Elle mise sur le Budget spécial d’investissement (BSI) pour le financement de ce projet. D’après Sékou Diabaté, le processus de création et de construction de cette direction régionale sera engagé si ses services parviennent à obtenir les documents de la parcelle avant fin mars 2021. Le gouverneur de la région a promis de saisir les services compétents pour trouver une parcelle pouvant abriter la future direction régionale des archives.
La préfecture, la sous-préfecture et le gouvernorat de Kayes sont considérés comme les temples des archivistes maliens. En plus des archives de la 1ère région administrative du pays, on y retrouve également des documents, comme le plan du Palais de Koulouba, datant de l’époque coloniale et qui retracent l’histoire de l’ancienne colonie française du Soudan, devenu le Mali. Beaucoup de chercheurs, notamment des étrangers, consultent fréquemment les archives du gouvernorat et de la préfecture de Kayes.
L’incendie de la préfecture et de la sous-préfecture, le 13 mai 2020, était consécutif aux manifestations des populations de Kayes contre la mort d’un jeune motocycliste, Seyba Tamboura (17 ans) survenue dans la nuit du 11 au 12 mai.
Deux autres jeunes, Kalifa Kané (30 ans) et Bakary Traoré (12 ans) ont, aussi, trouvé la mort lors de ces troubles. C’était la deuxième fois que des manifestants s’en prennaient aux bureaux de l’administration dans la Région de Kayes. En 2018, des jeunes avaient saccagé les locaux du Cercle de Kéniéba qui abritent aussi des archives très anciennes.
Bandé Moussa SISSOKO
Amap-Kayes
Source : L’ESSOR