«Ces sanctions restent floues en termes de notion de famille, de groupes d’individus et d’individus» Quelques jours après le Sommet extraordinaire de la Cédéao, dimanche 8 novembre 2021, sanctionné par des sanctions contre les autorités de la Transition au Mali, le coordonnateur du Baromètre, Cheick Oumar Soumano, nous a accordé une interview.
Aujourd’hui-Mali : Monsieur le coordonnateur, en tant que Doctorant en Relations Internationales et Diplomatie, quelle lecture faîtes-vous des sanctions infligées par la conférence des chefs d’Etats de la Cédéao aux dirigeants actuels de la Transition lors du dernier sommet extraordinaire ?
Cheick Oumar Soumano : Avant de répondre à votre question, je voudrais, d’entrée de jeu, conseiller à nos autorités de ne pas entretenir un quelconque bras de fer avec la communauté internationale ; et je pense que le dernier communiqué du gouvernement s’inscrit dans cette dynamique.
Ceci étant, je pense que les sanctions, quelles que soient leurs formes, entraînent toujours des conséquences dans leur sillage. Et pour celles qui sont prises récemment à l’encontre des dirigeants de la Transition, de certains groupes et individus ainsi que leurs familles ne font pas exception à cette règle. Il faudra, comme le communiqué même du Gouvernement le mentionne, entreprendre le dialogue avec la Cédéao pour leur levée prochaine. On doit se réjouir quand-même que le type de sanctions que tout le peuple malien craignait “l’Embargo” notamment, ne soit prononcé. D’ailleurs, on peut même se poser la question de la légalité de ce type de sanctions.
Pour revenir aux sanctions énoncées à proprement parler, notons que c’est regrettable car elles affectent négativement notre diplomatie.
On ne comprend pas, l’embargo n’est pas légal, selon vous ?
On peut bien se poser la question de leur légalité effectivement. Personnellement, je n’ai vu, dans aucun texte de la Cédéao, l’embargo comme sanction, tout comme les sanctions ciblées d’ailleurs, c’est-à-dire celles énoncées lors du dernier sommet extraordinaire à l’encontre de nos autorités de la Transition. De mon point de vue, toutes les réflexions doivent porter sur cet aspect. Tout comme les sanctions restent floues en termes de notion de famille, de groupes d’individus et d’individus. Il est important de les préciser pour éviter des abus dans leur application.
Que conseillez-vous à nos autorités ?
D’abord, d’éviter tout bras de fer et de maintenir le dialogue. La diplomatie ne s’accommode aucunement de bras de fer, le dialogue doit être notre maître-mot. Il faut même féliciter le gouvernement pour avoir commencé cette nouvelle démarche.
De plus, je leur conseille la mise en place d’un cadre d’échanges d’experts en relations internationales, portées par la société civile qui fera des propositions. Le baromètre a déjà mis en place un cadre du genre, à travers son initiative “CREE-Mali” autrement dit, “Centre de Réflexion et d’Echange pour l’Emergence du Mali”. Une conférence-débat sera même organisée pour expliquer la mission de la Cédéao et les sanctions qui nous frappent. Il est important à ce stade de donner la bonne information et surtout d’éviter de mettre nos populations dans la posture de penser que la Cédéao est l’ennemi de notre pays.
Qu’est-ce que le baromètre a fait à son niveau en plus de ce que vous venez d’évoquer?
Le baromètre a eu à attribuer des distinctions d’abord à la Cédéao en janvier 2021, au médiateur de notre crise, le président Goodluck Jonathan, aux présidents du Ghana, du Burkina Faso de la Guinée Bissao et de la Côte d’Ivoire, pour le rôle ô combien important qu’ils ont joué en mai 2021 pour éviter la sanction la plus suprême à notre pays. Nous avons été reçus par les ambassadeurs du Ghana et du Burkina au Mali, où nous avons remercié ces personnalités pour leur soutien du Mali.
Je voudrais signaler, au passage, que le baromètre est un instrument de magnificence de bonnes actions et la catégorie personnalités étrangères a été créée spécialement le 22 Septembre pour prendre en charge la distinction des personnalités citées.
Votre mot de la fin ?
Je voudrais appeler tous les Maliens de parler le même langage et de sortir des clivages. On doit tous avoir à l’esprit le Mali et rien que le Mali. Notre pays traverse une très grave crise et chacun à son niveau doit travailler pour éviter le chaos.
Mes derniers mots sont des prières. Que Dieu Bénisse notre Maliba !
Réalisé par El Hadj A.B. HAIDARA
Source : Aujourd`hui-Mali