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Colonel-major Ismaël Wagué, ministre de la réconciliation nationale : « le processus de réconciliation est lent mais il se poursuit, car les populations en ont marre de cette crise qui ne finit pas de finir»

On ne le voit plus, on ne l’entend plus. Ni à la télévision, ni à la radio nationales. L’ancien porte-parole de la junte militaire, qui a met fin au règne d’IBK, se fait discret. Très discret. Trop discret.
Dans cet entretien exclusif qu’il nous a accordé, le week-end dernier, dans un endroit tout aussi discret de notre capitale, il revient sur les raisons de son silence ; mais aussi, sur le processus de réconciliation nationale en cours dans notre pays. Interview. Sans concession.

 

Bonjour Mr le ministre

Bonjour Le Mollah, comment allez-vous ?

Je vais bien par la grâce de Dieu. On ne vous voit plus à la télévision, on ne vous entend plus à la radio. Du moins, très rarement, depuis près d’un mois. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

Il n’y a rien. Absolument, rien. Sauf que j’ai tiré leçon du fait que, il y a un an environ, ma vie privée a été jetée en pâture par certains médias, y compris les réseaux sociaux. Ce geste m’a, profondément, indigné. Et indigné ma famille et mes proches. Depuis, j’ai décidé de faire mon travail tout en restant discret.

On ne vous voit même plus faire des déclarations à la radio ou à la télévision nationales. Ce qui est la moindre des choses, non ?

Nous le faisons dans notre département ; mais autrement. Pour moi, l’essentiel c’est de bien faire notre travail.

Avez-vous une dent contre les médias ?

Pas envers tous les médias. La preuve : vous le seul journal, pour ne pas dire l’unique média, auquel j’ai accordé une interview depuis plus d’un an.

Donc, les scribouillards du Canard déchaîné ne font pas partie des « journalistes sardinards » ?

Je crois avoir, déjà, répondu à cette question.

Mr le ministre, où en est-on avec le processus de réconciliation ?

Le processus est lent, compte tenu de plusieurs facteurs ; mais il se poursuit, car les populations, elles-mêmes, en ont marre de cette crise, qui ne finit pas de finir.

Que vous disent les populations, quand vous parlez avec elles ?

Qu’elles soient du Nord, du Sud, de l’Est ou de l’Ouest, elles n’aspirent qu’à vivre en paix, dans leur pays.

Vous avez évoqué, tantôt, les facteurs qui ralentissent le processus de réconciliation nationale. Pouvez-vous nous en citer un ?

Bien sûr ! Par exemple, la mauvaise foi de certains acteurs, qui ne veulent pas de la paix, ni de la réconciliation. Parce que cela n’arrange pas leurs affaires. Car, ils vivent, confortablement, de cette situation de ni guerre, ni paix.

Pouvez-vous nous citer quelques noms ?

Pas la peine ! Ils sont connus de tous, même de la communauté internationale.

Alors, notre pays va-t-il rester ainsi ? Et pour combien de temps encore ?

Même si c’est lent, les lignes bougent sur les fronts de la paix et de la réconciliation nationale. Ceux qui se croyaient tout permis dans notre pays, hier, commencent à comprendre que leur position n’est pas tenable. Ils commencent, d’ailleurs, à assouplir leur position.

Pourquoi, selon vous ?

Parce que les Maliens, dans leur écrasante majorité, ont compris le fond de cette crise que vit notre pays depuis une décennie.

C’est ce qui explique, selon vous, leur prise de position de position par rapport à certaines décisions du gouvernement.

Bien sûr ! Quand nos concitoyens jugent certaines décisions du gouvernement contraires à leurs aspirations, ils manifestent leur désapprobation à travers des marches de protestation. Contrairement à l’ancien régime, le président de la transition, SEM Assimi Goïta a fait la promesse à ses concitoyens de les laisser s’exprimer. Librement. C’est tout cela qui explique les avancées enregistrées dans le processus de paix et de réconciliation nationale.

Etes-vous pour ou contre la prorogation de la transition ?

Il ne revient ni à nous, acteurs de la transition, ni à la communauté internationale d’en décider ; mais aux Maliens, censés savoir ce qui est bon ou mauvais pour leur pays.

Propos recueillis par Le Mollah Omar 

Source : Canard Déchaine

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