«Les hommes obéissent bien mieux à la nécessité qu’à des paroles, à des châtiments qu’à des représentations. La loi seule a le pouvoir de les contraindre. On prend en aversion les hommes lorsqu’ils contredisent les passions, mais on ne hait point la loi.»(Aristote).
La saison pluvieuse est encore là comme à l’accoutumée. Cette saison est pour le moins souhaitable et indispensable à la survie et au développement des populations du Mali. Comme on le dit souvent, l’eau c’est la vie et la nature nous la gratifie en abondance pratiquement chaque année et surtout pendant la saison hivernale.
L’agriculture, l’élevage la pêche en sont particulièrement tributaires. C’est aussi cette saison des pluies qui met un terme (ne serait-ce que momentanément) à la canicule qui étouffe pour une large part du temps les populations maliennes et donc aussi les Bamakois. La saison pluvieuse apporte sa grande part de verdure, de végétation et donc de quantité d’oxygène suffisante pour la bonne respiration. Disons simplement bienvenu à la saison des pluies chez nous !
Pour autant, cette même saison constitue indiscutablement un moment de calvaire pour les populations maliennes et pour les usagers de la route notamment ceux du district de Bamako. Dès que la pluie s’annonce, c’est la peur au ventre pour les populations démunies, non sans raison: la plupart des habitats notamment des quartiers populeux sont en banco avec des toitures délabrées, vieilles qui laissent chuinter des gouttes d’eau de pluie. Dès que de fortes pluies s’abattent sur la capitale Bamako, on assiste à l’éboulement de maisons entières surtout celles qui sont en banco.
Partout dans la capitale, les populations se battent contre les inondations, les débordements de rivières qui sillonnent notre capitale qu’il est difficile de qualifier de belle tellement les constructions anarchiques se partagent les coins et recoins de la ville jusque dans le lit des marigots. Mais il ne peut en être autrement lorsqu’on sait que les maires ont fini de vendre toute les terres jusqu’aux endroits réservés pour le passage de l’eau, les points verts et les terrains de foot pour les enfants. Et qui dit que ces maires ne sont pas complices et même responsables de l’occupation du lit des cours d’eau qui se partagent la capitale !
Il n’est pas rare de voir à Bamako la même parcelle de terre attribuée à plusieurs acquéreurs, faisant ainsi des terrains d’habitation des sources de conflits aux contours tout aussi nébuleux que ceux des responsables municipaux qui se rendent coupables de ces forfaitures ignobles. Ne parlons pas de ceux des citoyens démunis qui se voient expropriés des parcelles qu’ils occupent depuis des dizaines d’années et cela au nom de la toute puissance des maires et donc de l’argent sale, mal acquis. Tout le monde sait aujourd’hui que les populations démunies vivent dans leur chair et dans leur conscience les affres de la gestion calamiteuse de leur vie par des élus peu crédibles et de basse moralité. C’est ce qu’on appelle honteusement la démocratie animée par des ‘’démocrates’’ !
Après chaque forte pluie à Bamako, ce sont les truelles, les pioches, les pelles, les barramines, les ânes qui entrent en action, qui pour creuser de petits passages de l’eau, qui pour refaire les coins de maisons ou de clôtures qui ont cédé devant la furie de l’eau. Mais peut-il en être autrement quand on sait que dans les quartiers comme Daoudabougou, Sabalibougou, Torokorobougou, Bacodjicori, Niamakoro, Faladié- Socoro, Banankabougou (pour rester en Communes V et VI du district de Bamako), il n’y a pas de caniveaux pour l’écoulement des eaux de pluie. Là où il en existe, ils sont tout simplement bouchés par le sable, les ordures ménagères, la ferraille de vieux véhicules hors d’usage. C’est dire que les inondations n’ont pour responsables que les élus municipaux, les populations.
Et qui dit que la mairie centrale n’a pas sa grosse part de responsabilité parce que ne sanctionnant pas les maires des Communes pour leur immobilisme et leur indifférence notoire face à cette calamité naturelle entretenue par l’homme ! Il n’y a pas la moindre bonne route à Bamako, faute d’entretien des goudrons et des caniveaux existants. Partout, c’est la désolation. Tout se passe comme si les maires se rendent dans leur mairie par les airs.
