Les bidons sont transportés au moyen des charrettes ou au dos d’âne. Une activité très lucrative. En période de pénurie, un bidon d’eau de vingt litres se négocie entre 150 et 200 francs CFA. A la fin de la journée, les plus forts se retrouvent parfois avec 2000 francs CFA. Au bout de trente jours, certes on aura transpiré et dépensé beaucoup d’énergies, mais au finish, de quoi vivre et payer son loyer.
La plupart de ces vendeurs viennent des familles pauvres. Ils sont perceptibles du matin au soir dans presque toutes les rues de Bamako. On les reconnaît toujours à leurs bidons jaunes. Ils montent et descendent, courent et parcourent la ville en poussant péniblement leurs charrettes ou l’âne surchargé pour vendre la marchandise liquide.
Beaucoup de ces revendeurs s’approvisionnent en eau au niveau des bornes fontaines. En réalité, ce sont les difficultés de la SOMAGEP-SA (Entreprise Étatique de distribution d’eau) qui ont donné naissance à ce métier. Les robinets de la SOMAGEP-SA sont souvent à sec dans certains quartiers de la capitale.
En cette période de forte chaleur, la matière la plus recherchée est l’eau. En effet, l’eau est une source vitale qui permet de se désaltérer, et prendre une douche pour évacuer, rafraîchir le corps. Mais en période de canicule l’eau devient une denrée rare . Certaines familles se ravitaillent au niveau des puits collectifs, des rares robinets dans les familles et les forages.
Pendant cette période les habitants des quartiers populaires comme Titibougou, Moribabougou, Fombabougou, Souleymanbougou et tant d’autres sont confrontés à des pénuries d’eau. Dans la plupart de ces quartiers, des familles n’ont pas de robinet. Donc ils se ravitaillent en eau à travers les vendeurs de bidons d’eaux.
Issa, un jeune garçon de 20 ans exerce le métier de vendeur d’eau dans le quartier de Titibougou. Il explique qu’il se lève à 5 heures du matin pour nourrir son âne avant de se rendre au forage.
Le jeune homme commence par la famille de sa patronne, puisque cette dernière n’a pas de robinet. « Cela ne me dérange pas puisque sa famille constitue une grande partie de ma clientèle. Les membres peuvent acheter tous les 15 bidons d’eau et parfois plus même. Je travaille pour une dame. Les ânes, la charrette et les bidons lui appartiennent. Le matin je dois sortir très tôt pour être parmi les premiers car il y a une très longue file. On peut faire 1 heure parfois 2 heures à attendre le tour. En plus le robinet est très lent ».
Le bidon est vendu à 50 voire 100 FCFA l’unité. Dixit Issa qui affirme avoir souvent 2.000 francs CFA par jour ou parfois plus comme gain journalier. « A la fin de la journée je remets tout le gain à ma patronne. Je ne garde pas l’argent. Je suis payé à 15.000 FCFA par mois ».
Issa explique que la difficulté de son métier est le poids des bidons qu’il soulève à longueur de journée et le fait de passer toute la journée sous le soleil. Et maintenant il est obligé de rentrer tôt à la maison pour ne pas être confronté aux policiers.
Ce qui a impact sur son gain. Issa affirme que même avec cette pandémie les gens ne se méfient pas de lui car ses bidons sont propres. Arrivé, dans chaque famille il se lave les mains avant de donner de l’eau. L’apport des vendeurs d’eau est donc salutaire pour la population.
Aminata OUATTARA (Stagiaire)
Source: Bamakonews