La foire battait son plein lorsque les balles se sont abattues sur Moura. Dimanche 27 mars, les éleveurs des hameaux alentour étaient venus nombreux vendre des bêtes sur la place du marché de ce village du cercle de Djenné, dans le centre du Mali. Ils espéraient y gagner de quoi vivre. Ils y ont trouvé la mort sous les tirs de l’armée malienne et de ses supplétifs russes.
Pendant cinq jours de blocus, jusqu’au jeudi 31 mars, le village de Moura a vécu une campagne de terreur. Les premiers témoignages des rescapés dénoncent des exactions répétées : arrestations, pillages, vols, viols et exécutions sommaires. Des violences ayant entraîné la mort de centaines de personnes en cinq jours d’une «opération d’opportunité aéroterrestre de grande envergure», selon l’armée malienne, qui s’apparente à l’une des pires tueries de l’histoire récente du Mali.
L’assaut a été donné par les airs, avec au moins trois hélicoptères, dimanche 27 mars, à 11 heures précises. «Deux hélicoptères ont atterri dans le champ et la cour de ma maison à l’extérieur du village, raconte Seydou Bah (1), un habitant de Moura. Des blancs en sont sortis, ont pris place sur mon toit et ont ouvert le feu sur des hommes qui couraient.» Un troisième appareil survole le village et mitraille des fuyards à pied et à moto, tandis qu’une autre équipe de «soldats blancs» se précipite vers la place du marché où ils tirent de manière indiscriminée. «Tous les forains qui s’enfuyaient en panique se …Lire la suite sur liberation.fr