En tout cas, aucun responsable municipal animé du moindre sens de responsabilité ne peut circuler à Bamako sans avoir mal à la conscience. Cela se passe de tout commentaire quand on sait que le ministère des Transports possède des fonds de souveraineté et reçoit des impôts, taxes et cotisations pour le besoin de la cause.
Les vignettes d’engins à deux et quatre roues s’achètent comme de petits pains à chaque fin d’année. Mais curieusement, l’état des routes à Bamako n’en reflète nullement la moindre retombée. Il faut dire que les populations sont lasses de cette frauduleuse injustice aux odeurs désagréables. Il suffit de prendre la route de la Tour d’Afrique d’ouest vers l’est pour se sentir insulté par le mépris des élus pour leurs populations qui ne savent plus où donner de la tête.
Même les morts sont frappés par le désastre causé par les eaux de pluie et sous la seule responsabilité des hommes. Tenez ! Les cimetières de Niaréla et de Sotuba sont aujourd’hui submergés, des intouchables ayant construit juste sur le point de passage de l’eau. Il a fallu que l’on se serve d’une pompe pour tirer l’eau du cimetière de Sotuba. Cette pompe n’ayant pu libérer ledit cimetière inondé, l’on a cassé une partie du mur pour évacuer l’eau. Quel drôle de pays !
Ceux qui brûlent des pneus sur les goudrons ne sont pas classables. En mettant le feu aux pneus sur les routes sur lesquelles ils circulent eux-mêmes, leur attitude est tout au moins injustifiable par quelque raison que ce soit !
Pour autant, lors des joutes électorales, les candidats à la recherche d’intérêts mafieux et sordides n’hésitent pas un seul instant à dire qu’ils sont au service de ces pauvres populations. Il est temps d’exiger de nos élus qu’ils disent où va l’argent alloué au budget des transports au Mali.
Circuler à Bamako est aujourd’hui plus difficile que le parcours du combattant. La conséquence qui s’en suit tous les jours se résume dans les accidents de circulation routière. Pour s’en préserver autant que possible, il faut éviter les goudrons manifestement abimés par les eaux de pluie, l’absence et ou le manque d’entretien des caniveaux existants.
Partout, à chaque pas se trouve un trou qu’il faut chercher à éviter. Surtout quand les eaux inondent ces routes, c’est le calvaire ineffable pour les usagers de la route.
Le Mali a la meilleure politique d’urbanisation et de construction des routes sur papier. Mais au niveau de la viabilité pratique, nous sommes à la traîne de presque de toute l’Afrique. Parce que les ‘’démocrates’’ mafieux n’ont que faire du mieux être des populations qui les paient avec leur sueur. Que fait donc le ministère des Transports notamment l’Agence de gestion et d’entretien des routes (AGEROUTE) pour laisser choir éternellement les contribuables maliens dans ces états désastreux qui constituent le lot quotidien de leur existence ?
Au regard de cette imbrication de fautes, des comptes doivent être demandés à ceux qui gèrent les fonds alloués à l’entretien régulier des routes, au curage régulier des caniveaux existants et au creusement de nouveaux à travers la ville de Bamako. C’est ce qu’on appelle servir le Mali ! La loi doit s’appliquer si les décences morale et politique sont jetées à la poubelle par des hommes et des femmes connus pour leur cupidité et leur sens élevé de la défense d’intérêts privés aux dépens de ceux de l’ensemble. C’est bien ce que disait un philosophe de l’antiquité en la personne d’Aristote.
Lisons: « Les hommes obéissent bien mieux à la nécessité qu’à des paroles, à des châtiments qu’à des représentations. La loi seule a le pouvoir de les contraindre. On prend en aversion les hommes lorsqu’ils contredisent les passions, mais on ne hait point la loi.»
Les Maliens sont fatigués des tribulations politiciennes. Il est temps de bien les servir et alors grand temps !
Fodé KEITA
Source : l inter de Bamako