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Business : l’Allemagne préférée à la France par les leaders d’opinion africains

Le Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN) a présenté son rapport annuel dans le cadre du Forum Afrique qui s’est tenu hier sur le thème : « Innovation, nouveaux modèles : le dynamisme des économies africaines ». Si l’attractivité du continent ne se dément pas, l’image de la France est altérée et l’Allemagne s’impose comme un nouveau modèle de réussite auprès des leaders d’opinion africains…

Vendredi 8 février 2019, le CIAN et le MOCI (Moniteur du Commerce International), en partenariat avec la Chambre Commerce et d’Industrie de Paris ont organisé le Forum Afrique 2019, qui a réuni plus de 1.000 invités. L’évènement fut l’occasion de présenter le rapport annuel du CIAN, co-réalisé et édité par le MOCI. Le Conseil français des investisseurs en Afrique rassemble aujourd’hui 180 entreprises, générant 80% du volume d’affaires entre la France et le continent pour un chiffre d’affaire cumulé évalué à 60 milliards d’euros.

Le CIAN a également révélé les résultats issus d’une enquête menée sur le continent en 2018 par l’Institut IMMAR R&C, auprès des leaders d’opinion africains et les résultats sont décevants pour l’hexagone… « En tant que Français chauvin, je suis déçu mais en tant qu’opérateur de terrain, je ne suis pas surpris » a déclaré Jean-Michel Huet, associé chez Bearing Point, invité à participer aux débats relatifs aux nouveaux modèles économiques sur le continent. L’innovation et le financement des transformations en Afrique étaient également inscrits à l’ordre du jour.
Parmi les invités de marque, Fatoumata Ba (Janngo), Stéphane Colliac (Euler Hermès), Thibault Flichy (Total), Eric Sabatier (Bureau Veritas) ou encore Bruno Mettling (Orange), Francisco de Musso (BGFI Bank), Stéphane Colin (AfricInvest Europe) avaient répondu présents.
Parallèlement aux conférences plénières, des tables-rondes, des ateliers de travail et des rendez-vous BtoB se sont tenus durant l’après-midi. Quelques 600 dirigeants étaient attendus, dont des cadres d’entreprises déjà présents en Afrique et d’autres, désireux d’y investir.

Forte progression des exportations françaises en Ethiopie

Les échanges entre la France et le continent ont atteint 48,1 milliards d’euros en 2017 (+5.41% comparé à 2016) selon les douanes françaises et l’hexagone a enregistré un excédent commercial de 2,8 milliards d’euros avec l’Afrique. Les importations africaines ont progressé de 12.59% pour s’établir à 22,6 milliards d’euros et les exportations se sont maintenues (-0.25%) après une chute de 11% en 2016 (25,4 milliards d’euros). Si au Maroc, les exportations françaises, sont désormais devancées par l’Espagne, le Maghreb reste le premier partenaire de la France au niveau des fournisseurs et des clients, tandis que la Côte d’Ivoire, l’Afrique du Sud et le Nigéria représentent les premiers partenaires de l’hexagone en Afrique subsaharienne. La France a bénéficié de la reprise du cours du pétrole (+23% en 2017) de fait, les importations en provenance des pays pétroliers se sont renforcées : +13.1% pour l’Algérie, +16.05% pour le Nigéria, + 173.25% pour la Libye, +223.79% pour la Guinée équatoriale. Seules les importations de l’Angola reculent (-64%), un décrochage observé depuis 2014…
L’an dernier, les exportations françaises vers l’Ethiopie ont atteint des records, le pays gagnant 4 places pour devenir le 8ème client de la France, boosté par les industries aéronautique et pharmaceutique. Un résultat qui s’explique en partie par les ventes d’Airbus A350 à Ethiopian Airlines qui ont permis de développer les exportations aéronautiques françaises (611 millions d’euros en 2017). Parallèlement, les autres exportations ont plus que doublé depuis 2014 (de 101 millions d’euros en 2014 à 221 millions d’euros en 2017) avec des progressions significatives notamment dans les produits pharmaceutiques (+35 % soit 125 millions d’euros en 2017 contre 94,6 millions d’euros en 2016). La France a réalisé un excédent commercial de 791 millions d’euros avec l’Ethiopie en 2017 contre 38 millions d’euros en 2016.
« L’Afrique est le relais de croissance de la planète (…) Nous sommes dans une course contre la montre ! » a néanmoins averti Etienne Giros, président délégué du CIAN. En effet, malgré des indicateurs encourageants, la concurrence des acteurs internationaux se durcit et la France a perdu sa position de premier fournisseur du continent derrière l’Allemagne selon le rapport de la Coface de juin 2018.

