A la Chambres des Mines du Mali (CMM), tous les moyens sont bons pour le président pour siphonner les comptes. En plus des faux projets lui ayant apporté des sommes colossales, un compte parallèle reçoit de l’argent détourné. Des méthodes dignes du milieu.
Parler des “hauts faits” du président de la Chambres des Mines du Mali (CMM) Aboulaye Pona prendrait des années, tant, le président a fini par prendre la chambre pour son entreprise personnelle. Aujourd’hui, la CMM est à l’article de la mort, dans la grande indifférence de l’Etat.
La gestion patrimoniale et “cleptocratique” de la Chambre a été sans borne. Ainsi, un compte parallèle logé à la BMS-SA est l’arrière poche du premier responsable de la Chambre.
Pour une structure consulaire comme la CMM, l’ouverture d’un compte obéit à des règles précises : elle doit être autorisée par le ministère de l’Economie et des Finances. Le compte numéro 3255903001 de la BMS-SA est loin de satisfaire à ces exigences. Le seul compte bancaire légal et autorisé par la tutelle (ministère de l’Economie et des Finances) est la BIM-SA.
Le compte fictif dont il s’agit est un filon d’or pour M. Pona. Cependant, les uns et les autres s’interrogent sur le degré de complicité de l’agent du trésor qui doit normalement faire le gendarme. Ce système est mis en place pour sucer tranquillement le sang des miniers dont les centaines de millions de taxes partent indûment dans des poches personnelles.
Quels rôles jouent l’agent comptable Issa Dénon et le contrôleur financier, Mamadou Traoré, tous assermentés ? Ceux-ci ferment-ils les yeux sur le détournement d’importantes ressources d’argent par an dont la gestion leur est confiée par l’Etat ?
Pis encore, l’ignorance des services de contrôle de l’Etat paraît des plus déconcertantes. En effet, l’inspection des finances était passée à la Chambre des Mines du Mali en 2015. Le Contrôle général des services publics y a fait un tour en 2019. Tous ceux-ci n’ont rien vu de mauvais dans la déviance de la gestion des deniers publics.
Désormais, il incombe au Bureau du Vérificateur général connu ces derniers temps pour sa rigueur, de s’intéresser à ce dossier de la CMM. Il incombe aux autorités nationales de faire en sorte que cette structure hautement stratégique soit un modèle d’orthodoxie en matière de gestion financière. D’autres organismes juridictionnels comme l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (l’Oclei), le Pôle économique et financier de Bamako joueront pleinement leur rôle s’ils fouillent dans la gestion du président Abdoulaye Pona comme cela a été le cas de Bakary Togola, président de la Confédération des Sociétés des producteurs de coton en septembre 2019.
L’Etat, à travers le ministère des Mines et du Pétrole, doit prendre toutes ses responsabilités pour nettoyer les écuries d’Augias en balayant cette bande de malfrats qui se fait championne dans le détournement des deniers publics. Le président et son bureau mangent des deux mains surtout en cette période d’encaissement des ressources de la chambre constituées des taxes minières.
Abdrahamane Dicko