Sur invitation de la Fondation HERE, le Haut conseil islamique du Mali (HCIM) a participé le 10 décembre 2020, à un plaidoyer pour l’adoption d’une loi sur les violences basées sur le genre, à Bamako. Cet atelier était placé sous le parrainage du ministère de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille. Quelques 10 jours après la tenue de cette rencontre, les responsables du HCIM sont en état d’alerte. En ligne de mire, certaines dispositions de l’avant-projet de loi jugées attentatoires aux textes sacrés ; notamment celles relatives l’héritage, à l’homosexualité, à excision.
Pour mettre en garde les initiateurs de cette loi, les responsables du Haut conseil islamique du Mali ont décidé, ce samedi 19 décembre 2020, de mettre en place une Commission de réflexion sur le texte en question. Cette Commission va examiner, article par article, l’avant-projet et dégager la position l’islam.
La cérémonie de mise en place de ladite Commission était présidée par LE Président du HCI, Ousmane Cherif Madani HAIDARA, en personne. C’était en présence du Mamadou DIAMOUTANI, secrétaire général du HCIM ; de la présidente de l’UNAFEM, Mme DIAKITE Kadia TOGOLA ; ainsi que plusieurs autres personnalités du Haut conseil islamique.
Au cours des Travaux, la présente déclaration a été lue par Mamadou DIAMOUTANI, secrétaire général du HCIM: ‘’Nous avons, au Haut conseil islamique du Mali, reçu le jeudi 10 décembre 2020 une invitation de la Fondation HERE, pour participer à un plaidoyer pour l’adoption d’une loi sur les violences basées sur le genre. Cet atelier était placé sous le parrainage du Ministre de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille. Au Haut conseil islamique du Mali, nous avons attaché beaucoup d’importance à cette invitation. Nous avons été représentés par deux personnes. Et nous avons reçu à l’issue de cet atelier le texte de l’avant-projet.
Nous avons décidé au niveau du Haut conseil islamique du Mali de mettre en place une Commission de réflexion sur le projet. Cette Commission va examiner, article par article, l’avant-projet et dégager la position de l’islam, comme nous l’avons fait exactement au sujet du Code de la famille, il y a de cela quelques années (2009).
Nous respectons au Haut conseil islamique, toutes les démarches qui concernent les femmes en matière de leur protection. Comme l’islam nous a recommandé, nous respectons les femmes comme notre religion nous l’a recommandé.
Mais au Haut conseil islamique, nous serons très attentifs par rapport à tout ce qui, au-delà de cette question, toute question qui va être incluse dans le projet et qui va au-delà de ces considérations. Donc, le moment venu, le Haut conseil islamique du Mali donnera sa position’’.
Selon certains intervenants, le présent avant-projet de loi présente beaucoup de similitudes avec le code de la famille qui avait été rejeté par la communauté musulmane du Mali en 2009.
Mais, ce qui inquiète davantage les responsables du HCIM, c’est la volonté des initiateurs de cette loi, notamment le Ministre de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, Mme Bintou Founé SAMAKE, de faire adopter le texte avant la fin de la transition.
A la suite de cette déclaration, le Chérif Ousmane Madani HAIDARA, a ajouté que ce n’est pas la première fois que HCIM donne son opinion sur cette question qui constitue une atteinte à l’islam. Par exemple le fait de fixer l’âge du mariage de la fille à 16 ans eu lieu des 18 ans réclamés par les organisations des droits de l’homme a fait l’objet de consensus par le passé. C’est pourquoi, il s’est dit surpris de voir que la question revienne à l’échelle du monde. Il a rappelé qu’une polémique pareille a éclaté en Tunisie suite à la volonté des autorités de mettre la fille et le garçon sur le même pied d’égalité en matière d’héritage.
Face à cette situation, il a estimé que le rôle des experts sera capital pour une réaction efficiente du HCIM sur cette question.
Toutefois, il a invité la communauté musulmane au calme et à la sérénité.
En tout cas, le HCIM, a-t-il fait savoir, reste sensible à toutes les questions relatives au respect des droits de la femme.
Le Chérif Ousmane Madani HAIDARA a insisté sur le fait que ce n’est qu’un avant-projet de loi. De ce fait, il a invité les organisations musulmanes à la retenue en attendant la fin des travaux de la Commission. «Si par la suite, nous constatons que les préoccupations de la communauté musulmane n’étaient pas prises en compte, nous allons prendre les décisions qui s’imposent», a-t-il averti.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : INFO-MATIN