Un optimisme mesuré sur le continent

Suite au baromètre issu d’une enquête de terrain menée en 2018 auprès des principaux leaders d’opinions en Afrique, menée dans 8 pays francophones auprès de 1.244 personnes, il apparaît que 56% des interrogés se disent confiants pour leur avenir avec un optimiste affirmé au Maroc et au Burkina Faso contrairement aux pays d’Afrique centrale, toujours aux prises avec une crise structurelle profonde… « Les leaders ne sont pas des afro-optimistes béa mais réalistes sur les progrès qui restent à faire sur leur continent, notamment en matière de gouvernance, de formation et de santé, tout en reconnaissant que les infrastructures et les technologies ont bien progressé» selon Etienne Giros (respectivement +55% et +73% sur les 5 dernières années, ndlr).
Absent du top 5 en Afrique centrale et au Maghreb, la France n’est présente qu’à la 5ème position des pays les mieux notés en Afrique de l’Ouest. « C’est un résultat un peu rude pour les Français, nous ne sommes pas très bien classés en terme d’image et de qualité de notre impact mais il y a des explications… Les élites africaines nous connaissent et qui aime bien, châtie bien ! Ensuite, on ne peut rayer le passé historique de la France. Par ailleurs, le Fcfa ou la présence militaire française ne peut être tenue à l’écart de la perception de ces élites… La douleur est lourde » admet Etienne Giros, avant de s’interroger : « Sommes-nous assez solidaires en Afrique ? Pugnaces ? Mettons-nous suffisamment nos réussites en avant ?»

Un constat que le président délégué du CIAN nuance toutefois par le fait que 50% des entreprises étrangères qui viennent spontanément à l’esprit des « leaders » Africains restent françaises (aucune pour la Chine et l’Allemagne, ndlr). En effet, Orange demeure la première entreprise internationale citée en matière de télécommunication (41%) loin devant MTN (14%), Air France au niveau aéronautique (22%) devant Ethiopian Airlines qui connaît toutefois un développement rapide et sans discontinu (13%). A noter que les banques africaines gagnent du terrain et devancent désormais les entreprises françaises : Ecobank (16%), Attijariwafa (15%) devant la Société Générale (12%), Bank of Africa (9%) et BNP-Paribas (6%). « Les banques françaises ont juste déserté le continent faisant le bonheur des banques africaines » a déclaré laconique Jean-Michel Huet pour expliquer le phénomène.

L’Allemagne plébiscitée par le continent

A ce jour, la France est le 3ème investisseur en Afrique avec 49 milliards de dollars (stock IDE entre 2011 et 2016) derrière les Etats-Unis (57Mds $) et le Royaume-Uni (55 milliards de dollars) et devant la Chine (40 milliards de dollars). Pourtant, c’est l’Allemagne qui se distingue cette année et qui caracole en tête des pays non-africains bénéficiant de la meilleure image sur le continent : 56% au Maghreb devant le Japon à 36% et la Turquie à 33% ; 46% en Afrique centrale devant la Chine 40% et les Etats-Unis à 35% et enfin, 33% en Afrique de l’Ouest derrière les Etats-Unis à 38% et la Chine à 49%. Ces résultats s’expliquent notamment par la « rigueur » de l’Allemagne et la réputation « qualitative » de ses produits, dans un contexte conjoncturel particulier : « Au moment où nous avons mené cette étude, Angela Merkel avait lancé son plan Compact with Africa de 25Mds€ vers l’Afrique et, l’année précédente, elle avait ouvert les frontières pour 1 million d’immigrés. Ces éléments ont marqué les esprits » précise E. Giros. « L’Allemagne n’a pas notre passé » a-t-il souligné.
Les Africains ont privilégié la « prime à la nouveauté » qui a également bénéficié aux partenaires asiatiques ou encore à la Turquie. « Les Européens interviennent sur la conditionnalité relative à la gouvernance, la lutte contre la corruption, la protection de la planète, etc., alors que la réussite de la Chine est vue à l’aune des résultats économiques uniquement »rappelle le président du CIAN qui explique par ailleurs, que le facteur sécuritaire associé à la France, a durement impacté son image : « On a basculé comme une force d’occupation »déclare celui qui milite aujourd’hui pour une politique européenne de l’Afrique. « Ca me semble indispensable pour unir nos forces et éviter les investissements stériles surtout quand on sait les montants énormes que l’Union Européenne (UE) met à disposition du développement du continent à travers le Fonds Européen de Développement (FED) qui dépense 30 milliards d’euros tous les 5 ans (…) la relation entre l’UE et l’Afrique doit s’orienter davantage vers les projets d’entreprises que vers les aides et les plans d’Etat.» Une approche qui rejoint celle du MEDEF International prônant le développement des relations commerciales entre acteurs privés.

Le baromètre du CIAN des leaders d’opinion ne présente que les résultats issus du monde francophone aussi, n’est-il pas « si » étonnant de n’y retrouver ni le Kenya ni l’Ethiopie en tête des pays africains plébiscités par les leaders d’opinion du continent. « C’est une perception, tout n’est pas toujours rationnel » modère Etienne Giros qui considère que les résultats de l’an prochain devraient évoluer sensiblement avec l’entrée de 3 nouvelles puissances africaines, cette fois-ci anglophones : le Nigéria, l’Ethiopie et le Kenya…
Afrique.latribune.fr

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