Le comité de suivi de l’Accord dit d’Alger (CSA) s’est réuni récemment après cinq mois de suspension. Au terme de ses travaux, il a été convenu que les FAMas reconstituées entreront à Kidal et dans les autres régions du Nord du Mali d’ici fin janvier prochain. Mais doit – on se contenter d’un retour dans la capitale des Ifoghas tenue jusqu’ici par les ex- rebelles, connus pour leur versatilité, sans aucune appréhension ?
Charles Gave, économiste et essayiste français, en homme averti, invitait le 15 janvier dernier à avoir en toute circonstance » l’intelligence de la situation « . Cette idée nous inspire par rapport à la nouvelle donne à Kidal, à savoir le retour de l’armée reconstituée, de l’administration et des services de base, entre autres.
Rappelons que Kidal a été, jusque-là, une enclave au sein du Mali par la seule volonté de la France. Grâce à l’intelligence retrouvée des protagonistes, il revient donc progressivement dans le giron malien :
– Intelligence des chefs de guerre, du MNLA, du HCUA et du MAA, repus et fatigués de » la situation de ni paix, ni guerre » qui prévalait depuis 6 ans et qui ont fini par clamer leur appartenance à la mère patrie. L’intermède n’ayant été possible qu’avec l’intrusion de la force Serval dans le bourbier sahélo- saharien dont les motifs réels sont diversement appréciés, selon qu’on s’en tienne aux dernières explications de Macron à Pau ou à celles des activistes maliens.
– Intelligence de la part de la diplomatie malienne qui a alterné le bâton et la carotte. Le bâton quand les symboles de l’Etat ont été bafoués ou chahutés, elle a rappelé à l’ordre, fait nouveau, jusques et y compris en tançant vertement le pseudo président de la CMA, Brahim Ould Sidy, puis, elle a renvoyé, après moult hésitations, semble- t- il, à ses pénates le diplomate aventurier des sables, Christophe Sivillon de la MINUSMA, après ses prises de paroles indélicates au congrès du MNLA, en oubliant toute réserve liée à son statut.
La carotte en se réunissant à nouveau avec les différentes forces du Nord au sein du CSA.
– Intelligence des acteurs du DNI qui ont donné l’occasion aux ex- rebelles de s’expliquer et de reprendre langue avec leurs frères, d’admettre qu’ils sont et restent Maliens et qu’ils sont fatigués de la situation à Kidal.
Le porte-parole de la CMA, Mosa Ag Attaher avait donné un avant-goût de la volonté de son Mouvement d’amorcer un retour dans le giron national » nous ne voulons plus d’indépendance. Nous sommes venus au dialogue parce que nous sommes Maliens. C’est un dialogue entre Maliens. A Kidal il n’y a que des Maliens. »
Cette déclaration de la CMA est intervenue au sujet du statut sans équivoque de Kidal en tant qu’entité malienne. » Je le dis et je le répète, nous ne voulons plus d’indépendance, nous voulons juste la paix et la stabilité « .
Nous pensons que de tels propos (de la CMA à la suite de ceux de Macron) ont apporté du baume au cœur des officiels maliens et levé plusieurs équivoques : sur le statut de Kidal, sur le retour des services de base de l’administration et de l’armée malienne rénovée, sur la constitution d’un front national commun de lutte contre le terrorisme et les trafics en tous genres qui prospéraient au Nord.
Mais il reste que personne ne doit se tirer la couverture, que tous songent à se mettre sous la bannière de » l’intelligence » dont on a vanté les mérites à maintes occasions dans nos colonnes.
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Source: l’Indépendant