Il s’agissait de rédiger une réponse détaillée à la question suivante : outils majeurs de socialisation pendant le confinement, comment les réseaux sociaux menacent-ils notre vie privée ?

La méthode et le corrigé

Cet exercice s’adresse plus particulièrement aux élèves de première en spécialité histoire, géographie, géopolitique et sciences politiques (HGGSP) qui peuvent s’appuyer sur le thème 4, “S’informer : un regard critique sur les sources et les modes de communication”.

Comme nous l’avons vu dans une précédente Lettre de l’éduc consacrée à la méthodologie, dans une réponse organisée, il faut toujours commencer par justifier le sujet posé et montrer son intérêt.

Ici, la question est pertinente, car, pendant ces semaines de confinement imposées par la crise du Covid-19, les réseaux sociaux sont devenus pour beaucoup, et en premier lieu pour les jeunes, l’unique source de socialisation.

Or, depuis 2018 et le scandale Cambridge Analytica, beaucoup d’utilisateurs ont cherché à quitter Facebook. De même, la crise du coronavirus a clairement accéléré dans de nombreuses démocraties des pratiques de surveillance que des pays comme la Chine ont déjà mises en œuvre.

Pour toujours liés à Facebook ?

La première vidéo publiée sur le site de Courrier international a été réalisée par Kevin Roose, chroniqueur du New York Times spécialisé dans les nouvelles technologies. Il explique que, malgré la vague de désinscriptions qu’a connue Facebook (avec le hashtag #DeleteFacebook), il reste très dur d’échapper à ce réseau social.

Il rappelle notamment qu’en se désinscrivant de Facebook les utilisateurs perdent dans le même temps l’accès à toutes les applications liées. En effet, le réseau social permet de se connecter à de nombreuses applications, comme TripAdvisor ou Spotify, et beaucoup d’utilisateurs utilisent leur identifiant Facebook pour s’y connecter.

En se désabonnant, ils prennent le risque de perdre l’accès à tous ces autres comptes liés. Le réseau social de Mark Zuckerberg a ainsi réussi à créer une dépendance dont il devient difficile de s’affranchir.

Le journaliste Kevin Roose montre aussi que Facebook peut continuer à tracer votre activité sur Internet même si vous avez effacé votre compte et même si vous n’en avez jamais créé. En effet, vos amis peuvent avoir permis à Facebook d’avoir accès à leurs carnets d’adresses et fourni ainsi au réseau social nombre d’informations sur des tiers (nom, adresse, numéro de téléphone, etc.).

Même si Facebook a perdu 1,3 % d’utilisateurs en 2019 en France, il reste encore le réseau social le plus utilisé au monde avec 2,6 milliards d’utilisateurs actifs au premier trimestre 2020.

Malgré les critiques, Facebook est toujours l’un des outils majeurs de la socialisation sur Internet, mais la collecte des données (aussi appelées “big data”) qu’il pratique fait peut-être également de lui le plus vaste réseau d’espionnage en ligne au monde.

La Chine à la pointe de la surveillance numérique

La seconde vidéo a été réalisée pour Courrier international par Julia Capuano, une étudiante de la section graphisme motion design de l’école des Gobelins.

Elle s’appuie sur un article de Lee Yun-yan, publié en 2018 dans le mensuel hongkongais Hong Kong Economic Journal Monthly.

Cette vidéo revient sur le “crédit social”, un système de notation mis en place par le gouvernement chinois. Le but de ce programme est de créer à terme une “société de l’intégrité”.

Chaque individu se voit ainsi attribuer une note en fonction de ses antécédents bancaires, de son comportement social et de ses interventions sur les réseaux sociaux.

Pour l’instant, ce système de notation n’est pas encore uniformisé à l’échelle du pays, mais il est expérimenté dans plusieurs villes chinoises. Les données sont collectées grâce aux milliers de caméras de surveillance, mais aussi grâce à la complicité des entreprises qui fournissent au gouvernement les informations nécessaires sur leurs clients et leurs employés (découverts bancaires, retard au travail, etc.)

Un citoyen dont la note est trop mauvaise se voit alors privé de certaines libertés, et son identité est diffusée en ville afin de servir d’exemple. Avec ce programme de surveillance, la réalité a rejoint la fiction. Dès 2016, dans l’épisode “Nosedive”, la série dystopique Black Mirror prédisait en effet un avenir dans lequel les citoyens seraient notés en fonction de leur comportement.

La pandémie a-t-elle accentué la surveillance des individus ?

À la faveur de la crise du Covid-19, qui touche le monde entier depuis janvier 2020, on assiste à une réelle accélération de la surveillance via les réseaux sociaux.

Tout d’abord, l’usage de ces réseaux s’est fortement intensifié avec les mesures de confinement imposées par les gouvernements de très nombreux pays.

Ils ont en effet permis de maintenir un lien social et d’inventer de nouvelles formes de sociabilité (les apéros confinés). Ils ont également permis à de nombreuses personnes de poursuivre leur activité professionnelle (visioconférence par Zoom, par exemple).

Or, comme nous venons de le voir, ces réseaux sociaux collectent énormément de données sur leurs utilisateurs, et ces données peuvent permettre aux gouvernements d’espionner les individus.

Les motivations invoquées par les régimes autoritaires comme par les démocraties concernent en général l’intérêt collectif : que ce soit pour assurer la tranquillité des citoyens ou la sécurité sanitaire. On peut alors se demander si la pandémie de 2020 n’est pas un tournant majeur qui menace nos vies privées.

Nouvel exercice

Pour la semaine prochaine, nous continuons à nous intéresser aux comportements des internautes confinés pendant la crise du Covid-19.

Il s’agit de lire l’article suivant et de lister les facteurs qui expliquent le succès des groupes extrémistes aux États-Unis et leur écho sur les réseaux sociaux.

Cet exercice s’adresse particulièrement aux élèves de classe de première en spécialité histoire, géographie, géopolitique et sciences politiques (HGGSP).

Bon courage !

Benjamin Daubeuf
Source: https://www.courrierinternational.com/