Cela fait environ une dizaine de jours que les activistes Bouba Fané et Abdoul Niang ont été condamnés à deux ans de prison ferme par le Tribunal de la Commune V pour outrage à magistrat, suite à une plainte de deux syndicats de cette corporation. Les jeunes activistes, auxquels nous avons rendu visite pour nous enquérir de leur état d’esprit et de leurs conditions de détention. Ils présentent leurs excuses aux magistrats du Mali.
Les deux jeunes activistes Bouba Fané, président du Mouvement Mali Dambé en marche, et le chroniqueur radio, Abdoul Niang, purgent depuis près de 10 jours leur peine de deux ans de prison à la Maison centrale d’arrêt de Bamako. Il se trouve que les syndicats de magistrats, notamment le Sam et le Sylima, se sont sentis offensés par les interventions vidéo des deux activistes. Ainsi, au nom de leur corporation, les deux syndicats ont introduit une plainte au Tribunal de la Commune V contre eux pour outrage à magistrat.
Lors du procès, il y a dix jours environ, le Tribunal a eu la main lourde contre eux en les condamnant à deux ans de prison ferme. Cependant, selon plusieurs sources, beaucoup d’avocats auraient fui leur dossier. Ainsi, la seule robe noire qui aurait accepté de défendre leur dossier n’a pu obtenir le rapport pour prendre connaissance du fond de l’affaire. Malgré tout, les accusés, à en croire nos sources, semblent ne pas tenir compte de ces détails et veulent obtenir la clémence des magistrats. “Ils ont présenté à qui de droit leurs excuses, à tous les magistrats du Mali par rapport aux propos qu’ils ont tenus sur les réseaux sociaux. Et au-delà des magistrats, ces mêmes excuses s’adressent également à tous ceux qui se sont sentis offensés par leurs propos y compris le Ministre”, nous a rapporté une source bien informée, avant que ces propos ne soient confirmés par les intéressés eux-mêmes, lorsque nous leur avons rendu visite en prison. “C’est vrai que nous avons adressé nos excuses aux magistrats, nous pensons que c’est juste une incompréhension. Nos propos n’étaient pas dans l’optique de les dénigrer et de les insulter. Nous sommes des sujets de droit et ne pouvons en aucune manière jeter en pâture cette corporation que nous respectons beaucoup”, a confirmé Abdoul Niang. Lequel, faut-il le rappeler, a été conduit en prison au lendemain de son retour de la Tunisie où il a suivi une opération à l’œil. Même son de cloche chez Bouba Fané qui a estimé que son association Mouvement Mali Dambé en marche a été créée juste pour combattre les dérives comme les insultes sur les réseaux sociaux et appeler au respect des valeurs éthiques. “Mon combat est connu de tous, c’était juste pour demander à la justice de faire la lumière sur le vocal du 5 avril où un activiste avait évoqué un possible coup d’Etat à la suite d’une marche. Cependant, je n’ai aucune dent contre cette corporation et j’ai eu à le dire dans mes vidéos. Pour preuve, même le jour du procès, j’ai présenté mes excuses aux magistrats. Des excuses que je réitère encore car j’ai un profond respect pour les juges et les deux syndicats en question”, nous a confié Bouba Fané au cours de cette visite.
En tout cas, en présentant leurs excuses aux magistrats et de façon écrite, même s’ils font appel de cette condamnation, il est fort à parier que ces deux corporations pourront assouplir leur position, surtout que beaucoup de personnes (religieux, organisations de la société civile) sont mises à contribution pour demander la clémence des plaignants.
Kassoum THERA
Source: Aujourd’hui Mali