La sécurité coopérative déclinée en 17 points est l’une des tâches essentielles de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), au même titre que la dissuasion, la défense et la gestion des crises.
Les trois Etats ont ficelé la semaine dernière une alliance en vue de renforcer leur capacité effective de combat contre les groupes terroristes et de se protéger contre toute agression extérieure implicite ou explicite. La sécurité coopérative est l’une des tâches essentielles de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), au même titre que la dissuasion, la défense et la gestion des crises. Cette alliance militaire, comme d’autres à travers le monde, revêt l’avantage d’une planification commune pour la guerre, de relations stables entre alliés, de l’opportunité de créer des structures de commande, contrôle et information efficaces ; et de mécanismes convenus de prise de décisions. Ainsi, elle serait obligée de traiter une attaque contre les rebellions armés, voire un des Etats contractants comme s’il s’agissait d’une attaque contre tous. Donc, s’il y a une intervention au Niger, cela pourrait très rapidement devenir non pas la guerre du Niger, mais la guerre du Burkina Faso et celle du Mali dont les Forces armées et de défense comptent parmi les plus engagées, les plus agiles, les plus aptes au déploiement et les mieux en mesure d’intervenir. Au risque de se répéter, la charte poursuit le dessein clairement affiché “d’établir une architecture de défense collective et d’assistance mutuelle”. Elle prévoit ainsi dans son article 6 que “toute atteinte à la souveraineté et à l’intégrité du territoire d’une ou plusieurs parties contractantes sera considérée comme une agression contre les autres parties et engagera un devoir d’assistance et de secours de toutes les parties, de manière individuelle ou collective”.
Cela comprend notamment “l’emploi de la force armée pour rétablir et assurer la sécurité au sein de l’espace couvert par l’Alliance”. Un engagement du Mali, parties contractantes à se défendre entre eux. L’allusion est nette et directe, puisqu’elle fait référence aux menaces de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Une disposition tempérée par l’article5 stipulant malgré tout qu’une telle atteinte devrait toutefois dans l’idéal être réglée “en privilégiant les voies pacifiques et diplomatiques”, avant l’usage de la force.
Une saine horreur
Le Sahel est devenu l’épicentre de l’activité terroriste djihadiste, responsable d’une crise humanitaire accentuée par une crise alimentaire consécutive à de mauvaises et/ou pertes de récoltes à laquelle se greffe les problèmes d’approvisionnement en céréales de l’Ukraine et la hausse des prix. Le trio est régulièrement secoué par des raids meurtriers menés par des groupes terroristes attaques djihadistes régulières et meurtrières attribuées à des groupes djihadistes affiliés à l’organisation État islamique (EI) et à Al-Qaïda. Les actes de violence perpétrés ont fauché des milliers de vies dans les trois pays voisins et des centaines de milliers de déplacés fuyant leurs foyers.
Cette union n’a point surpris les observateurs politiques. Le Burkina Faso et le Mali éprouvaient une sainte horreur pour le président Mohamed Bazoum chassé du pouvoir en juillet à la faveur d’un coup d’état. L’ex-dirigeant nigérian s’est signalé à maintes reprises par ses diatribes contre les régimes militaires en place dans ces deux pays, au mépris des règles de civilité et pour donner des gages de fidélité à la France dont il a été l’un des plus proches alliés dans la sous-région. Ses coups d’épingle délibérés avaient fini par froisser ses deux voisins qui ont dès les premières heures de son éviction du pouvoir choisi de prendre faits et causes pour ses tombeurs.
Ci-gît le G5 Sahel
Ce rapprochement naissant s’est raffermi au fur et à mesure que la menace de la Cédéao fortement encouragée par la France s’est précisée. Ouagadougou et Bamako ont assimilé toute intervention militaire contre le Niger à une déclaration de guerre assortie de la menace d’un retrait pure et simple de cette organisation sous régionale.
En outre, la mise sur fonts baptismaux de cette union consacre la mort du G5 Sahel. Cette organisation a entendu les coups de varlope du menuisier des trépassés après le retrait tonitruant du Mali qui en était le fer de lance de par son apport financier, en hommes et en équipements. En mi-mai, les autorités maliennes, empêchées d’en assurer la présidence, ont décidé de se retirer du G5 Sahel et de sa force conjointe, une alliance militaire luttant contre les groupes djihadistes, invoquant une «perte d’autonomie» et «une instrumentalisation» au sein de l’organisation régionale formée avec la Mauritanie, le Tchad, le Burkina Faso et le Niger.
Cet acte ne jouera pas pour l’amélioration des relations entre le Niger et la Cédéao qui a invité prestement les autorités nigériennes à “restaurer l’ordre constitutionnel immédiatement” et de libérer le président nigérien déchu Mohamed Bazoum, menacé de poursuites pour “haute trahison” et toujours retenu prisonnier. Aussi, il ravive les tensions avec Paris. Aux lendemains des accusations nigériennes d’une “agression” prochaine de la France leur pays, le Burkina Faso n’a pas mâcher sa colère vendredi en décidant l’expulsion de l’attaché militaire de l’ambassade de France, accusée “d’activités subversives”. Autant dire que le principe de vases communicants fonctionne à merveille. La charte porte en effet le nom de la région du Liptako-Gourma, frontalière commune aux pays.
Fanfan
L’Informateur